" Il n’y a pas une culture pour rattraper l’autre ”
Dans l’est de l’Orne, la moisson est terminée. Elle laisse un goût amer aux cultivateurs. Jean-Pierre Prévost, responsable grandes cultures à la FDSEA, estime que c’est la pire année de sa carrière.
Dans l’est de l’Orne, la moisson est terminée. Elle laisse un goût amer aux cultivateurs. Jean-Pierre Prévost, responsable grandes cultures à la FDSEA, estime que c’est la pire année de sa carrière.
>> Quels sont les rendements dans le Pays d’Auge/Pays d’Ouche ?
Les rendements sont hétérogènes mais globalement très mauvais. Il n’y a pas une culture pour rattraper l’autre. En orges, ils varient de 30 à 60 q/ha ; en colza de 8 à 25 q/ha ; les blés de 35 à 70 q/ha. En paille, je fais 1,7 t/ha. Les pois font 25 q/ha. Les féveroles sont attaquées par la bruche. S’il ne pleut pas dans les prochains jours, les maïs sont compromis. On s’attend à 20 q/ha pour les orges de printemps. L’ambiance est morose.
>> La faute à la météo ?
Entre autres. Nous avons eu de mauvaises conditions de semis à l’automne, 700 mm d’eau en trois mois. Les cultures ont donc d’abord souffert de l’humidité. Puis de la sécheresse en mars et du gel en avril-mai. Nous sommes descendus à -7 °C au moment de la floraison avec un fort vent d’est. Les secteurs qui ont eu 20 mm d’eau en avril s’en sortent avec 20 q/ha de plus. La faute revient aussi aux pouvoirs publics qui nous suppriment des matières actives. Les colzas, qui étaient superbes, ont subi des problèmes d’altises. Nous ne disposons plus d’insecticides performants. Les blés et les orges ont eu la jaunisse nanisante car on ne peut plus traiter les semences.
>> A combien estimez-vous les pertes ?
On estime que, pour une ferme en cultures sur 180 ha, les pertes vont être de 300 €/ha, soit plus de 50 000 €, toutes cultures confondues. Les blés ont de la qualité PS et protéines, mais le risque est que les prix ne compensent pas le déficit de rendement. Nous sommes à peine remis de 2016, où qualité et quantité étaient absentes. Des prêts court terme de trésorerie avaient été étalés sur cinq ans. Soit jusqu’en 2021. Nous n’en sommes pas encore sortis. Nous demandons une exonération sur le foncier non bâti puis nous verrons en septembre, à la rentrée syndicale, comment nous allons nous organiser. L’année va être longue.