Hubert Courseaux : « intégrer le plus de produits locaux dans nos assiettes »
Hubert Courseaux est 1er vice-président du Conseil départemental du Calvados, président de la commission développement et solidarité du territoire. Il revient sur les actions du Département en faveur du monde agricole, validées par le vote du budget primitif les 4, 5 et 6 février.
Hubert Courseaux est 1er vice-président du Conseil départemental du Calvados, président de la commission développement et solidarité du territoire. Il revient sur les actions du Département en faveur du monde agricole, validées par le vote du budget primitif les 4, 5 et 6 février.
>> Dans son budget primitif, le département du Calvados a augmenté de 300 000 € l’aide aux agriculteurs. Le montant total s’élève à 700 000 €. Pourquoi cette augmentation et pour quoi faire ?
L’aide est essentiellement destinée à améliorer le quotidien des agriculteurs. Sur 305 dossiers, 161 de ce type ont été soutenus en 2018, notamment pour l’achat de détecteurs de chaleur, systèmes de vidéosurveillance et détecteurs de vêlage. Nous aidons également la contention. Nous contribuons à la qualité des élevages, par l’aide à l’achat de niches à veaux entre autres. Enfin, nous aidons ceux qui investissent pour les circuits courts (transformation de produits, serre, chambre froide ou chaude etc.). Fin mars, 65 % de l’enveloppe est déjà consommée. C’est pourquoi nous l’avons augmentée de 300 000 €.
>> Le Département lance un plan d’alimentation durable, quel est-il ?
Il apparaît à travers la campagne d’affiches Ici, on cultive le bien manger. Il s’agit de répondre, en partenariat avec la Chambre d’agriculture, à la loi Egalim [qui exige 50 % de produits locaux ou sous signe d’origine et de qualité dans la restauration publique à partir du 1er janvier 2022, ndlr]. Nous démarrons une étude spécifique dans l’une de nos intercommunalités pour évaluer la création d’une légumerie. Le but est d’intégrer les légumiers dans les circuits courts. Nous évaluerons ainsi les besoins d’investissement.
Un annuaire des producteurs va également être mis en place. Nous les sollicitons pour savoir s’ils seraient intéressés de livrer en restauration collective. Nous allons réaliser une étude de faisabilité et créer un point de collecte. Notre objectif est d’intégrer le plus de produits locaux dans les assiettes. Et nous voulons aller plus loin : revoir le cahier des charges des appels d’offres des collectivités locales mais aussi former les producteurs à répondre aux appels d’offres des marchés publics. Une expérimentation est menée dans les collèges et les Ehpad, dans lesquels nous formons les cuisiniers à cette nouvelle démarche d’achat. Nous voulons adopter une stratégie de labellisation, c’est important pour nous. A terme, nous nous retirerons de la plateforme Agrilocal qui ne répond pas à nos besoins.
>> Une nouvelle équipe a été élue à la tête de la Chambre d’agriculture ; un commentaire sur cette alternance ?
Nous travaillions très bien avec l’ancienne équipe. Notre idée, quand il y a des changements de gouvernance, est de bien comprendre et d’étudier les attentes. Par le passé, la nouvelle équipe a déjà participé, en tant que syndicat, à la réflexion sur la politique agricole départementale. Aujourd’hui, il nous faut définir des attentes claires et des actions.
>> Tuberculose bovine, PPA, mortalité des abeilles : comment le Département réagit-il face à ces risques sanitaires ?
Des lignes budgétaires sont prévues en plus des subventions. Nous aidons les éleveurs concernés par les tuberculinations à hauteur de 1€ par bovin. Le plus urgent est de trouver comment la tuberculose est arrivée dans le Calvados. Le nouveau cas découvert dans l’Est du département va possiblement étendre la zone de prophylaxie dans l’Eure. A la suite de cas découverts dans la Manche et dans l’Orne, nous allons opérer à l’échelle de la Normandie avec la Région qui nous a octroyé la responsabilité de cette prophylaxie.
Concernant la PPA, il est important d’anticiper. Je pense qu’un arrêté obligera l’an prochain la protection sanitaire des élevages porcins. En attendant, il s’agit de protéger les élevages en plein air par le biais de clôtures électriques, de sécuriser les allers et venues et d’éviter les animaux sauvages dans les silos. Nous sommes en cours de réflexion sur notre action. L’enveloppe n‘est pas encore fixée.
A propos des maladies qui déciment les abeilles, de nombreux apiculteurs sont amateurs. Il s’agit de les former pour repérer puis traiter les ruches atteintes par le varroa ou la loque américaine. Le département va financer ce programme à hauteur d’un équivalent temps plein pour accompagner le GDS en charge de cette lutte.
>> Jean-Léonce Dupont a annoncé le développement de la filière bois-énergie. De quoi s’agit-il ?
Dans un premier temps, nous valoriserons le foncier dont nous sommes propriétaires pour montrer l’exemple. La finalité est l’installation d’une chaudière à bois pour un bâtiment, mutualisée avec les collectivités locales. Nous envisageons d’intégrer le linéaire bocager que les agriculteurs exploitent. Nous sommes encore à la recherche du site, que nous déterminerons courant 2019.
>> Le Département serait-il prêt à apporter son aide à une éventuelle reprise de la sucrerie de Cagny par des planteurs ?
Les élus du département ont signé à l’unanimité une motion de soutien aux acteurs de la sucrerie [lundi 18 mars, ndlr]. Nous demandons à Südzucker de geler le plan de restructuration en attendant d’envisager toutes les propositions alternatives. Un an, c’est trop court. En outre, il faut anticiper l’assolement pour ne pas déstabiliser les autres filières. Deuxièmement, dans le cadre du CICE, le groupe a bénéficié de 8,8 millions d’euros d’aide. Nous exigeons qu’il les réinvestisse dans la filière. En outre, le groupe se dispense de la loi Florange en ne fermant pas le site. Il faut faire l’addition et demander des comptes à Südzucker. 60 % des actionnaires du groupe sont allemands, ils ont fait le choix de sacrifier Cagny qui bénéficie pourtant de terres exceptionnelles.
Je pense qu’une reprise va être compliquée s’ils ne cèdent pas l’usine. Toutefois, en cas de reprise par des planteurs, c’est la Région qui a les compétences en matière économique mais le département est tout à fait ouvert et prêt à s’associer à cette reprise. C’est un scandale, cette situation est inadmissible.