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Sur France 3 Basse-Normandie
“La voix est libre” mais transformateurs et grande distribution refusent de la prendre

Transformateurs et grande distribution voulaient sans doute se faire discrets en déclinant l’invitation de France 3 Normandie à l’occasion de son émission “La voix est libre” consacrée à la crise laitière et diffusée samedi dernier à 11 h 30. Une bizarrerie quand on sait qu’ils dépensent, sur ces mêmes ondes ou leurs consœurs des autres chaînes télévisées, des fortunes pour faire passer leur message publicitaire.

Avaient-ils peur de débattre avec des journalistes, avec Gérard Becher (représentant des consommateurs UFC Que choisir), avec Michel Lafont (économiste à la CRAN/Chambre Régionale d’Agriculture de Normandie) ou avec Jean Turmel (responsable Lait de la FRSEA) ? Avaient-ils des choses à cacher ? Jean Turmel n’a pas manqué, en préambule, de souligner cette absence tout en formulant son hypothèse : “la caméra est un instrument qui mesure la sincérité des gens et je crois que ces gens là auraient du mal à expliquer que, comme les producteurs de lait, ils perdent beaucoup d’argent”.
En tant que responsable Lait, il en a même rajouté une louche (normal) en guise de conclusion : “la perte annoncée dans les 6 mois qui viennent représente en Basse-Normandie 60 Me, au niveau national 700 Me. Ils sont pris dans la poche du producteur. Ils ne profitent pas au consommateur. On ne sait pas où ils vont !”
Même incompréhension du côté de l’UFC Que Choisir, graphique à l’appui. Le prix du lait en quelques mois dans le caddie a grimpé de 4 % alors qu’il est payé 12 % de moins au producteur. “Que le prix à la production baisse ou augmente, le consommateur est perdant dans tous les cas, a fustigé Gérard Becher. Nous sommes favorables a priori à la concurrence et l’injonction de la DGCCRF au départ ne nous a pas choqués. Mais cette concurrence est faussée par le rapport de force entre des distributeurs très puissants et de petits producteurs. Nous ne sommes donc pas hostiles à un encadrement plus important”.

Consensus
Un avis partagé par Christiane Angot, porte-parole de la Confédération paysanne, interviewée pour l’occasion : “que le ministre mette en place des régulations. On veut des quotas adaptés à la consommation pour maintenir une rémunération correcte des paysans avec un prix accessible au consommateur. L’Etat doit jouer son rôle sinon ce sont les financiers qui vont gouverner l’agriculture et l’alimentaire”. Une approche partagée par Jean Turmel : “sur l’ajustement de la production, nous sommes d’accord avec la Confédération paysanne. Par contre, la Coordination rurale, chez nous, n’est pas tout à fait sur la même longueur d’onde”.
Mais ce n’est pas le chemin de la maîtrise des volumes qu’a décidé d’emprunter l’Europe avec un relèvement des quotas de 1 % en 5 étapes avant leur suppression en 2015. “C’est grotesque, déplore Jean Turmel. La commission s’est fondée sur le fait que la consommation et l’exportation de fromages allaient beaucoup augmenter pour justifier une hausse de production. Or, depuis 6 mois, l’exportation de fromages a baissé de 10 %”.

Un Moulinex tous les ans
Tous les producteurs de lait sont touchés par la crise. Les  petits bien sûr mais aussi les autres qui ont fait des investissements plus importants. “proportionnellement, la difficulté est quasiment la même”. Mais la France laitière, qui comptabilise encore 95 000 producteurs, risque d’accuser encore un peu plus le coup avec les nouvelles mesures européennes. “ 5 000 producteurs en moins chaque année. On perd un Moulinex par an”, analyse le représentant de la FRSEA. Et pourtant, “il n’y a aucun secteur qui a autant évolué que l’agriculture en 50 ans. Je souhaite, quand on est en période de baisse des prix importante comme celle là, que le consommateur en profite. C’est conjoncturel mais structurellement, il va falloir que nos concitoyens comprennent que le prix à payer pour manger est aussi important que le prix à payer pour se soigner, pour éduquer ses enfants, pour accéder à l’information”, a martelé Jean Turmel.

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