Prix des engrais
La hausse est-elle derrière nous ?
La hausse des engrais est elle finie ? Certains indices le donnent à penser. Les prix de gros baissent nettement pour certains engrais, moins pour d’autres


Le prix de l’urée en forte baisse
Divisé par 2 en 2 mois : c’est ce qui est arrivé au prix de gros de l’urée ! Comment expliquer un retournement aussi soudain ?
D’abord parce que les engrais azotés sont en partie indexés sur le prix du pétrole. Et le prix du baril a été divisé par trois depuis juillet. Combinez à cela la baisse du prix des céréales et oléagineux partout dans le monde : les agriculteurs regardent à deux fois avant d’épandre ces engrais dont le prix est devenu prohibitif. Vous ajoutez la crise bancaire et boursière de cet automne et sont réunis les 3 ingrédients d’une baisse d’ampleur des engrais azotés.
L’urée, en particulier sous sa forme granulée, est donc un produit intéressant pour la campagne qui vient. Les solutions azotées suivent la même tendance à la baisse, mais pour les utiliser il faut être équipé d’un épandeur d’engrais liquide.
L’ammonitrate reste ferme
Les prix de l’ammonitrate restent fermes, à un niveau très élevé. Si on n’envisage plus de hausse, ce niveau de prix devrait se maintenir durant toute la campagne qui vient. Pourquoi cette différence de tendance ? Difficile à expliquer. Certes, l’ammonitrate se vend essentiellement en Europe, zone où la demande reste vive. Les fabricants européens sont en nombre limités et peuvent retarder la baisse des cours, en arrêtant des usines par exemple, comme vient de le décider le fabricant norvégien Yara.
A terme, au-delà de l’hiver, un tel écart de prix entre l’urée et l’ammonitrate n’est pas tenable : l’unité d’azote sous forme d’urée vaut 30 à 40% moins cher que l’ammonitrate !
Et les autres ?
La tendance n’est pas aussi favorable pour le phosphore et la potasse. Les engrais phosphatés ont stabilisé leurs prix, après avoir presque doublé en un an. Le prix de la potasse continue à augmenter.
Mais l’onde de choc économique de la crise bancaire et financière est telle, que l’on ne peut pas penser que ces deux éléments fertilisants resteront longtemps à l’écart de la baisse qui s’annonce.
Philippe Legrain
Chambre d’Agriculture de la Manche
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