L’interview d'Anne-Marie Denis, présidente de la FDSEA
FDSEA 61 : " Nous avons la chance de continuer à travailler "
Voilà, c’en est fini pour 2020. Le moment est choisi pour faire le bilan d’une année qui restera dans les mémoires. Au-delà de la pandémie de la Covid-19, le syndicalisme local a été réactif afin que les agriculteurs assurent leur mission de produire pour nourrir. 2021 arrive avec son lot de dossiers. On fait le point.
Voilà, c’en est fini pour 2020. Le moment est choisi pour faire le bilan d’une année qui restera dans les mémoires. Au-delà de la pandémie de la Covid-19, le syndicalisme local a été réactif afin que les agriculteurs assurent leur mission de produire pour nourrir. 2021 arrive avec son lot de dossiers. On fait le point.
>> Quel est le bilan syndical de 2020 ?
L’année 2020 a été compliquée sur le plan syndical, bousculée par la pandémie de la Covid-19. Nous avons pris les choses en main dès le mois de mars. Nous avons été réactifs pour éviter que le confinement n’impacte la collecte des produits agricoles et la distribution par les fournisseurs. Nous avons été réactifs pour aider à la réouverture des marchés locaux, tout en respectant les consignes sanitaires. Nous avons appuyé les horticulteurs qui ont beaucoup souffert. Qu’ils soient adhérents à la FDSEA ou pas. Nous avons été attentifs à la bonne marche des travaux communs des agriculteurs, comme les ensilages. L’année 2020 a été difficile à gérer sur le plan climatique. Les agriculteurs, plus particulièrement dans l’est du département, ont subi des chutes de productions importantes, tant en céréales qu’en herbe. Dans notre métier, nous sommes souvent touchés par le changement climatique. Mais, même si à l’échelle nationale nous avons perdu 7 % de revenu, n’oublions pas que nous sommes loin d’être les plus touchés par la crise. Avec le temps, les agriculteurs commencent à être touchés par la morosité ambiante liée à la pandémie. Rappelons-nous que nous avons eu la chance de continuer à travailler, de ne pas avoir été enfermés. Restons solides.
>> Quels sont les sujets sur lesquels la FDSEA de l’Orne reste en veille active ?
La tuberculose bovine. Nous comptons beaucoup d’élevages en suspicion. Chez eux, la collecte du lait est difficile alors que les laiteries sont contractuellement obligées de prendre le lait. Nous restons aussi très actifs sur le dossier du Lilano. On espère obtenir des résultats rapides : nous souhaitons que les analyses pénalisantes auxquelles les éleveurs n’ont pas eu accès pendant la panne ne soient pas comptées. Les industriels risquent de gérer la situation au cas par cas. Nous avons alerté les agriculteurs sur les mutilations de chevaux, nous les encourageons à installer des caméras de chasse. Nous avons du mal à comprendre l’objectif de ces personnes. Nous ne pouvons que soutenir les victimes.
>> L’Orne compte beaucoup d’élevages allaitants. Or, ces ateliers peinent à boucler l’année 2020 …
On a l’impression que la valeur est mangée entre le producteur et le consommateur : par le marchand ? l’abattoir ? le transformateur ? la grande distribution ? En lait, les EGA ont apporté une plus-value. Mais le milieu de la viande a du mal à les mettre en marche. Nous sommes inquiets pour les producteurs de viande en Normandie, particulièrement pour l’avenir des producteurs de JB. S’ils disparaissent, on va être confronté à la problématique de la valorisation des veaux mâles dans les élevages laitiers. Nous attendons des réponses nationales.
>> 2020, année noire pour l’abattoir de Saint-Hilaire (50). La communauté d’agglomération Mont-Saint-Michel Normandie abandonne sa reprise en régie…
C’est une catastrophe locale, pas que pour la Manche. On compte beaucoup d’agriculteurs du bocage en vente directe qui se rendent à Saint-Hilaire. C’est toute une unité de transformation qui disparaît, c’est pénalisant pour notre profession.
>> Certains considèrent que la révision du Schéma directeur régional des exploitations agricoles (Sdrea) normand risque de faire passer l’installation au second plan, alors qu’il s’agit d’un enjeu prioritaire pour l’avenir agricole et alimentaire. Que leur répondez-vous ?
Le Sdrea est voté. Et, quoi qu’en disent les opposants, ils auraient dû le dire avant. Comme d’habitude, les jeunes agriculteurs restent prioritaires. Sauf dans certains cas exceptionnels de proximité immédiate. Le nouveau schéma directeur ouvrira quelques modifications sur le mode d’attribution des surfaces agricoles avec un système à points plus précis qu’auparavant, ce qui limitera le champ d’action de la CDOA. Il reste cependant important que la fréquence des commissions mensuelles soit maintenue pour que les conditions d’attributions des demandeurs soient équitables. Nous sommes en attente d’un nouveau planning de rencontres que nous voulons, j’insiste, mensuelles.
>> Quels sont les axes de travail prioritaires pour 2021 ?
Nous allons regarder de près comment va se décliner la séparation du conseil et de la vente. Nous allons travailler sur l’évolution des réglementations hors sol en porc et volailles. Des mises aux normes environnementales et de bien-être animal arrivent : nous allons suivre les dossiers pour les limiter, les reporter et gagner des délais complémentaires. Nous travaillerons aussi sur la PAC et sur l’alimentation. Nous allons reprendre contact avec les collectivités, les élus, les administrations pour préserver les changements d’habitudes des consommateurs observés à la suite du confinement. Un nouveau sujet arrive dans le département : la compensation collective. Celle-ci a pour but de limiter la consommation des terres agricoles ou de compenser financièrement l’impact sur l’agriculture par des projets collectifs. Enfin, nous travaillons à la relance syndicale. Un conseil départemental a été consacré à la thématique. Nous allons démarrer tout ça en début d’année, en même temps que les assemblées générales des minico et interco. Et, en parlant d’AG, j’espère que nous pourrons organiser celle de la fédé dans des conditions sanitaires satisfaisantes et en présentiel. C’est avec espoir et confiance que j’accueille l’année 2021, en l’imaginant plus sereine. Je vous souhaite une bonne année, qu’elle vous préserve et vous comble de tous vos souhaits, vous et tous ceux qui vous sont chers.