FDSEA/Section Grandes cultures
La France dégrade sciemment la compétitivité de ses céréales
La déclinaison française de la nouvelle PAC pénaliserait les producteurs français de 75 €/ha de paiement de base vis-à-vis de l’Allemagne. Au titre du préjudice économique occasionné à ses producteurs, la France serait attaquable sur le plan juridique.

-75 €/ha vis-à-vis
de l’Allemagne,
- 90 €/ha vis-à- vis de la Hongrie, - 50 €/ha vis-à-vis de la Bulgarie, ... La déclinaison française de la nouvelle PAC, telle qu’annoncée par le président François Hollande dans son discours de Cournon (avec surprime de 20 % aux 52 premiers hectares), pénaliserait les céréales françaises vis-à-vis de ses concurrentes européennes, avec des paiements de base à l’hectare nettement inférieurs. Ramené à l’unité de production, cette distorsion représenterait de 10 à 15 € par tonne. Le paiement de base moyen français, paiement vert inclu, reculerait en effet à 220 €/ha d’ici 2019, contre 295 €/ha en Allemagne par exemple.
L’Allemagne qui rit
“La France se tire une balle dans le pied et les allemands se frottent les mains”, constatait Jérôme Josseaux, chargé des relations terrain à l’association générale des producteurs de blé (AGPB), jeudi 21 novembre, à l’occasion de la section grandes cultures de la FDSEA de l’Orne. Lequel estime qu’au titre des préjudices occasionnés par la position française, celle-ci serait attaquable sur le plan juridique.
Difficile de récupérer quoi que ce soit
Dans le scénario évoqué par François Hollande, un céréalier situé en zone peu favorable ayant 250 ha de SAU pour 250 € de DPU en 2012, perdrait 14 000 € de paiement de base dès 2015 et 16 000 € d’ici 2019. Un céréalier en zone à fort potentiel (150 ha de SAU, 350 € de DPU en 2012) perdrait 12 000 € dès 2015 et 19 000 €, d’ici 2019. “S’il n’y a pas de bons rendements couplés à de bons prix pour la récolte de 2014, cela fera très mal, craint Jérôme Josseaux. Et il sera très difficile pour les céréaliers de récupérer quoi que ce soit de cette perte de soutiens du premier pilier, sur le second pilier de la PAC, ou autre”.
Le représentant de l’AGPB note toutefois que la filière va se mobiliser, pour proposer des MAE (mesures agroenvironnementales) ou des GIEE (groupement d'intérêt économique et écologique) types, compatibles avec une logique de production. “Il faudra récupérer ces dispositifs à “notre sauce” et montrer que nous sommes déjà dans des démarches favorables à l’environnement”. Le représentant de l’AGPB évoque également l’échelon régional qui a de plus en plus de pouvoir pour aiguiller certains fonds européens. Il incite à “rencontrer les élus du conseil régional. C’est très important”.
A l’abri de rien
“La production de céréales n’est à l’abri de rien. C’est pourquoi nous avons proposé au ministre un plan de compétitivité pour les céréales. Les revenus céréaliers ont atteint de bons niveaux en 2012. Ce ne sera pas le cas pour 2013”, indique Jérôme Josseaux.