Visite ministérielle
Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture, curieux du contexte local
Julien Denormandie est venu visiter la ferme de François Rihouet à Périers (50) et écouter les demandes liées à plusieurs questions agricoles, lundi 13 juillet. Des sujets nationaux et locaux ont été abordés.
Julien Denormandie est venu visiter la ferme de François Rihouet à Périers (50) et écouter les demandes liées à plusieurs questions agricoles, lundi 13 juillet. Des sujets nationaux et locaux ont été abordés.
Pas de pluie dans le ciel manchot pour la visite du jeune nouveau ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, lundi 13 juillet, à la ferme de François Rihouet, éleveur de vaches normandes à Périers. Les politiques étaient présents : Stéphane Travert, député de la Manche ; les sénateurs Jean-Michel Houllegate et Jean Bizet ; Pascal Ferey, présient de la Chambre d’Agriculture de la Manche ainsi que le préfet, Gérard Gavory. Le ministre s’est montré curieux de découvrir l’exploitation de François Rihouet, ainsi que le contexte local dans lequel elle se situe. Plusieurs sujets ont été abordés par les acteurs présents.
La rémunération
Eleveur de race mixte, François Rihouet a eu l’occasion de signaler au ministre la situation délicate dans laquelle les filières lait et viande bovine se trouvent actuellement. Même avec la plus-value apportée par le label qualité Race Normande, mis en place par la FQRN (+0,3€/kg de carcasse), le prix de la viande, à 3,1 €/kg de carcasse ne permet pas une rémunération correcte du producteur. « Je perds entre 130 et 150 € par animal lorsque je vends une bête à un abattoir », détaille François Rihouet. Michel Hamel, président de la FQRN, ajoute : « on est satisfait de notre partenariat sur la Normande avec Carrefour, mais c’est le prix de base de la viande qui ne va pas. Les abattoirs bloquent tout, et les efforts consentis par la grande distribution n’atteignent pas les éleveurs ». Le ministre concède : « Il y a une pression forte sur les abattoirs, il faut qu’on sorte de cette ornière ». Les questions liées aux difficultés rencontrées par la filière laitière ont aussi été exposées au ministre. « On a peur de voir régresser le lait au profit des céréales », expose Pascal Ferey, qui ajoute : « les négociations commerciales sur le lait ont été difficiles Le Covid-19 a énormément aidé la grande distribution ».
Chloropropène
Le département de la Manche a été fortement impacté par l’interdiction du chloropropène, nématicide sur carottes. Henri Lemoigne, maire de Créance (50), a abordé le sujet au près du ministre. Il dénonce l’absence d’alternative suite à la disparition du produit. Il demande une décision rapide pour apporter une réponse aux cultivateurs des 1 000 ha concernés par ce problème. Les impacts se font ressentir : « La production a chuté de 40 000 t à 25 000 t. Cela joue sur l’emploi », explique le maire. Le ministre confie alors qu’il a « obtenu de FranceAgriMer un fonds de compensation d’un million d’euros pour faire face à la situation ». L’apparition de carottes étrangères sur les étals et la distorsion de concurrence qu’elle engendre, a également été blâmée. Le ministre s’est avoué « indigné » à ce sujet.
Plein de choses à se dire
Jean Bizet, sénateur de la Manche, a prévenu des dangers du nutriscore sur les produits laitiers : « C’est une belle idée d’un professeur Tournesol, qui risque d’être dramatique pour les éleveurs ». La problématique du devenir de la race Normande a été abordée. Le ministre s’étonnait du faible nombre d’animaux de la race dans l’Orne. Jean Bizet lui suggère l’idée d’un élargissement de la prime accordée aux vaches allaitantes pour la race Normande.
L’ultra-locale question des étourneaux a aussi été présentée au visiteur de la rue de Varenne. Ces oiseaux sont responsables de nombreux dégâts sur les semis, dégradent les silos, et affectent la sécurité sanitaire des exploitations. Le problème est qu’ils nichent dans une ancienne tourbière, site naturel protégé. Les demandes formulées visaient à rendre accessible cette tourbière afin de réguler les populations du ravageur. François Rihouet a aussi pu confier au ministre les difficultés de mise en œuvre des Paiements pour services écosystémiques (PSE) avec les collectivités. Le problème vient de la prise en compte ou non de ces paiements comme des subventions lorsqu’elles sont payées par l’État. Le ministre a pris des notes à plusieurs reprises sur ces sujets auxquels il a porté un intérêt manifeste au cours de la visite. François Rihouet salue un ministre « à l’écoute. Il connait quelques dossiers, pour les autres il faut lui laisser le temps ».