J'ai testé pour vous : la chasse au petit gibier en (bonne) société
Dimanche 9 heures dans le salon de chasse de la société « La Saint Hubert Villersoise ».
Pendant que le café fume et que les viennoiseries hument, Jean-Claude (son président) entame sa causerie de rentrée des classes. « Attention, on ne tire pas les poules faisanes. Sinon, il vous en coûtera 20 € au profit du Téléthon. Vous êtes invités à dénoncer vos camarades si besoin ». Jean-Claude conjugue humour et autorité naturelle devant une trentaine de chasseurs et d’accompagnants. C’est son père, avec l’amiral Lecarpentier, qui a fondé cette quasi-institution. Fils et petits-fils sont également présents. La chasse fait partie de l’ADN de cette famille d’agriculteurs/entrepreneurs de travaux agricoles et des territoires aux origines croisées bretonnes et belges.
Jean-Claude rappelle aussi les consignes de sécurité. «Gilet orange obligatoire même pour le petit gibier. On tire les perdreaux au-dessus de la tête ou derrière. A 80 m, on ne tire plus vers les lignes de poste. En fin de traque, on casse les fusils...» Il insiste également sur les règles de la bienséance : «il faut être tolérant avec les chiens des autres». Médecin, notaire, assureur, membres pour certains du Rotary, manqueraient-ils parfois de savoir-vivre ? Quelle que soit sa catégorie socioprofessionnelle, la vie en société implique quelques concessions. Top départ pour la première traque vers 10 h. Colza, betteraves sucrières, herbages, maïs abritent de nombreuses colonies de perdrix et de faisans. A l’heure de la mi-temps et donc juste avant l’apéro, on fait les comptes : une vingtaine de perdreaux et une dizaine de faisans au tableau de chasse ne représentant qu’un faible pourcentage de ce qui a été levé.
Qui peut prétendre alors que l’agriculture conventionnelle a eu raison du petit gibier ? Ceux qui justement ne vont jamais à la chasse...
Qui peut prétendre alors que les chasseurs ont eu raison du petit gibier ? Ceux qui justement ne vont jamais à la chasse car force est de constater que ce territoire de 500 ha affiche une biodiversité animale abondante gérée conjointement pas des chasseurs et des agriculteurs qui sont parfois les mêmes. «Il n’y avait quasiment plus de faisans il y a 5 ans» se souvient Arnaud Besnier, le fils de Jean-Claude. Alors certes, «on n’a pas vu de lièvre mais c’est parce que l’on marchait trop vite», assure un expert. Pas vu de sangliers non plus mais des signes ostentatoires de leur présence ont mis à mal la parcelle de maïs.
Alors rendez-vous peut-être le 10 novembre pour l’ouverture au gros. Pour sûr qu’on verra encore du petit qui fera des petits fin hiver/début printemps. Qui pourrait croire que les chasseurs sont assez fous pour se tirer une cartouche dans le pied ?