L’agroforesterie s’implante en Normandie
Depuis plusieurs années, l’agroforesterie revient sur le devant de la scène agricole.
Il s’agit de l’association sur une même parcelle d’arbres et de productions agricoles (cultures ou élevage). Les arbres peuvent avoir différentes formes (buissons, taillis, haut-jets) et être autour ou dans la parcelle. La Normandie est déjà bien connue pour ses paysages agroforestiers : bocage, prés vergers, clos masures, alignements d’arbres têtards …
Produire de l’énergie avec les haies
Le contexte énergétique de ces dernières années a fait ré-émerger le rôle énergétique des haies. Dans les zones rurales où les haies sont bien présentes, des filières locales de production de bois énergie voient le jour. Les évolutions technologiques tant sur les chaudières que sur le matériel d’exploitation des haies permettent de remplacer les fastidieux chantiers « bois buches » par des chantiers « bois déchiqueté » plus « faciles ». Après abattage, les arbres tels quels sont entièrement déchiquetés aux moyens d’outils adaptés produisant ainsi un combustible fluide, séchant très rapidement (5 mois contre 18 pour des buches) et permettant un usage domestique aussi souple que les énergies fossiles (alimentation automatique et continue des chaudières, programmation des besoins de chaleur, décendrage automatique).
Economiquement parlant, que ce soit pour un usage personnel, ou dans le cadre de filière d’alimentation de chaufferies locales, le bois déchiqueté tire son épingle du jeu, sans oublier que cela libère du temps pour l’exploitant. En effet, il faut 2 à 3 fois moins de temps pour traiter un même linéaire de haies en bois déchiqueté par rapport à la production de bois buche.
Aussi bien dans l’Eure qu’en Seine-Maritime, des filières locales de production de plaquettes issues des haies voient le jour, dans un esprit « circuit court ». Par endroit, elles engendrent la plantation de haies, afin d’augmenter le capital bois des exploitations. Des plans de gestion de haies, réalisés par les Chambres d’agriculture, sont réalisés pour appréhender ces aspects d’exploitation bocagère et de plantations.
Produire du bois d’œuvre au milieu des cultures
Une autre dimension, apparue dans les années 2000, consiste à planter des lignes d’arbres dans les parcelles. C’est l’agroforesterie intra parcellaire. L’objectif est de produire du bois d’œuvre tout en maintenant l’activité agricole sur les parcelles ainsi plantées. Les travaux menés depuis les années 1980, ainsi que les retours d’expériences d’agriculteurs ayant réalisé ce type de plantation il y a plus de 40 ans, ont montré que dans cette configuration les arbres poussaient plus vite et que les cultures toléraient la présence des arbres. Au final, si le rendement des cultures diminue plus ou moins selon la densité, avec le temps, le bois produit permet un gain de productivité (plus de biomasse produite) et de rentabilité (liée à la vente des grumes et autres produits issus des arbres). Néanmoins, ces résultats ne peuvent être obtenus que par la prise en compte au moment de la conception des projets de la nécessité d’avoir des cycles végétatifs complémentaires entre les arbres et les cultures, et d’être en capacité de régulièrement élaguer les arbres pour optimiser leur qualité.
Une dynamique en marche et un GIEE pour l’avenir
Tant pour les haies que pour l’agroforesterie intraparcellaire, les questionnements de la part des agriculteurs ont entrainé les Chambres d’agriculture à organiser de nombreuses réunions d’informations sur ces systèmes agroforestiers.
Pour l’agroforesterie intra-parcellaire, ces réunions ont donné lieu à de nombreux contacts pour la réalisation d’études de faisabilité. Et ces études ont pour certaines été suivies de réalisation. Ainsi, près de 200 ha d’agroforesterie intraparcellaire ont vu le jour dans l’Eure et en Seine-Maritime, chez près d’une vingtaine d’agriculteurs. Les densités de plantation oscillent entre 30 et 50 arbres par hectare, et concerne le plus souvent des parcelles de cultures.
Le développement des projets intraparcellaire a conduit la Chambre d’agriculture de l’Eure à structurer un groupe d’agriculteurs agroforestiers. Une des premières actions fut d’organiser un voyage d’études en Charente-Maritime et dans le Gers en avril 2015. Un voyage qui a confirmé l’envie des agriculteurs de se structurer afin de favoriser les échanges.
Ainsi, en septembre 2015, fut créé l’ADAN : Association pour une Dynamique Agroforestière en Normandie. Cette association regroupe des agriculteurs ayant planté au milieu de leur parcelle, ayant des haies, des vergers et souhaitant travailler sur l’intérêt des arbres en agriculture.
Fin 2015, ADAN a déposé un dossier de constitution d’un GIEE (groupement d’intérêt écologique et économique) sur l’agroforesterie auprès de la DRAAF de Haute-Normandie et en janvier dernier, ce GIEE Agroforesteries en Normandie a été agréé. Regroupant une dizaine d’exploitation, il œuvre entre autre à l’acquisition de références locales sur les systèmes agroforestiers, à diffuser ces connaissances et à favoriser les échanges entre agriculteurs. L’animation de ce GIEE a été confiée par ADAN à la Chambre d’agriculture de l’Eure.
Plus de renseignements :
Yann Pivain : 02 32 35 95 32
yann.pivain@agri-eure.com
ADAN
L'association ADAN, association pour une dynamique agroforestière en Normandie, a pour objectifs:
- de promouvoir les systèmes agroforestiers, dans leurs diversités, auprès des acteurs du développement rural ;
- de structurer un réseau d’agriculteurs agroforestiers en Normandie ;
- de renforcer les connaissances et leurs diffusions ;
- de permettre l’émergence de nouvelles approches du rôle et de la gestion des systèmes agroforestiers dans les exploitations.
Elle souhaite être un espace d'ouverture et d'échanges où de nouveaux acteurs sont bienvenus. ADAN porte le GIEE Agroforesteries en Normandie, agréé en janvier 2016.
Association pour une Dynamique Agroforestière en Normandie
3 bis impasse des Petits Prés - Hameau de Lorey
27640 Breuilpont
Contact : Yann Pivain (secrétaire) : 06 73 28 33 98