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« Je n’aurais jamais imaginé ma vie comme ça il y a dix ans »

Loren Duhameau est installée en individuel à Caligny (61). Après cinq années au service de remplacement de Flers, elle a eu l’opportunité de reprendre une exploitation laitière en 2013. A 25 ans, elle a foncé.

Lucas, 7 ans, participe aux concours jeunes éleveurs, comme sa maman qui concourt dans les comices, « pour l’ambiance ».
Lucas, 7 ans, participe aux concours jeunes éleveurs, comme sa maman qui concourt dans les comices, « pour l’ambiance ».
© JP

« J’y vais ou je n’y vais pas ? » En 2013, Loren Duhameau se pose la question de s’installer dans une ferme, à Caligny. La jeune femme est fille d’agriculteur, elle aime les animaux. Elle a, auparavant, validé un BEP à Vire puis un bac pro. « Je travaillais comme vacher depuis cinq ans au service de remplacement de Flers. J’avais un poste en CDI et je tournais dans une dizaine de fermes. » Elle projetait de s’installer un jour. « J’avais une petite idée de ce que je voulais derrière la tête. Être salariée d’une exploitation et attendre une porte qui s’ouvre. Je n’en faisais pas une fixette », concède-t-elle. Mais pas si rapidement : « un de mes patrons est décédé subitement, à 49 ans. Ses parents et ses sœurs m’ont proposé de reprendre la ferme. J’avais 25 ans ».

Aller de l’avant

À l’époque, Loren Duhameau a donc 25 ans, mais aussi et surtout « un caractère fonceur ». Elle a travaillé dans des ateliers porcins, laitiers, de veaux gras. Elle est mariée, maman d’un petit garçon. « C’était une grosse décision à prendre. » Son mari travaille comme agent d’entretien à Bagnoles-de-l’Orne et la soutient dans son choix. « J’ai une chance exceptionnelle. » Alors, elle suit son instinct et son crédo : « il faut aller de l’avant ». Elle réalise un contrat de parrainage pendant six mois. « Ça s’est bien passé. Je me suis installée le 1er janvier 2014 et j’ai acheté la maison de mon ancien employeur. »

Respecter le plan

La structure convient à une seule personne : 305 000 l, 58 ha dont 35 de cultures. « Tout était fait dans la ferme. J’ai eu une attribution de 60 000 l à mon arrivée. J’ai suivi le parcours aidé JA. » Dans son projet d’installation, Loren Duhameau prévoit d’investir dans la salle de traite (remplacer une 2x4 sans décrochage par une 2x6 décrochage et lavage automatiques) ; de finir la charpente et la couverture du parc d’attente, l’enrobé de la plateforme de stockage de maïs ; d’acheter un tracteur au bout de cinq ans. « J’ai à peu près tout respecté. Un an après, j’ai repris 12 ha de terre. Et, cette année, 13,5 ha. J’ai récemment eu une attribution supplémentaire de 41 400 l par le biais de l’OPNC. » Aujourd’hui, l’exploitation compte 83 ha, dont 23 ha de céréales, 23 ha de maïs et le reste en prairie. Son droit à produire : 514 000 l.

Des projets plein la tête

« Je suis éleveuse. J’ai de l’affection pour mes bêtes, avec lesquelles je passe plus de temps qu’avec ma famille », sourit-elle. Ses deux enfants et son mari suivent. « Ils n’ont pas trop le choix. Mon mari m’aide à la traite le matin, pour que je sois prête pour emmener Lucas et Emma à l’école. Il les récupère le soir, ses horaires collent avec ceux des enfants ». Loren Duhameau est investie dans le dans le comice et secrétaire du bureau cantonal des JA. Et responsable des plannings CDI du Groupement de remplacement à vocation d’employeurs (GEVR) de l’Orne.
« On s’organise selon les périodes, mais j’ai besoin de sortir, d’avoir du contact avec l’extérieur. Il y a aussi beaucoup d’entraide avec mes voisins. » Depuis qu’elle est installée, la jeune femme fait des sacrifices pour que « l’outil de travail tourne bien. Nous avons la sécurité du salaire de mon mari », justifie-t-elle. « J’aimerais bien privilégier la stabilité maintenant. J’ai des projets plein la tête : j’aimerais vivre de mon métier et pourquoi pas embaucher un salarié. Mais il y a dix ans, je n’aurais jamais imaginé ma vie comme ça. »


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