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Crise Covid-19
La Normandie agricole et agroalimentaire mise à l’épreuve

La Covid-19 a bouleversé l’économie mondiale. Si le confinement a stoppé bon nombre d’activités, le monde agricole, lui, s’est révélé essentiel ; ce qui ne l’a pas épargné pour autant. Décryptage des effets hétérogènes de la pandémie, sur les filières.

COVID AGRICULTURE
© DR

La pandémie Covid19 a atteint le monde entier et bouleversé les sociétés et leur économie. Lors du confinement généralisé, la plupart des secteurs de l’agriculture et l’agroalimentaire ont été considérés comme des secteurs essentiels, mais l’impact se fait quand même sentir. Durant la période de confinement liée à la Covid-19, certaines activités non alimentaires se sont retrouvées à l’arrêt comme le reste de l’économie.

Des filières impactées

C’est le cas des horticulteurs et pépiniéristes dont les ventes ont été stoppées pendant plusieurs semaines au printemps, à une saison cruciale. Le secteur de l’agritourisme a aussi été largement affecté. La filière équine s’est retrouvée figée, sans accueil de public, avec les difficultés que cela a pu poser. La filière lin fibre a quant à elle fait face à l’arrêt des teillages et à une perte des débouchés chinois conduisant à une demande interprofessionnelle de baisse des emblavements.

Un manque ponctuel de main-d’œuvre

Au début du confinement, les appels d’agriculteurs en manque de main-d’œuvre salariée se sont multipliés dans un contexte de marché du travail en tension. La Normandie, proportionnellement peu concernée par le recours à la main-d’œuvre saisonnière, a peu subi ce problème. Au cas par cas, les situations ont cependant pu être compliquées. Dans les industries agroalimentaires de la région, le taux d’absence a augmenté durant quelques semaines par rapport à la normale, il est cependant resté contenu par rapport à d’autres pays, dans le secteur des abattoirs notamment.

Des circuits de vente déroutés

La fermeture des commerces et entreprises non essentiels et le confinement ont amené une réorganisation des circuits de vente. Même si une part a continué à fonctionner dans les secteurs essentiels (hôpitaux, EHPAD notamment), la restauration hors domicile s’est retrouvée en grande majorité à l’arrêt. Variable selon les produits, la perte sur ce marché a pu être très importante. Les secteurs des fruits et légumes, de la pêche et plus généralement, les produits frais différenciés (fromage sous Appellations d’Origine notamment) sont particulièrement touchés.
Un report massif de la consommation alimentaire s’est fait sur la grande distribution et spécifiquement sur les petites et moyennes surfaces ainsi que sur la vente à emporter via les « drives ». Cette situation favorise la consommation de produits de masse standardisés, plutôt à faible valeur ajoutée. Aux achats massifs, créant un sentiment de pénurie infondé, se sont ajoutées des difficultés logistiques dans les transports ou les emballages des produits de grande consommation très demandés. A l’export, là encore, les situations sont contrastées selon les filières du fait de contrôles sanitaires ou de difficultés logistiques.

Une ruée vers les produits faciles à conserver

Beaucoup de secteurs agroalimentaires ont connu un pic de demande à l’annonce des mesures de fermeture de la RHD et des restaurants d’une part, puis de confinement d’autre part. C’est le cas des viandes (fraîches et congelées), de la farine et des féculents, des produits laitiers « basiques » au détriment des produits sous signe de qualité (vendus pour beaucoup à la coupe), par exemple. Selon leurs gammes de produits, les transformateurs ne sont ainsi pas impactés de la même façon. En lait, par exemple, les consommateurs ont accru leurs achats de lait conditionné, beurre, crème, ultrafrais et de fromages râpés. Et les aliments frais ont plutôt été délaissés sur la première période de confinement. La filière cidricole a vu ses ventes quasiment stoppées durant le confinement.

Désorganisation des secteurs en pic d’activité au printemps

Certaines productions normandes dont la saisonnalité est forte ont été soumises à ce double effet. C’est le cas du lait avec la mise à l’herbe, de l’horticulture avec la vente de plants, des ovins à Pâques et de certains légumes.

Une perte de plus de 20 millions d’euros pour la Normandie

A partir du suivi des principaux marchés agricoles normand, il est possible d’estimer les pertes constatées depuis le début de la crise et d’ainsi déterminer un effet crise, en faisant l’hypothèse non négligeable de considérer le reste de l’année comme « normal ».
Sur les 3 mois du 15 mars au 15 juin, l’effet de la crise de la Covid-19 sur l’agriculture normande peut être estimé à une perte de 22 millions d’euros environ. Il s’agit ici d’une perte globale, qui est la somme des effets positifs et des effets négatifs à l’échelle de la Normandie, alors que ces effets ne sont pas ressentis dans les mêmes exploitations et les mêmes filières.

Une activité intense durant l’été

Les deux mois d’été ont permis à de nombreux secteurs agricoles un certain rattrapage du manque à gagner du confinement. Ceci est principalement dû à une très bonne activité touristique. Les secteurs de l’agritourisme, de l’horticulture et cidricole ont plutôt bien fonctionné. Cependant, la fidélisation des nouveaux clients du confinement en vente directe  est loin d’être certaine. Les commandes des secteurs de la restauration et d’accueil de groupe, ainsi que toute l’activité autour des grands rassemblements culturels manquent cependant à l’appel. Les incertitudes restent grandes,  tant sur la demande intérieure qu’à l’export, dans un contexte européen de préparation au Brexit.

POUR EN SAVOIR PLUS
Vous pouvez suivre les différents travaux sur la Covid-19 sur le site internet des Chambres d’agriculture de Normandie : www.normandie.chambres-agriculture.fr/conseils-et-services/gerer-son-ex…
Assistez à notre évènement sur la Covid-19 le 23 septembre prochain : www.normandie.chambres-agriculture.fr/a-proximite/evenements-agenda/det…
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