Foncier : apporteur de capitaux et de solutions
Le 1er mars prochain, Jean-Roger Gauvain sera officiellement agriculteur. S’il a mis la main au porte-monnaie en achetant 4 ha 92 et un bâtiment (future bergerie), rien n’aurait-été possible sans l’implication d’un apporteur de capitaux.
C’est l’histoire d’un magnifique manoir du XVIIe siècle blotti au sein d’un îlot d’une soixantaine d’hectares de prairies et de cultures situé à quelques kilomètres de La-Haye-du-Puits (50). L’histoire d’un agriculteur qui prend sa retraite sans repreneur et d’un propriétaire vendeur au plus vite de son bien. Le bâti, qui accuse le poids des ans, offre un gros potentiel mais la proximité immédiate de la stabulation ne favorise pas une vente en lots : manoir et dépendances d’un côté, bâtiments d’élevage, silos et foncier de l’autre.
Un condensé des métiers de la SAFER
“Pour nous, il n’était pas concevable de diviser l’ensemble, insiste Jean-Louis Delahaye, chef de service à la SAFER Basse-Normandie. Notre volonté était de trouver le financement et d’installer un jeune. Cette opération, au final, c’est un condensé des métiers de la SAFER, de la gestion temporaire d’une ferme à la mise à l’étrier d’un jeune en apportant une solution financière”.
Gestion temporaire ? Traduisez CMD. En attendant de trouver une solution pour l’ensemble, la SAFER, à travers une Convention de Mise à Disposition, à loué temporairement les parcelles à différentes agriculteurs du coin. Il n’aura guère fallu plus d’un an pour assembler les différentes pièces du puzzle.
Assembler le puzzle
C’est tout d’abord Jean-Roger, bac pro en poche et travaillant à l’extérieur, qui a manifesté sa volonté de s’installer “mais pas tout seul”, insiste-t-il. Ensuite, et parce que la SAFER travaille en amont, elle a déniché un apporteur de capitaux. Aucun lien avec l’agriculture mais une volonté de diversifier son capital à travers un investissement sans risque au rendement médian (environ 3,5 %).
Pour autant, la boucle n’était pas bouclée, l’apporteur de capitaux ne couvrant qu’une partie de l’investissement. C’est alors que Jean-Roger et chacun des membres du GAEC du Goutheau, qu’il va rejoindre après y avoir été stagiaire pendant 2 ans, vont assumer leur part de responsabilité en investissant à titre individuel. Mais le collectif va jouer aussi. La structure GAEC a elle-même investit en achetant le terrain sur lequel elle va construire, à terme, sa nouvelle stabulation. “C’est le projet de tout un groupe avec beaucoup de cohérence”, conclut Jean-Louis Delahaye.
Pour Jean-Roger, non pas un aboutissement mais le point de départ d’un projet de vie avec de nombreux challenges à relever au cours de ces 25 années de bail contractualisées. Une future bergerie, une activité touristique, l’intégration d’un autre jeune associé, le regroupement et la création d’un nouveau siège d’exploitation... Le travail ne manque pas. L’envie de construire et reconstruire non plus !