Le cardan agricole français est normand
L’entreprise PM Didot, basée à Villers-Bocage (14) et rachetée il y a trois ans, veut être la référence nationale du cardan agricole. Si son nouveau propriétaire a déjà percé le marché agricole grâce à Agrial et Bellamy, il vise désormais les constructeurs de machines agricoles et les tractoristes.

Frédéric Jouini, le dynamique patron de PM Didot, entreprise basée aux abords de Villers-Bocage, a racheté la société en 2016. Autrefois importatrice de pièces détachées, PM Didot veut devenir la référence du cardan agricole français. Le marché est actuellement dominé par l’italien Bondioli & Pavesi et l’allemand Waltersheid. Frédéric Jouini a d’abord cherché à rendre son produit crédible, « j’attache beaucoup d’importance à la qualité. J’ai passé vingt-deux ans dans l’automobile, je sais ce que c’est ». En trois ans, il a délocalisé la fabrication de certaines pièces dans des usines chinoises plus performantes, « les mêmes que mes concurrents », et relocalisé certaines étapes de fabrication en France. « La matière brute est importée parce que nous ne sommes pas assez compétitifs, justifie-t-il, mais le reste est fait en France : usinage, trempe, peinture, revêtement. L’assemblage est fait ici. »
L’entreprise qui monte
Depuis un an, les commandes se développent. Un partenariat avec Agrial, opérationnel depuis juin 2019, a ouvert le marché des pièces détachées dans l’ouest de la France. « Nous avons implanté les cardans de PM Didot dans une quarantaine de magasins LaMaison.fr, explique Christophe Desmottes, chef de marché chez Agrial. Le cardan est une pièce très sollicitée qui casse souvent ». Le dépannage doit être rapide. « Nous avons les références classiques dans nos magasins. Si l’agriculteur a besoin d’un autre modèle, il le commande sur le site agrialpro.com. La pièce est livrée en quarante-huit heures. » Serge Anfray, responsable approvisionnement chez Bellamy a eu la même démarche : « nous avons choisi de proposer les cardans PM Didot dans nos cinq sites Same Deutz Fahr. La proximité avec le siège m’évite de stocker les pièces ». Il a en plus fait le lien avec le tractoriste Same Deutz Fahr Lamborghini qui commercialise les cardans de Villers-Bocage dans toute la France. Un développement prometteur qui s’explique par le prix du cardan français, plus bas que celui de ses voisins. « Nous sommes passés à 4% de parts de marché national, indique Frédéric Jouini, je vise les 20%. » L’entreprise a triplé ses effectifs, passant de trois à neuf salariés et son chiffre d’affaires a augmenté de 35% en 2018-2019.
Nouveaux marchés
Le patron villersois ne veut pas se cantonner au marché des pièces de rechange. Son objectif est désormais « la première monte chez tous les constructeurs français » et une ouverture à l’export. Il développe aussi la conception de pièces spécifiques, un sulky d’entraînement est en cours d’étude, « des axes de développement complémentaires », résume l’entrepreneur. PM Didot a bénéficié d’un prêt de la Région Normandie à hauteur de 350 000 €.