Eau
Le Préfet du Calvados se mouille à la Coopérative de Creully
Stocker l’eau en hiver pour irriguer l’été permettrait de ne pas taper dans l’enveloppe de pompage qui restera plafonnée à 3 millions de m3. Même si le dossier reste complexe, Philippe Court (Préfet du Calvados) s'est dit favorable aux retenues collinaires, mardi 23 mars 2021.
Stocker l’eau en hiver pour irriguer l’été permettrait de ne pas taper dans l’enveloppe de pompage qui restera plafonnée à 3 millions de m3. Même si le dossier reste complexe, Philippe Court (Préfet du Calvados) s'est dit favorable aux retenues collinaires, mardi 23 mars 2021.
Philippe Court a répondu favorablement, mardi 23 mars 2021, à l’invitation lancée par Pascal Desvages (président de la coopérative de Creully) et Jean-Yves Heurtin (président de la Chambre d’agriculture du Calvados). Thème du jour, l’agriculture biologique mais la thématique de l’eau s’est largement infiltrée dans les débats.
Droit à 3, besoin de 5,2
L’enjeu est simple : accompagner le développement de nouvelles cultures (lentille, pomme de terre, soja...) notamment pour booster le plan protéine et combler le vide laissé par une betterave sucrière sacrifiée sur l’autel de la mondialisation. Maintenir également des cultures de niche, comme l’oignon qui ne peut pas se passer d’irrigation, dans un contexte de réchauffement climatique qui va faire de l’eau le pétrole vert du XXIe siècle. A ce jour et pour faire simple, le droit de pompage dans la nappe phréatique de la Ferme Calvados (et une partie de la Ferme Orne) est de 3 millions de m3. Un plafond de verre alors que les besoins futurs sont estimés à 5,2 millions de m3.
Un delta de 2,2 millions de m3 qui pourrait être pompé dans des retenues collinaires à créer a proposé Philippe Court. Dans une autre vie, il a accompagné de tels projets. « Ce n’est pas simple et c’est onéreux », reconnait le représentant de l’Etat. La volonté politique est donc acquise. « Je n’ai qu’une crainte, ne partez pas trop vite », a souligné Jean-Yves Heurtin. Reste le volet économique. « L’an dernier, un de nos producteurs de pommes de terre a bénéficié d’un épisode orageux que les autres n’ont pas eu. Il a fait 8 tonnes de plus à l’hectare », a illustré Pascal Desvages.
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Rester raisonnable, même en bio
Autre sujet évoqué : l’agriculture biologique. Depuis six ans, la sole départementale a été multipliée par deux. « Il ne faut pas voir le bio comme une philosophie mais comme un développement », a prévenu Jean-Yves Heurtin tout en estimant que « c’est plus compliqué en productions végétales. Il faut nouer des partenariats avec les éleveurs pour donner du sens aux rotations ». Et du sens, c’est ce que s’évertue à atteindre la coopérative de Creully. Elle s’y est lancée en 2018 en partenariat avec Agronat avec pour objectif « de mettre à disposition des adhérents de la coopérative et des agriculteurs du département et des départements limitrophes les mêmes moyens que ceux de l’agriculture conventionnelle », a rappelé son directeur, Stéphane Carel. Au bilan, les volumes collectés sont passés de 1 435 t (2018/2019) à 3 700 t (2020/2021) avec un nombre d’apporteurs passant de 39 à 59. A Creully, on pousse donc les murs pour accompagner cette croissance tout en restant mesuré. « Attention à ne pas déséquilibrer les filières », avance avec prudence Gilles Haelewyn, administrateur de la coopérative et en AB depuis plusieurs années. Allusion à des exploitations céréalières de taille significative qui sont en phase de conversion ou bien encore à la filière laitière dont les besoins sont largement couverts.
Du bio et de l’eau... L’occasion pour certains acteurs du dossier de vouloir imposer leur raccourci, du bio dans les aires de captage. « Ce n’est pas la solution», prévient Jean-Yves Heurtin. Le président de la FDSEA abonde dans ce sens. « Il faut concilier zone de captage et agriculture raisonnée », invite Xavier Hay. Sur ce dossier, la profession compte également sur le représentant de l’Etat pour une approche pragmatique. A suivre.