Laurent Beauvais, président de la Région Basse-Normandie
Jeux Equestres mondiaux : une ambition à long terme qui dépasse le rendez-vous de 2014
Au delà de l’évènement purement sportif, la tenue des JEM (Jeux Equestres Mondiaux) en terres normandes constituerait un projet structurant et un véritable tremplin pour la filière équine régionale. Les explications de Laurent Beauvais, président de la Région Basse-Normandie.

La Normandie est à nouveau en selle pour l’organisation des JEM (Jeux Equestres Mondiaux) en 2014. Après un premier échec, avons-nous de réelles chances d’emporter cette fois le morceau?
Je reste prudent mais deux éléments vont jouer sur notre capacité à être reçus à ce concours spécial. Le premier, c’est de savoir s’il y a d’autres candidats. A l’heure où je vous parle, je ne sais rien de précis. J’attends d’ailleurs un coup de téléphone de Christian Paillot, vice-président de la Fédération Française d’Equitation, qui est arrivé à Buenos Aires (Argentine) pour savoir combien de candidatures ont été enregistrées. Nous avons aussi fait fonctionner nos antennes ici ou là. Il se murmure que l’Irlande s’interroge, les Emirats Arabes aussi... Mais nous n’avons perçu aucune manifestation forte et publique de candidature comme nous en avons enregistrée dans notre région.
Mais les chances de succès de la Normandie ne peuvent pas reposer sur ce seul critère de monocandidature ?
C’est effectivement plus facile de gagner quand on est seul mais ce n’est cependant pas une certitude. Notre candidature va être passée au crible par la Fédération internationale et on pourrait très bien imaginer qu’elle estime que la Normandie, dans sa proposition, ne satisfait pas à tel ou tel élément. C’est pourquoi nous avons beaucoup travaillé pour aboutir à un dossier de très grande qualité.
Si vous deviez mettre en avant deux ou trois atouts essentiels de cette candidature normande, quels seraient-ils ?
D’abord une mobilisation des partenaires publics et des collectivités : Départements, Régions, Etat, du Président de la République et de ses ministres (...). C’est tout un pays qui est derrière cette candidature et pas simplement une région.
A cela s’ajoute la mobilisation de la filière équine dans son ensemble. Depuis la création en 2006 du Pôle de compétitivité Filière Equine, nous avons pris l’habitude de travailler ensemble. Notre partenariat est exemplaire. C’est un gage de succès pour après.
Au delà de l’évènement sportif que constituent les JEM, quels en sont les enjeux majeurs pour la Région ?
Les JEM ne doivent pas rester un moment éphémère. C’est moins 2014 qui m'intéresse que 2015, 2016, 2017. C’est-à-dire l’après jeu. Comment notre territoire va-t-il rebondir ? Comment va-t-il, au bon sens du terme, profiter de cette opportunité qui lui serait offerte en termes de vitrine, d’image, de communication fantastique... Il va falloir valoriser tout cela.
Vous avez des pistes de réflexion ?
Je vois trois orientations importantes qui ont été présentées en assemblée plénière du Conseil régional il y a quelques jours. Tout d’abord une orientation économique. Les JEM doivent permettre à la filière équine de poursuivre son développement, voire de l’accélérer, grâce à cet effet d’image, de mobilisation et de partenariat. A la clé : des créations d’emplois. C’est appréciable à un moment où d’autres secteurs comme l’automobile en suppriment. C’est donc faire en sorte que cette filière se développe à travers aussi la formation, la recherche... C’est la première ambition que je recherche en portant cette candidature.
La seconde ambition est plus politique. C’est que l’Etat, qui nous soutient bien aujourd’hui, continue à le faire au delà de notre candidature et au delà de 2014 sur des moyens et outils fondamentaux. Je pense aux Haras nationaux dont deux sont normands : Le Pin et St-Lô. Quand on jauge la capacité du ministère de l’Agriculture à soutenir les Haras nationaux, on peut être inquiet.
Le dernier objectif est de contribuer à une plus grande popularisation des pratiques équestres de sport ou de loisir. C’est un objectif que la Fédération Nationale Equestre porte avec nous. Après ces jeux, il nous faudra plus de licenciés, que les clubs équins vivent mieux, que les infrastrutures puissent être utilisées davantage...
Caen serait la grande gagnante de ces jeux ?
La Fédération internationale ne voulait pas qu’il y ait dispersion sur différents sites. Nous avons donc présenté un site unique : Caen. Cependant, la course d’endurance pourrait relier le Haras du Pin au Mont-St-Michel. D’autres manifestations préalables pourraient se dérouler à Deauville et St-Lô : polo, horse-ball... Il s’agit bien donc d’un projet global de territoire et de filière.
On parle beaucoup de pouvoir d’achat en ce moment. Que pourrait coûter ce rendez-vous au contribuable normand ?
On ne peut pas se porter candidat et n’avoir rien à financer. Quand on a une ambition territoriale, il faut mobiliser des moyens. Le budget de l’évènement tourne aux alentours de 48/50 Me. Nous avons mobilisé des fonds publics, des fonds provenant de sponsors que nous espérons encore plus nombreux. Il y a aussi l’engagement des collectivités des trois départements, de la ville de Caen et de son agglomération et de la Région. J’ai limité l’enveloppe du Conseil régional à 13/15M e. Nous ne pouvons pas faire plus mais c’est déjà beaucoup. Je vous signale que j’ai décidé de ne pas augmenter les impôts dans le cadre du budget 2009. Une décision importante et difficile dans un contexte où les dotations de l’Etat diminuent alors que les projets et leurs besoins de financement sont toujours aussi nombreux.
Cependant, les retombées économiques des JME doivent être productrices de richesses, y compris de richesses fiscales. Cette candidature porte cette dimension de retour sur investissement même si, à cette échelle de temps, on ne peut encore rien garantir. Nous sommes au moins sûr que les hôtels, pendant 3 semaines, ne désempliront pas par exemple. Mais c’est surtout un pari à long terme avec des retombées à 4/5 ans. C’est comme cela qu’il faut raisonner.
Mais l’apport financier du Conseil régional sera-t-il ponctionné sur des lignes “cheval” déjà existantes ?
Non. Il s’agira de moyens supplémentaires. Nous ne reprendrons pas d’une main ce que nous avons donné de l’autre.
Le président de Conseil régional que vous êtes est-il un cavalier émérite ?
Oh la la ! J’ai fait un peu d’équitation au lycée quand j’étais jeune à Argentan mais mes choix m’ont orienté vers le foot. J’étais d’ailleurs très content, samedi 8 novembre dernier au stade Michel d’Ornano, que le cheval et le ballon rond soient associés pour l’occasion. En conclusion “non”, je ne suis pas un cavalier émérite. Ce qui ne m’empêche pas de mettre toute mon énergie dans ce dossier.