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Lait : enfin un accord

A l’issue d’une réunion entre les représentants des organisations de producteurs et Lactalis, le 25 août, aucun accord n’avait été trouvé sur une revalorisation du prix. La situation s’est finalement débloquée mardi 30 août.

Un accord a finalement été trouvé entre les producteurs de lait et leur collecteur Lactalis le 30 août, après une réunion qui s’est tenue le matin en préfecture de Laval. Le prix fixé est de 290 euros en moyenne sur les cinq derniers mois de l’année (contre 257 € initialement proposés par Lactalis au mois d’août), soit une augmentation de 5 euros du prix aux 1000 L. Tous les mois (de 280 € en août à 300 € en décembre), pour une moyenne de 275 € sur l’année. Le secrétaire général de la FNSEA, Dominique Barrau, a salué cet accord comme « une étape de franchie », et s’est dit satisfait de voir Lactalis revenir sur des niveaux de prix similaires à ses concurrents. La FNSEA souhaite néanmoins un rendez-vous avec le président de Lactalis, Emmanuel Besnier, pour discuter de l’avenir de leurs relations commerciales. Un rendez-vous avait été demandé dès le début du mois d’août par Xavier Beulin, président de la FNSEA, qui n’a pas obtenu de réponse satisfaisante depuis.


Au préalable

Le premier geste consenti par le groupe laitier avait été jugé insuffisant par les producteurs. A l’appel de la FNSEA, de JA et de la FNPL, un mot d’ordre national avait été lancé le 29 août pour faire revenir Lactalis à la table des négociations (lire en pages suivantes). La déception était vive après l’échec des négociations entre les organisations de producteurs de lait et leur collecteur Lactalis, dans la nuit du 25 au 26 août. La réunion, qui se tenait à Paris sous l’égide du médiateur des relations commerciales Francis Amand, s’était conclue sans accord après onze heures de discussions. Depuis le 22 août, les producteurs de lait, bloquaient à Laval le siège social du groupe laitier pour dénoncer la faiblesse des prix qui leur sont proposés : 246 € les 1000 L, alors que les concurrents payent au minimum 10 € de plus. Face aux représentants du groupe, les représentants de l’OPCN, l’UNELL, l’APLASE, l’APLBL et l’OPLGO n’avaient pas pu obtenir la revalorisation escomptée, Lactalis ne consentant pas à dépasser 280 € les 1000 L. Face à Lactalis qui a accusé la FNSEA d’une « attitude irresponsable », et au Médiateur qui « a eu l’impression que les représentants des organisations de producteurs n’étaient pas en capacité de prendre des positions », la FNSEA a dénoncé la posture de l’industriel qui « traduit un mépris envers les producteurs ». Sébastien Amand, représentant de l’OPNC et présent à la réunion, n’a de son côté « jamais fermé la porte à la discussion : après onze heures de négociations, il n’y avait pas de honte à arrêter quelques heures pour reprendre le dialogue le lendemain », explique-t-il, « mais le Médiateur et Lactalis ont décidé que l’on devait poursuivre jusqu’au bout de la nuit en se disant qu’ils nous feraient céder. Ce n’est pas au médiateur de décider», s’insurgeait-il. Alors que Francis Amand jugeait qu’il « n’y a plus de médiation possible dans ce cadre-là», le producteur de lait a encouragé son départ : «quand on est médiateur pour l’Etat et que l’on se permet de prendre position pour l’une des parties, on n’est plus dans son rôle. Qu’il retourne dans son placard au ministère».


Trouver « un accord juste »

Le ministre de l’Agriculture a appelé, dans un communiqué diffusé le 26 août, à la reprise des négociations, demandant au médiateur de poursuivre avec détermination sa mission. Les producteurs aussi restaient « déterminés à trouver un accord, mais un accord juste », rappelait la FNSEA et JA, soulignant que « si la France est fière d’un groupe leader mondial du lait, celui-ci ne doit pas oublier qu’il s’est construit grâce à des éleveurs qui lui ont fait confiance ». Pour le président de la FNPL Thierry Roquefeuille, « cette négociation ne pouvait s’affranchir du contexte difficile que nous vivons tous (…), Lactalis doit comprendre que l’avenir de toute une profession et de la filière laitière française est en partie de sa responsabilité». Car même à 280 € les 1000 L., Lactalis serait toujours en dessous d’une bonne partie de ses concurrents comme Laïta (290 €) ou la Laiterie Saint-Père (300 €), un signal négatif envoyé au marché par le leader mondial, quand les coûts de production sont aujourd’hui supérieurs à 300 € les 1000 L. Et les quinze euros de revalorisation finalement annoncés par le groupe au lendemain de la réunion (soit 271 € les 1000 L.) pouvaient presque être vus comme une provocation pour les producteurs. « Lactalis estime avoir fait d’énormes efforts, mais nous on était prêts à lâcher 10 % sur notre moyenne annuelle, eux 5 % », précise Sébastien Amand.


Manifestation nationale

Une nouvelle réunion qui s’est tenue l’après-midi du 26 août en préfecture de Laval n’a pas permis aux deux parties d’arriver à un accord. A la demande de Lactalis, la manifestation qui bloquait son siège social de Mayenne a en outre été dissoute : menacés d’une amende de plusieurs milliers d’euros par heure, les producteurs ont dû évacuer le « rond-point de la honte du lait », où ils étaient installés depuis cinq jours. Le groupe laitier n’est cependant pas parvenu à entamer la détermination des producteurs : « après la déception de vendredi, une grosse mobilisation est en préparation dans l’ensemble des régions », déclarait le président de la FNSEA, Xavier Beulin, le 28 août. Le mouvement, commun avec la FNPL et Jeunes agriculteurs, a fait revenir Lactalis « à la table des négociations avec des propositions décentes ». Au-delà, l’enjeu dépasse la simple négociation conjoncturelle : « ce combat est fondé et légitime, pas seulement à court terme, mais aussi pour créer, à l’avenir, les conditions d’une relation différente entre les agriculteurs et leurs acheteurs », soulignaient les organisations. Finalement, la mobilisation a payé.

Le coucou et le manifestant

A chaque conflit agricole, c’est la même histoire. Intrigués par le phénomène, les médias observent, questionnent, relaient les difficultés et les demandes des agriculteurs qui manifestent. Voilà pour le manifestant. Et puis, le conflit se prolongeant dans le temps, les uns et les autres recherchent l’originalité : comment font ceux qui s’en sortent ? Et c’est là qu’entre en scène le coucou. « Ils sont nuls, moi j’y arrive parce que je suis bien plus doué que les manifestants ». Voilà qui plaît. A ce jeu, notre belle Normandie a d’ailleurs son coucou qui ressurgit lors de chaque conflit agricole sur le même thème : « moi, je suis le meilleur», le tout sur fond de verts pâturages et de fromage au lait cru. Ou comment faire sa publicité personnelle sur le dos de la manifestation du groupe. Sans jamais, bien sûr, donner les chiffres qui relativiseraient la réussite insolente du coucou. Le manifestant a rangé ses banderoles, le coucou peut rentrer dans son nid et attendre patiemment la prochaine occasion de faire sa pub. Attendra-t-il le printemps ?

Persil-Fleur

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