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Sdage, agence de l'eau, changement climatique
La consultation publique sur l'eau en Normandie est en ligne

Le 1er mars 2021, l’Agence de l’eau Seine-Normandie a soumis le Sdage 2022-2027 à consultation publique. Le questionnaire vise à prendre en compte les avis avant l’adoption du schéma début 2022.Les assemblées ont jusqu’au 1er juillet pour émettre un retour sur sa première version, le grand public, jusqu’au 1er septembre.

Le bassin Seine-Normandie s’étend sur 9.45 millions d’ha, soit 18% du territoire français. Il se compose de la Seine et de ses affluents, ainsi que des petits fleuves de la côte normande (la Vire, la Sélune, la Dives, la Touques, la Seulles etc.).
© Agence de l'eau

>> Qu’est-ce qu’un directeur de la connaissance et de la planification à l’Agence de l’eau ?


Avec mon équipe, nous sommes chargés de collecter les relevés effectués sur le bassin Seine-Normandie, afin de connaître l’état des milieux aquatiques. Le but est de déterminer, grâce à l’analyse de ces données, les actions à mener pour améliorer cet état. Une donnée correspond à un prélèvement à un endroit du bassin. Nous en collectons près de six millions par an.

>> Quel est l‘objectif de la consultation mise en ligne par l’Agence de l’eau Seine-Normandie ?


L’objectif est de soumettre le projet du Sdage 2022-2027 au grand public et aux assemblées comme les Chambres d’agriculture par exemple. Les assemblées vont pouvoir délibérer, faire des propositions et donner leurs avis sur le prochain Sdage. Concernant le grand public, l’objectif est surtout de faire prendre conscience au plus grand nombre de l’intérêt de la gestion de l’eau. Le Sdage est un document long et complexe, nous avons donc créé des petites fiches de synthèses afin de le rendre plus accessible aux non-spécialistes.

>> Comment conseilleriez-vous un agriculteur qui souhaite participer à cette consultation ?


Un agriculteur peut s’adresser à son assemblée représentative dans le comité de bassin, c’est-à-dire aux représentants des Chambres d’agriculture, pour leur faire part de son avis. Il peut aussi y participer à titre personnel en allant directement sur le site de la consultation. L’avis des agriculteurs est important pour nous. La SAU représente 53% de la surface du bassin Seine-Normandie, ce sont donc des acteurs incontournables.

>> Quels sont les principaux enjeux du futur Sdage liés à l’agriculture ?


Il y en a trois principaux. Premièrement, les produits phytosanitaires, qui impactent la qualité de l’eau brute* et la biodiversité des cours d’eau. Deuxièmement, nous souhaitons voir baisser progressivement les concentrations en nitrates à la sortie des fleuves pour limiter les échouages d’algues vertes. Ce point concerne aussi les conchyliculteurs, qui peuvent voir leurs zones déclassées à cause de la présence de phytoplancton toxique rendant les coquillages impropres à la consommation. Troisièmement, il y a l’enjeu du changement climatique, qui aggrave ce phénomène de prolifération d’algues et de phytoplancton via le réchauffement de l’eau.

>> Quel niveau de participation attendez-vous de cette consultation ?


Les représentants agricoles au Comité de bassin ont activement participé à la relecture du Sdage et à son amendement. C’est très positif d’avoir un engagement important de leur part. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais le monde agricole reste toujours très impliqué. Je n’ai pas de doute que les Chambres répondront à cette consultation. Concernant les collectivités, j’espère qu’elles participeront bien cette année, malgré la Covid-19 et les élections. Ça peut être compliqué de délibérer sur un Sdage dans ces conditions. Pour ce qui est du grand public, plus difficile à toucher, nous serions satisfaits de recevoir quelques milliers de réponses sur les 18 millions d’habitants du bassin. Pour l’instant, il y a beaucoup de connexion à la page internet de la consultation, mais encore peu de réponses. Dans tous les cas, l’aspect pédagogique reste le plus important.

>> Comment seront traités les retours de cette consultation ?


Il y aura d’abord une synthèse des contributions. Avec un groupe d’une quinzaine de personnes volontaires du Comité de bassin, nous allons examiner ce qui peut être modifié dans la première proposition du Sdage. Tout en gardant à l’esprit que la loi précise qu’on ne peut pas y faire de modification substantielle. Ce terme est sujet à interprétation. Le groupe d’examinateurs sera justement chargé d’en débattre. Atteindre 52 % des cours d’eau en bon état écologique d’ici 2027, contre 32 % aujourd’hui, est, par exemple, un élément du Sdage qui ne pourra pas être modifié. De même que l’objectif d’une baisse de 30 % des émissions de glyphosate dans les cours d’eau et les eaux souterraines du bassin.

>> Comment a été déterminé ce genre d’objectif ?


Nous prenons en compte les prévisions sur l’évolution du changement climatique, sur l’augmentation démographique, sur le développement économique et nous déduisons l’effort qui sera à fournir pour compenser la dégradation de la qualité des cours d’eau que risquent d’engendrer ces phénomènes. Et nous essayons même d’aller plus loin, en proposant des objectifs pour améliorer cette qualité. L’effort à fournir est double si on veut faire plus que stabiliser l’état des cours d’eau.

* Eau brute : eau qui n’a pas encore été traitée. L’eau de pluie, l’eau des réservoirs souterrains et des rivières constituent l’eau brute.

Le point de vue de Etienne Legrand, représentant de la Chambre régionale d’agriculture de Normandie au Comité de bassin Seine-Normandie.
“ Le Sdage doit laisser la place au bon sens agricole ”
« Il y a plusieurs points sur lesquels nous ne sommes pas en accord avec le Sdage proposé pour 2022-2027. Tout d’abord, sur les zones de captage, nous ne souhaitons pas qu’il impose des cultures à bas niveau d’intrants (BNI)*, mais plutôt des systèmes. Il est important que les agriculteurs, qui sont prêts à modifier leurs pratiques, n’aient pas à le faire de manière trop brutale, et conservent leur autonomie dans les choix agronomiques. Il ne faut pas que le Sdage soit trop restrictif. Nous préférons une approche système comprenant des engagements sur la baisse de consommation d’intrants, une fertilisation plus douce. Ce qui maintiendrait une agriculture productrice de denrées alimentaires et compatible avec les attentes de l’Agence de l’eau. Cela concerne, notamment, les aires d’alimentation de captage : dans le Calvados, par exemple, elles représentent près de 51 000 ha, notamment dans les terres à fort potentiel de rendement de la plaine de Caen.  
Ensuite, il y a la problématique du rétablissement de la continuité écologique des cours d’eau du bassin. Il y a des zones où ça n’est pas justifié. Je pense aux marais de Carentan par exemple, où l’ouverture des portes à flots, qui bloquent les eaux marines, perturberait tout le système en place.
Enfin sur beaucoup de points, je trouve le Sdage trop prescriptif. On ne laisse plus de place au bon sens agricole. En effet, toutes les années sont différentes. A titre d’exemple, émettre des restrictions d’épandage basées sur des dates peut aboutir à des non-sens agronomiques. Je serais plus partisan d’une utilisation d’indicateurs techniques mesurables, tels que la pluviométrie, la portance des sols. Ce message est difficile à faire passer au Comité de bassin, où l’on nous répond souvent que ce serait incontrôlable. Je pense que ça n’est pas le cas et qu’il s’agit plus d’une question de volonté.
J’encourage les agriculteurs à aller donner leur avis sur le site de consultation de l’Agence de l’eau Seine-Normandie. Les structures agricoles doivent s’emparer du sujet. »
* Cultures BNI : Agriculture biologique, herbe/prairie, luzerne, sainfoin, chanvre, sarrasin, biomasse et bocage énergie. 

 

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