Grâce à la Sama : au secours des carottes
Les pluies abondantes rendent impossibles les récoltes et notamment celles des carottes. Dans la baie du Mont-Saint-Michel, les producteurs ont décidé de louer une automotrice Grimme Varitron 270 pour sauver leurs légumes.
Les pluies abondantes rendent impossibles les récoltes et notamment celles des carottes. Dans la baie du Mont-Saint-Michel, les producteurs ont décidé de louer une automotrice Grimme Varitron 270 pour sauver leurs légumes.
Il pleut. Il pleut sans cesse depuis décembre. Un vrai problème pour effectuer le travail dans les champs et notamment l’arrachage des carottes. « Nous n’arrivions pas à aller dans les parcelles depuis plusieurs semaines. Les tracteurs équipés coulaient, les terres sont gorgées d’eau. Nous avions des semaines de retard et nous risquions de perdre pas mal de production. En fin d’année, il nous en restait encore un tiers en terre ! Il fallait trouver une solution », explique Maxime Besnard. Le producteur, basé dans la baie du Mont-Saint-Michel, a alors eu l’idée de sortir l’artillerie lourde. Il avait repéré une récolteuse à pommes de terre, carottes… Ni une, ni deux, il se tourne vers son fournisseur de matériel agricole, la SAMA. La machine, louée à Grimme France, équipée d’une chenille et de deux grandes roues jumelées, œuvrait dans d’autres endroits (il y en a 5 autres de cette marque en France : 1 dans le Nord, 2 en Bretagne et 2 dans les Landes). Grâce à la CUMA des Polders composée des légumiers d’Agrial et du GPLM (Groupement des Producteurs de Légumes de la Manche), il a donc été décidé de louer cette automotrice Grimme Varitron 270 pour la tester dans ces conditions particulièrement difficiles et sur les sols très gras. Un gros risque financier pour les producteurs et cette CUMA puisqu’il y a des coûts élevés de transport et de location.
Des récoltes sauvées
Les réglages n’ont pas toujours été évidents. Mais la SAMA s’est acharnée. « L’automotrice était en effet réglée pour les pommes de terre et l’entreprise a dû reprendre tous les réglages pour qu’elle puisse récolter les carottes. » Les producteurs ne regrettent pas leur choix. La machine permet aujourd’hui de « récolter des carottes qui n’auraient pas pu l’être encore à l’heure actuelle et qui auraient fini par pourrir ! », explique Bernard Guillard, président de l’Organisation de producteurs (OP) légumes d’Agrial et vice-président de la coopérative.
Pouvant faire plusieurs produits (initialement la pomme de terre, mais également oignons et céleris), l’arracheuse de 17 mètres de long et de 25 tonnes a, cette fois, été réglée pour les carottes. Elle est équipée d’une effeuilleuse à l’avant, de doigts souleveurs pour prendre les racines sur 2 rangs et de 3 tapis avec des surfaces de nettoyage. « Le système de chenilles est très favorable. La machine équipée d’une trémie de 10 m3 permet le remplissage des remorques sur sol stabilisé. Nous avons vu que la machine travaillait où nos tracteurs s’enlisaient. La méthode de déterrage peut encore être améliorée, il faudrait faire quelques réglages, mais, dans l’ensemble, l’essai est très concluant surtout pour ce qui est du débit. Le temps d’arrachage est divisé par 3 de l’avis des producteurs. » L’automotrice passe donc sur plus d’une quinzaine d’exploitations depuis le 10 janvier. Elle « restera encore 4 ou 5 semaines », assure Bernard Guillard, « selon les pluies à venir, car la machine ne peut pas fonctionner sous les trombes d’eau ». Maxime Besnard lui gère le programme, aidé de deux autres producteurs, Bertrand Guerin et Stéphane Hubert. Il l’affirme, « une vraie solidarité s’est mise en place. Chacun amène sa remorque et aide à la tâche comme il peut ». Il ne faut pas perdre de temps pour pouvoir sauver les récoltes. Les conséquences pourraient être dramatiques. Selon lui, « si les carottes sont perdues, le chiffre d’affaires pour les producteurs dégringole. Et, il faut penser que derrière chaque légume, il y a tous les ateliers de triage, lavage et conditionnement. Sans récolte, les ouvriers de ces entreprises n’ont plus de travail ! Et les clients ne sont pas servis, au risque d’aller se fournir ailleurs, y compris pour le reste de la gamme des légumes. Toute la filière pourrait être fragilisée ! »
Investir ?
L’automotrice a fait de nombreux adeptes. Certains pensent à un achat. « Ce serait une bonne chose », affirment les producteurs qui ne peuvent l’envisager à titre individuel. « Elle servirait bien sûr tous les ans et pourrait récolter les pommes de terre, le céleri ou les carottes. L’argument principal est évidemment le débit de chantier. Pour un producteur, gagner du temps n’est pas négligeable ,» argument Maxime Besnard. Rappelons que dans la baie du Mont-Saint-Michel, 40 exploitants cultivent 80 000 t de légumes dont 25 000 de carottes. Et Maxime est audacieux. Pour récolter ses poireaux, il a aussi trouvé une solution. Cette fois, à titre individuel. Il a loué un tracteur sur chenille. « C’est également très satisfaisant. Il faut chercher des clés pérennes pour résoudre les problèmes que l’on rencontre. »