A St-Jean-Le-Blanc (14)
Le diagnostic énergétique se “dexelise”
Agri Energie constitue une des portes d’entrée du vaste chantier PPE. Sans être exhaustif, il invite à la réflexion.



Au sein du groupe Lait dans lequel Vincent Hue, producteur de lait à St-Jean-le-Blanc/14, mutualise et compare ses résultats technico-économiques, les premiers éléments du diagnostic énergétique font désormais débat. Une initiative de la Chambre d’Agriculture du Calvados portée notamment au cœur du bocage. “Cet outil, c’est un peu le Dexel énergétique”, ose Antoine Herman, technicien. Un outil qui permet d’ébaucher les premiers points de réflexion. Il s’appelle Agri Energie et a été développé dans un premier temps par les Chambres d’Agriculture de Bretagne.
Moins d’électricité pour produire 1 000 l de lait
A ce jour, quelques soixante agriculteurs du Calvados sont passés à la moulinette d’Agri Energie. Les premières réunions de synthèse et de restitution ont démarré en novembre 2008 par groupes. Vincent Hue était de ceux là. Il a pu constater que pour produire 1 000 litres de lait, il consommait 4,20 e d’électricité. Un bon ratio quand d’autres affichent 8 e. Un rapport de 1 à 2 qui tend même vers le 1 à 3 dans d’autres groupes. Une marge de manœuvre en pleine bataille du prix du lait avec un enjeu d’une bonne dizaine d’euros aux 1 000 litres ? Pas si simple ! On ne peut comparer que ce qui est comparable et Antoine Herman évite tout raccourci. Il suffit par exemple d’une chaîne de raclage de lisier sous la stabulation pour faire exploser la consommation. “Nous en sommes au stade de la mutualisation des données pour, dans un second temps, établir des références par système de production”. C’est bien là tout l’enjeu. Si Agri Energie et Planète (son cousin), avec leurs avantages mais aussi leurs limites, sont tous deux homologués par l’Etat, ils se fonderont en un outil unique vers 2010. Entre temps, ils essuient les plâtres et dépoussièrent le chemin du diagnostic énergétique référant. “Nous sommes au stade du constat et de la sensibilisation des agriculteurs à la problématique énergétique ”, précise Antoine Herman.
Fioul : de 2,60 à 7,5 e/1 000l
De ces petites choses qui façonnent un prix de revient et dans lequel finalement l’électricité (car peu chère en France ) ne joue qu’un rôle secondaire, le poste fioul est également analysé au travers du tamis d’Agri Energie. Un diagnostic qui détaille le fioul consommé par les travaux des champs et celui consommé autour de l'élevage. Là aussi, le décryptage met en exergue des différences significatives. De 1 h 50 à 3 h pour affourager le troupeau pour une facture variant de 2,60 à 7,50 e ramené aux 1 000 litres. Un différentiel qui s’explique aisément : entre un libre-service et une ration distribuée deux fois par jour , “y a pas photo”, en terme de consommation de fioul. Nonobstant, consommer moins en changeant simplement certaines (mauvaises) habitudes tout en conservant le même système peut s’avérer payant. Est-il besoin par exemple, en ration mélangée, de laisser tourner pendant de longues minutes la remorque mélangeuse alors que le temps de transit du silo à la table d’affouragement suffit à un bon mélange ?
Savoir lire les résultats
“Il faut savoir lire les résultats et essayer d’interpréter les meilleurs en se posant cette question : puis-je faire la même chose ? ” résume Vincent Hue. Car en effet, si Agri Energie n’apporte aucune solution toute faite, un tel diagnostic a le mérite de jeter les bases d’une réflexion, voire d’un début de remise en cause. Réflexion que notre agriculteur mène, in fine, depuis son installation. “Tout nous ramène au système fourrager. C’est un sujet sur lequel j’ai toujours travaillé”. Le fond de sa pensée : “plus d’herbe et moins de maïs”, résume-t-il. Une ligne directrice qui conforte la ferme expérimentale de la Blanche Maison dans son approche. Moins de maïs ne voulant pas dire zéro maïs mais privilégier les circuits fourragers courts en dépensant un minimum d’énergie fossile.
En attendant 2010/2011, terme des expérimentations menées dans la Manche sur les systèmes fourragers, les diagnostics énergétiques des exploitations agricoles vont essaimer. Ils vont enrichir une base de données qui permettra, à terme, de dégager de grandes lignes directrices. A l’heure de la volatilité extrême des prix, de nouveaux indicateurs de rentabilité voient le jour. En 2 heures consistant à collecter vos données pour les mouliner à travers Agri Energie, faites-vous une première idée.