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La plus parisienne des caves cidricoles normandes

Avec ses racines ancrées à une centaine de kilomètres de Paris, le Pressoir d’Or joue la carte de la modernité, de la tradition et de la communication. Plus de 5 000 visiteurs s’y bousculent de janvier à décembre et 150 000 cols sont commercialisés à la boutique ou via la GMS (Grande et Moyenne Surface).

« Les grandes cultures, j’en ai fait un peu le tour. Le cidre, c’est plus motivant ». En cet été 2016 aux moissons déprimantes, Eric Doré garde quand même le sourire grâce à ce qui n’était au départ qu’une diversification. Oh bien sûr, on a toujours produit du cidre à la ferme, « 200 à 300 bouteilles par an pour la consommation familiale ».

Une diversification au départ
Bref retour en arrière au milieu des années 80. L’époque des jachères mais l’acte de ne rien produire sur ses terres ne sied guère dans l’esprit Vexin Normand. L’exploitation familiale est alors une référence dans le domaine de l’élevage, porcin et ovin plus particulièrement. Les nombreuses plaques glanées dans les concours ornent encore aujourd’hui l’ancienne étable. Mais « l’élevage, ce n’était pas vraiment mon truc », se souvient Eric qui voulait « faire quelque chose d’autre ». Est-ce par filiation(1), toujours est-il qu’Eric se tourne alors vers la pomme à cidre.
14 ha de vergers basse-tige sont replantés en 1987. Suit une seconde tranche de 7 ha puis une troisième... En 2016, le verger comptabilise 27 ha d’un seul tenant, des anciens herbages à moutons, pour un rendement d’environ 40 T/ha. Il pourrait même s’agrandir si la conjoncture céréalière venait à perdurer. 20 % de la récolte est transformée et commercialisée à la ferme. Les 80 % restants sont livrés à Agrial.

Première bouteille et première médaille
La première bouteille est sortie en 1993. L’année de la première médaille aussi. En or, excusez du peu. « Une médaille, c’est important, certifie Eric Doré. Le jour des résultats, nous sommes sous pression. Si le CGA (ndlr : Concours Général Agricole au Sia à Paris), reste la référence, il y a désormais aussi le concours de la St-Jean qui monte en puissance sans oublier les Vinalies (ndlr : concours international) référence pour la GMS ». Une GMS avec laquelle Le Pressoir d’Or travaille en quasi parfaite harmonie. Pas étonnant cependant. Le cidre et ses dérivés, à contrario des produits laitiers ou carnés, ne constituent pas pour la grande distribution un segment de masse.

Un produit tendance en GMS
« C’est tendance la production locale en GMS. Ils cherchent des structures de proximité et à taille humaine », explique notre producteur avant de compléter : « c’est du boulot. Margaux (ndrl : la fille d’Eric) fait beaucoup d’animations, plus d’une soixantaine depuis 2011. C’est de la communication ». La meilleure sans doute des façons d’échanger avec le consommateur. Consommateur des villes et consommateurs des champs qui parfois sont les mêmes.
Dans la boutique, Christine Clérisse (à l’accueil depuis 1997) confirme. « Je reçois beaucoup de personnes de la région parisienne qui repartent avec un carton mais ils me demandent aussi dans quelle grande surface, près de chez eux, ils peuvent se réapprovisionner ».
Et ça marche dans les deux sens. Une animation en magasin génère aussi du flux de la ville à Boisemont. Pas étonnant donc que le prix de vente à la ferme et en GMS soit identique. Sur le sujet, Eric Doré est transparent. « C’est nous qui fixons nos prix, 3,50 € l’unité, sans contractualisation de volumes ».

Entretenir une image haut de gamme
« J’ai tout appris. J’ai tout découvert », se plait à résumer Eric Doré mais la remise en cause est quotidienne. « Nous avons toujours eu l’esprit haut de gamme mais il faut entretenir cette image avec des produits de qualité ». Dans cette quête du mieux-disant, l’entreprise a beaucoup investit. Fini la presse ambulante que l’on faisait venir dans les premières années, la haute technologie s’est invitée dans les lieux. Elle cohabite avec un bâti séculaire aux charpentes boisées grandioses et un peut-être futur musée de l’outil cidricole d’antan qui fait le bonheur des visiteurs.
Ils sont 5 000 par an à fréquenter les lieux. « Ce matin, nous avions des Anglais et des Belges. En août, c’est beaucoup d’étrangers », commente Christine. Autre point haut de fréquentation : Noël avec les coffrets cadeaux. « Il y a parfois la queue devant le magasin. C’est une clientèle plus de proximité ». Même le verger se visite en bus, commentaires à la clé, histoire d’aller du champ au verre. Sans oublier internet. « Mais c’est avant tout une vitrine, tempère Eric Doré. Avec les coûts d’expédition, ça devient presque prohibitif ». 

Merci la collective
Le Pressoir d’Or poursuit sa montée en puissance en enrichissant sa gamme. De la simple bouteille de cidre avec un peu de jus, un peu de vinaigre et un peu de confiture des débuts, l’offre comprend désormais un cidre de glace, du pétillant pomme-framboise et du cidre rosé. « En rupture de stock l’an dernier, avoue Eric Doré. Nous devons mieux apprendre à gérer nos volumes ».
Quant à l’avenir, la sérénité semble l’emporter. Tout d’abord parce que l’entreprise a su innover. « Conditionnement en petites bouteilles, des étiquettes plus jeunes, plus modernes transparentes... ».
Ensuite parce que l’entreprise est référencée. « Le Guide du Routard, le Petit futé, les offices de tourisme, le réseau Bienvenue à la ferme... ».
Enfin parce que le renouvellement des générations est une réalité à plusieurs niveaux. Sur la ferme tout d’abord puisque Margaux est désormais 100 % pur jus Pressoir d’Or. Ensuite et collectivement, « parce qu’il y a de plus en plus de consommateurs jeunes. Nous avons beaucoup de clients qui ont moins de 30 ans ». Eric y voit le fruit de la communication collective. « Elle aide chacun d’entre nous. Après la soirée perchée à Paris, nous avons eu de super retours. Je ne comprends pas certaines polémiques. Il ne faut surtout pas opposer les uns aux autres ».
Ainsi, la belle étiquette Cidre du Pays du Vexin Normand avec en reproduction le Château Gaillard (un clin d’œil aux grands crus bordelais), les campagnes de communications dans la presse locale (papier et radio) ou les bons coups médiatiques comme Esprit Cuisine ne sont que le prolongement ou le complément d’une communication interprofessionnelle et générique.
Parole de boisemontais.



(1) : Jean Pinchon (figure du monde cidricole aujourd’hui décédé) était son oncle

Pratique
• Horaires de la boutique
Lundi : 9 h - 12 h // 14 h - 18 h - Mardi : 9 h - 12 h // 14 h - 18 h
Mercredi : 14 h - 18 h - Jeudi : 9 h - 12 h // 14 h - 18 h
Vendredi : 9 h - 12 h // 14 h - 18 h - Samedi : 14 h - 18 h
• Le Pressoir d’Or - 57 route des Andelys - Saint-Jean de Frenelles
27150 Boisemont
• Contacts - Tél : 02 32 69 41 25 - Fax : 02 32 69 43 17
contact@pressoirdor.com

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