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Installée depuis octobre 2022 au Val Saint Père (Manche)
Laura Nowak dans la peau d'une bergère épanouie

Discrète mais déterminée, Laura Nowak a l'âme d'une éleveuse, elle qui a pourtant débuté par une formation d'ingénieur paysagiste. L'agriculture lui a tendu les bras. Et elle a décidé de devenir bergère dans la baie du Mont-Saint-Michel. Rencontre avec cette jeune trentenaire.

Laura Nowak arrive de la région parisienne. Mais ce n'est pas tout à fait un hasard si elle a posé ses valises au Val-Saint-Père près d'Avranches. Sa maman a une maison du côté de Champeaux. Mais de là à devenir bergère, il y a du chemin qu'elle a su parcourir au fil des années, jusqu'à s'installer en octobre 2022. Pourtant, sa formation d'ingénieur paysagiste qu'elle a suivi à Blois ne la prédestinait pas à ce parcours. " Je me suis rendu compte rapidement que le travail dans un bureau n'était pas fait pour moi ", se rappelle-t-elle.

Attirée par l'agriculture

Alors, elle s'est tournée vers l'agriculture, un secteur qui recrute, en endossant le rôle de bergère en haute montagne. Elle s'est tournée vers la Normandie également en prêtant main-forte en période d'agnelages pour les prés-salés avant de travailler dans une fromagerie à Isigny-le-Buat. Si son projet d'installation n'était pas arrêté, il était en bonne voie, et elle s'est formée sur le terrain pour avoir plusieurs cordes à son arc.

S'intéresser à l'urbanisme

Laura s'est donc mise en quête d'une exploitation à reprendre. " Je voulais acheter mon bâtiment, pouvoir faire des projets, ne pas être limitée par les règles d'urbanisme et être dans une zone agricole ", précise-t-elle. Elle s'était rapprochée du PETR (Pôle d'équilibre territorial et rural) de la Baie du Mont-Saint-Michel pour être sûre. " L'urbanisme a tellement de conséquences pour l'agriculture qu'il faut s'y intéresser dès le départ ", assure-t-elle. C'est donc au Val-Saint-Père qu'elle a trouvé son bonheur après avoir repris une formation de BPREA pendant laquelle elle a pu affiner son projet, travailler sur son plan économique et compléter par une formation à Actalia à Rennes.

Ne pas perdre son temps

" La formation ne fait pas tout. Les stages m'ont permis de travailler sur la gestion, de voir la réalité économique d'une exploitation ", indique-t-elle. Et c'est en octobre 2022 qu'elle s'est installée. Les premiers fromages ont pu être fabriqués en avril 2023. " Il ne fallait pas que ça traîne. Tout était ficelé pour ne pas perdre de temps ", se rappelle-t-elle. Effectivement, elle a pu acquérir le bâtiment d'élevage, pour y installer son laboratoire pour fabriquer ses fromages et la salle de traite d'occasion acquise auprès d'un éleveur qui arrêtait d'être collecté par la laiterie Olga, anciennement Triballat, pour traire son troupeau. Elle a fait le choix aussi de louer des terres. Aujourd'hui, elle peut développer son activité sur 46 ha, dont 10 ha de prairies se situant autour du bâtiment.

Des projets plein la tête

Cette jeune trentenaire ne chôme pas. "Et des projets, j'en ai plein la tête " sourit-elle. Après les yaourts et les fromages, c'est de la glace qu'elle teste à base de lait de brebis bien entendu. Des produits qui trouvent leur place dans le paysage de la Baie du Mont-Saint-Michel auprès des ruraux comme des touristes. " Je n'étais pas commerçante à la base. C'est un vrai métier nécessaire pour pouvoir écouler sa marchandise. Il faut faire sa place, faire connaître ses produits ", explique Laura.

Se sentir intégrée

C'est dans le collectif qu'elle puise aussi des idées, de l'énergie, des conseils... et sans aucun doute Laura se sent acceptée dans ce milieu comme dans cette région. "Il faut faire ses preuves mais mes cédants m'ont aidé à m'intégrer", reconnaît la jeune femme, qui s'est rapprochée également des Jeunes agriculteurs de la Manche. "Ils proposent plein de choses", sourit la jeune femme. Une occasion supplémentaire de rencontrer d'autres agriculteurs. Un atout non négligeable pour celle qui reconnaît "ne pas être de la région, du milieu, et ne pas avoir tous les codes. On s'aperçoit aussi qu'on n'est pas les seuls à galérer "

Une production peu connue

En tant que femme, elle n'a pas eu de frein. Son projet aurait pu faire peur aux banques. Ce ne fut pas son cas. "Pourtant, ce n'était pas une production très connue. Il y a toujours une part de risque même si le prévisionnel a été travaillé", indique la jeune éleveuse.

Aujourd'hui, elle mobilise toutes les compétences de son parcours, comme la création de dessin pour faire son propre logo. Une satisfaction pour cette bergère épanouie dans ce qu'elle entreprend.

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