A Montreuil-l’Argillé (27)
Le SHD pour piloter la récolte fourragère
Guidé par Régis Laffay (Monsieur Herbe à la Chambre d’Agriculture 27), Joël Chesnot gère son herbe aux petits oignons.


Pléthore d’herbe au printemps, parcelles qui commencent à griller mi-juillet... Comment dans ces conditions bien gérer ses 70 ha de prairies pour nourrir 92 vaches allaitantes (et leur suite) avec un fourrage de qualité et le tout sans gaspiller ? Cette équation, Joël Chesnot, éleveur de Charolais et Pie Rouge des Prés à Montreuil-l’Argillé dans le Pays d’Ouche eurois, l’a résolue par une gestion très fine de l’herbe. L’herbomètre constitue l’instrument ad hoc du dispositif. Il permet de calculer le SHD (Stock d’Herbe Disponible- lire ci-dessous) et d’établir des prévisions de pâturage et de fauche.
15 jours de stocks avant de mettre à l’herbe
Avant de mettre à l’herbe, Joël Chesnot attend que le feu passe au vert. Seuil exigé : 15 jours d’avance d’herbe en stock. Auparavant, avec son technicien, il aura établi une prévision de pâturage. “On se base sur les références des années précédentes, explique-t-il. A chaque bloc de parcelles, on affecte un lot d’animaux en respectant un chargement moyen de 37 ares/UGB. Une fois que tous les animaux sont répartis, les parcelles à faucher se profilent”. La mise à l’herbe débute fin mars avec les génisses de 2 ans. Les plus jeunes suivent, puis les vaches suitées des plus gros veaux. Mi-avril, les dernières vaches avec nouveaux nés sortent enfin. Plus aucun animal sous la stabulation jusqu’au 15 septembre. Joël pratique un pâturage tournant sur ses îlots avec un retour sur parcelle au printemps tous les 21 jours. 12 à 15 cm de hauteur d’herbe à l’entrée des animaux, 5 à 6 en sortie avec passage systématique de l’ébouseuse pour étaler taupinières et bouses limitant ainsi le gaspillage.
Un point intermédiaire vers le 10 mai
Dans cette même logique de qualité et de quantité, Régis Laffay et Joël Chesnot resortent l’herbomètre vers le 10 mai. Si le verdict tombe à plus de 3 semaines de SHD, on augmente les surfaces de fauche. “Mieux vaut donner de la bonne camelote en râtelier qu’une herbe de mauvaise qualité à pâturer”, insiste notre éleveur. “La fauche, c’est notre variable d’ajustement”.
De l’enrubannage pour faucher tôt
Joël Chesnot privilégie l’enrubannage au foin “car il permet de faucher tôt (mi-mai) et de disposer un mois après d’un regain plus particulièrement apprécié en été”. Un enrubannage de qualité aussi qui constitue l’essentiel de la ration hivernale : jusqu’à 0,8 UF qui évite toute complémentation. Voire même, en fonction des animaux, qu’il faudra rationner et ajuster avec de la paille. L’herbe est fauchée à la conditionneuse, fanée le lendemain et enrubannée à J + 3 par entreprise. L’objectif est d’atteindre 65 à 75 % de taux de MS (Matière Sèche). Au total, notre éleveur consomme 1 000 boules/an pour 150 UGB. Soit au bilan 280 T de MS de fourrage pour passer l’hiver de façon autonome. Autonomie qui rime avec économie équivalant à 140 e de marge brute par vache!
Comment calculer votre SHD ?
Calcul du SHD (en jours d’avance de pâturage pour le troupeau)=
(moyenne des mesures herbomètre-6cm) X coefficient de densité de MS X nombre d’ha : Besoins totaux quotidiens du troupeau pâturant
• Connaître le SHD (Stock d’Herbe Disponible) sur votre exploitation permet de piloter la récolte fourragère. Vous profitez pleinement de l’explosion de la croissance de l’herbe au printemps en limitant le gaspillage et vous vous assurez de la couverture des besoins du cheptel entre le temps de la fauche et le temps de repousse. Les besoins quotidiens des bovins allaitant au pâturage sont variables :
- vaches suitées : 17 kg de MS,
- taureau : 15 kg de MS,
- élève de 2 à 3 ans : 12 kg de MS,
- élève de 1 à 2 ans : 9 kg de MS (références ITCF/Agro-système).
Densité en kg de MS/cm au dessus de 5 cm selon la période et le type de prairies :
- RGA : de 175 (mars/avril) à 225 (juillet/septembre),
- RGA/TB : de 200 (mars/avril) à 250 (juillet/septembre),
- Prairies permanentes : 250 .