À la tête du GDS du Calvados
Jonathan Lenourichel, la force tranquille et le consensus
Jonathan Lenourichel, 40 ans, est installé avec son frère Dimitri dans le Bessin. Il est, depuis février 2021, président du GDS du Calvados. L’éleveur de Formigny bataille contre la tuberculose et les élevages en déshérence.
Jonathan Lenourichel, 40 ans, est installé avec son frère Dimitri dans le Bessin. Il est, depuis février 2021, président du GDS du Calvados. L’éleveur de Formigny bataille contre la tuberculose et les élevages en déshérence.
Barbe rousse mais pas corsaire ; 40 ans, marié, trois enfants ; cheveux poivre et sel ; voix imposante mais rassurante ; le sourire facile et la force tranquille ; fan du SM Caen. Voilà en quelques mots le portrait du nouveau président du Groupement de défense sanitaire du Calvados. Un homme, éleveur à Formigny dans le Bessin, qui aime « le dialogue, le consensus, le collectif. Pas grand-chose ne m’énerve, je suis beaucoup dans le contrôle ».
« L’animalier du Gaec »
Jonathan Lenourichel valide un BTS Acse à Coutances, en 2001. A 20 ans, il ne se voit pas travailler à la ferme : ne pas s’enfermer trop vite, découvrir autre chose. Il embauche alors à l’Adasea (1) du Calvados, pour monter des dossiers agri-environnementaux. « J’ai fait un peu de formation, de la cartographie, le point info installation. J’ai aimé être au contact des personnes et la diversité des missions. » En 2008, une opportunité se présente, il la saisit : une ferme se libère dans la commune, ses parents ont la cinquantaine passée et souhaitent ralentir. « J’ai dit OK, on y va. » Son installation met l’accent sur la modernisation du Gaec : « on a installé un roto de traite, on a amélioré le confort des animaux. Je pars du principe que si les animaux vont bien, l’homme va bien. J’ai mis en place une coupure entre le perso et le pro. » Son frère, Dimitri, arrive en 2014. Dans ses valises : 45 ha et une micro-méthanisation. L’exploitation compte désormais 170 laitières pour 1 695 000 l de lait et 260 ha. « On livre le lait à la Coopérative Isigny-Sainte-Mère et on travaille avec la Coopérative de Creully. » Jonathan Lenourichel est « l’animalier du Gaec ». La partie cultures revient à Dimitri.
Travailler pour le collectif
Le GDS - « auquel on a toujours été cotisant » - arrive assez vite dans la vie de l’éleveur. « En 2011, j’ai accepté de postuler comme délégué, car un cousin qui y était administrateur m’a dit que le GDS cherchait du monde. Il ne m’avait pas dit qu’il cherchait aussi des administrateurs », sourit Jonathan Lenourichel. Il accepte. Le sanitaire l’intéresse. La structure a un « minimum d’indépendance », elle est proche du terrain. « J’aime travailler pour le collectif, mettre en place des actions pour le bien commun. » Il devient dès 2015 le bras droit d’Alain Legentil. « J’étais flatté de devenir son vice-président, car je ne prétends pas avoir toutes les capacités. » En regardant dans le rétro, Jonathan Lenourichel mise sur son ouverture d’esprit, ses facilités à dialoguer et son esprit constructif pour l’avoir mené vers la tête du GDS. Puis tombe la pandémie de Covid-19. Les élections sont reportées. « Les délégués élisent le conseil d’administration. C’est important qu’ils voient pour qui ils votent. » Les élections sont finalement calées entre deux confinements, en février 2021. Depuis, « c’est parti ».
Avancer en concertation
Le président du GDS prend ses fonctions en pleine recrudescence de tuberculose bovine. Sept foyers en trois mois, dont deux hors zone de prophylaxie, sont découverts. Le président, qui suivait « déjà le dossier avant », met en place avec la Chambre d’agriculture et la DDPP des réunions d’information pour les éleveurs. « L’administration doit sortir de son bureau et rencontrer les agriculteurs, qui sont des professionnels. Il ne faut pas laisser fonctionner le téléphone arabe mais leur expliquer les choses. » Son appétence pour la concertation va être mise à l’épreuve de la tub : « en juin, nous allons décider, avec l’ensemble des OPA, les vétos, la Chambre, la DDTM et j’en oublie, si nous passons tout le département en prophylaxie ». Car l’un des objectifs de son mandat est bien « d’éradiquer la maladie. Je vais faire tout mon possible pour qu’on ait une photo de la situation dans le département, qu’on fasse le ménage et qu’on s’en débarrasse ». A l’ordre du jour : former les éleveurs à la biosécurité, surveiller la faune sauvage, discuter, informer, intégrer les élus. Son deuxième cheval de bataille : la déshérence. « On manque d’outils pour lutter contre, alors qu’il y a des accidents toutes les semaines. Et l’image de la profession est entachée. » Ce sera son combat auprès des députés et des élus locaux. « Le bien-être animal est un sujet sensible. » Ce sera aussi, peut-être, un challenge pour lui, car il y a bien quelque chose que l’homme n’aime pas : « la mauvaise foi et le blabla ».
(1) Association départementale d’aménagement des structures des exploitations agricoles.