Visite
Le sous-préfet de Vire prend le pouls de la ferme bocage
Mercredi 10 février, Pierre-Emmanuel Simon, sous-préfet de Vire, a visité le Gaec Destigny à Valdallière. L’après-midi, organisé par la Chambre d’agriculture, avait pour but de montrer au représentant de l’État la réalité des exploitations dans le bocage.
Mercredi 10 février, Pierre-Emmanuel Simon, sous-préfet de Vire, a visité le Gaec Destigny à Valdallière. L’après-midi, organisé par la Chambre d’agriculture, avait pour but de montrer au représentant de l’État la réalité des exploitations dans le bocage.
La ferme des Destigny est recouverte d’une fine pellicule de neige. Les collines du bocage sont blanchies. Le thermomètre ne dépasse pas 0°C ce mercredi 10 février. Jolie carte postale pour accueillir Pierre-Emmanuel Simon. Le sous-préfet de Vire, arrivé en poste le 22 juin, est novice sur les questions agricoles. Et le magistrat administratif le dit facilement : « je ne suis pas issu de la ruralité. J’ai demandé à visiter des exploitations ». En décembre, la Chambre d’agriculture, sous la houlette de son président Jean-Yves Heurtin, l’a emmené au Gaec Naturellement normande, à Landelles-et-Coupigny chez Janine et Denis Lelouvier, producteurs de camembert fermier AOP bio. « J’ai demandé à voir différents types d’exploitation car il existe une diversité de modèles économiques. »
« Système classique »
Deux fermes deux ambiances donc. Le Gaec Destigny, association d’Hélène et Jean-Louis avec leur fils Quentin, compte 190 Prim’Holstein, traites par trois robots pour 1 900 000 l de lait. Et 60 taurillons. Côté SAU, ce sont 48 ha de blé, 2,5 ha d’avoine, 40 ha de prairies, 35 ha de dérobées et 107 de maïs. « Nous avons un système classique. Nous tendons à diminuer la base de maïs au profit de l’ensilage d’herbe et de cultures dérobées », informe Hélène Destigny. « L’exploitation en agriculture conventionnelle est représentative du bocage. Nous souhaitons mettre M. le sous-préfet au fait des problématiques agricoles », explique Jean-Yves Heurtin.
Tour de ferme…
Le tour de ferme a été l’occasion pour les producteurs présents, élus Chambre et représentants locaux, d’aborder divers sujets d’actualité. Comme la question du bien-être animal. « Nous sortons les vaches taries, de mars à novembre. Quand nous avons installé les robots, les laitières avaient accès à l’extérieur mais elles restaient en bâtiment. Alors, elles ne sortent plus », explique Hélène Destigny. Ainsi vient la question du bien-être animal. « Nous mettons en place des indicateurs de mesure dans la charte des bonnes pratiques d’élevage : accès à l’eau, boiterie, propreté et approche des animaux », illustre, à titre d’exemple, Nicolas Declomesnil, vice-président de la Chambre d’agriculture. Patrice François, responsable du service agriculture à la DDTM, complète : « il existe des socles réglementaires qu’il faut respecter pour être agriculteur. Certains s’engagent dans des cahiers des charges qualitatifs qui vont au-delà de la réglementation ».
… et des questions
Arrive ensuite la question de la valorisation des veaux gras, qui s’achètent une bouchée de pain en élevage laitier. « Un jeune veau malade coûte plus cher en vétérinaire que le prix qu’on va le vendre », regrette Hélène Destigny. Les produits importés sont moins couteux que ceux produits en France car ils ne sont pas élevés dans les mêmes normes. Jean-Yves Heurtin d’enchaîner : « nous n’arrivons pas à lutter face à des pays qui utilisent des produits interdits chez nous. Il faut arrêter de laisser entrer ces denrées, cela soutiendrait nos filières ». Quant aux vaches de réforme, « c’est la catastrophe », s’accordent les éleveurs. Les prix achetés aux producteurs sont en berne. « Il existe une différence entre l’attente sociétale et le comportement du consommateur. Entre ce que nous sommes capables de vendre et ce que les gens achètent », regrette le président de la Chambre.
Glaner des pistes de travail
La visite a permis au sous-préfet de « prendre le pouls. Je vois que les éleveurs sont préoccupés par le bien-être de leurs animaux ». Pierre-Emmanuel Simon a aussi glané quelques pistes de travail : « Nous avons évoqué le travail de replantation des haies. Pour cela, nous avons deux leviers : orienter les dotations et susciter de l’intérêt chez les élus locaux ; les inclure dans les projets de territoire CRTE (Contrats de relance et de transition écologique). Nous pourrions créer des liens avec l’agriculture, à travers l’accompagnement des collectivités qui souhaitent mettre en place des circuits courts. Cet accompagnement ayant vocation à être intégré dans les CRTE. Cela peut constituer un déboucher local pour les agriculteurs du territoire et renforcer les liens entre les citoyens et la profession. »