Régis Chevallier, ancien secrétaire général de la FNPL (Fédération Nationale des producteurs de lait
Jean-Michel a toujours été un rassembleur
L’ornais Régis Chevallier a fait un sacré bout ce chemin, plus particulièrement sur le dossier “lait”, avec le breton Jean-Michel Lemétayer, décédé subitement la semaine dernière
A quelle époque avez-vous fait la connaissance de l’ancien président de la FNSEA ?
Nos premières rencontres datent de la fin des années 70. Il était secrétaire général du CNJA. Moi, j’étais responsable du dossier “lait” aux JA. Nous avons ensuite beaucoup travaillé ensemble dans les années 80 et 90 au sein de la FNPL (Fédération Nationale des Producteurs de Lait) dont il fut le président et moi secrétaire général. Je l’ai ainsi cotoyé pendant 12 ans à raison de 2 jours par semaine. Nous avons appris à nous connaître et à nous apprécier. Nous sommes devenus des amis. Nous nous étions d’ailleurs récemment retrouvés en dehors du cadre professionnel.
Quels étaient ses principaux traits de caractère ?
Il était d’un optimisme résolu, toujours enthousiaste. Qand on passait une mauvaise journée, il nous remontait le moral en nous disant : “voilà comment on va reprendre le dossier!” C’était aussi un homme de dialogue, toujours disponible. Un patron qui savait décider et se faire écouter tout en restant très convivial. Il savait faire la fête. C’était un couche tard. Nous avons passé des soirées mémorables mais il était toujours d’attaque le lendemain. Je ne l’ai jamais vu fatigué. Sa résitance m’a toujours impressionné.
On le disait fin négociateur. Vous confirmez ?
Sa connaissance de l’économie laitière faisait sa force. Il était intelligent, rusé et opiniâtre mais n’allait jamais jusqu’à la rupture avec ses interlocuteurs. Alors “oui”, Jean-Michel était un très grand négociateur. Il a vraiment marqué de sa patte son passage au sein de la FNPL et du CNIEL.
Quelques exemples ?
On lui doit la mise en place d’indicateurs économiques pour la fixation de l’évolution du prix du lait. La budgétisation de crédits recherche et développement sur le volet santé du lait, de campagnes de promotion. Jean-Michel fut à l’origine de “les produits laitiers sont nos amis pour la vie”. Il a été également un bâtisseur avec l’achat de l’immeuble rue de Chateaudun (Ndrl : la maison du lait à Paris”. Je citerai enfin son œuvre : le SPACE. Un salon reconnu mondialement et entièrement consacré à l’élevage.
Il a œuvré également sur le plan social ?
Jean-Michel était aussi un grand humaniste très attaché par exemple aux dons de lait. Son dernier projet a été la création de l’association SOLidarité des producteurs Agricoles et des filières Alimentaires (SOLAAL) dont l’objectif est de favoriser les dons de produits agricoles et alimentaires à destination des plus démunis en France. Sur ce plan aussi, il va laisser un grand vide.
Quel était son regard sur les vives tensions qui ont existé au sein de la filière laitière ?
Comme moi, il a été profondément marqué par cet épisode. Jean-Michel a toujours été un rassembleur. Il a toujours considéré que la division affaiblirait les producteurs dans les futures négociations. La suite lui a donné raison je crois.