Comptabilité
La Ferme 14 passée à la loupe
Vendredi 26 février, à Longvillers, la FDSEA du Calvados invitait Karine Marie, directrice conseil au CER France Normandie Ouest et Orne pour présenter l’état de la Ferme Calvados. Lait, grandes cultures et viande bovine : le point pas secteur.
Vendredi 26 février, à Longvillers, la FDSEA du Calvados invitait Karine Marie, directrice conseil au CER France Normandie Ouest et Orne pour présenter l’état de la Ferme Calvados. Lait, grandes cultures et viande bovine : le point pas secteur.
Lait
Pour dessiner les contours de la ferme calvadosienne moyenne, Karine Marie s’est appuyée sur la compilation de comptabilités 2019-2020 de 470 exploitations laitières. Elles produisent un quota moyen de 584 000 l sur une moyenne de 127 hectares. La directrice conseil au CER France Normandie Ouest et Orne note en 2019 une hausse du litrage vendu, +3,5%. Le prix est lui aussi en évolution : +15€, soit une moyenne de 369€/1 000 l (tout type de lait, hors bio), un prix « assez stable depuis 2018 ». Cette évolution entraîne une augmentation de l’EBE de 7 000 € entre 2019 et 2020. Les charges de structure augmentent légèrement, en raison de la hausse des charges de mécanisation. Malgré une nette amélioration de la productivité, le recrutement est un point de vigilance : « la principale difficulté est de professionnaliser les jeunes pour qu’ils deviennent puis restent salariés. Contrairement à d’autres systèmes hors-sol, en lait, on n’a pas encore ce profil ».
Grandes cultures
Les résultats 2019 au niveau rendement « sont plutôt bons, avise Karine Marie, les prix s’étant bien tenus même s’ils étaient plus bas qu’en 2018 ». 400 exploitations sont spécialisées sur 140 ha, une surface moyenne stable depuis quelques années. « L’accès au foncier est un facteur clé très limitant dans le Calvados, avec une zone de périphérie urbaine qui met une pression sur les terrains. Il y a très peu d’installations en grandes cultures. » Pour les tendances, 2020 risque d’être « compliqué » : avec une perte de quintaux en blé (75 en moyenne contre 86 en 2019). La bonne surprise : les prix se maintiennent plutôt bien. « Le colza limite la casse avec des prix à peu près stables ». Les marges brutes en blé et colza sont supérieures à 700€/ha, bien supérieures en lin. La directrice note tout de même une perte, estimée de 100-150€/ha. Une bonne nouvelle : le poste produits phytos est en nette baisse, en moyenne – 40€. « C’est peut-être l’effet du printemps assez sec, les semis ont été tardifs car il y avait moins de potentiel ». Les résultats de la récolte 2020 sont proches de 2018, voire légèrement inférieurs, si on intègre l’arrêt de la betterave. Concernant le lin, les conditions de commercialisation sont en train de repartir ; cette année, l’assolement est identique, la demande revient.
« On commence à appréhender l’impact sécheresse, prévient Karine Marie, même si les effets de celle que l’on subit environ une année sur deux ne sont pas encore traduits dans les chiffres, ils vont impacter la production de plus en plus ».
Viande bovine
Les chiffres concernent 400 exploitations normandes en raison du nombre limité de fermes dans le Calvados. Avec une moyenne de 1,2 UTH, qui correspond généralement à un couple, « le système reste stable et bouge peu ». La tendance à décapitaliser est devenue structurelle, la hausse des abattages est visible depuis plusieurs années. Les prix se maintiennent mais les revenus sont insuffisants pour rémunérer. Pour les naisseurs, la marge de sécurité est nulle. Les naisseurs-engraisseurs connaissent une baisse d’activité depuis trois ans du fait, en partie, de l’affaiblissement de la filière JB. « Les revenus sont faibles mais les capitaux engagés sont forts », note Karine Marie. Le nombre de structures diminue ou se réduit, avec une main-d‘œuvre qui va travailler à l’extérieur. Il est encore difficile de mesurer l’impact de la Covid et de la fermeture de la RHD.
Pour Xavier Hay, président de la FDSEA du Calvados : « l’objectif était de comparer une année sur l’autre. On peut observer que les rémunérations restent insuffisantes, notamment au regard du temps de travail fourni ».