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L’eau génère des tensions à la Chambre

En session mardi 23 novembre, la Chambre d’agriculture du Calvados a largement évoqué le thème de l’eau. En présence du préfet et de partenaires, la charte du bien-vivre ensemble a également été signée.

Vifs échanges entre Emmanuel Marie (à droite) et une partie des élus (Xavier Hay à gauche) lors d’un débat sur la délibération relative aux actes de destructions sur les retenues d’eau.
© DR

Face à Philippe Court, préfet du Calvados, le président, Jean-Yves Heurtin a salué « un bon échange, de la confiance » permettant « de travailler sur des dossiers particulièrement délicats ». Le sujet de l’eau a occupé une partie des débats de la session, mardi 23 novembre. Le président s’est tout d’abord dit déçu de « la faible mobilisation » qu’ont suscitée les douze ateliers normands du Varenne de l’eau qui invitaient les agriculteurs à évoquer leurs difficultés liées au dérèglement climatique.

Une synthèse des réunions sera présentée le 16 décembre. L’occasion pour Philippe Court de certifier son « absence d’opposition de principe sur les retenues d’eau », soulignant au passage, « mon message : c’est le volet qualitatif de l’eau potable destinée aux humains qui représente un défi dans les années à venir ». Il alerte sur le fait que les recherches effectuées sur la qualité de l’eau sont de plus en plus poussées et que la présence de résidus, tels que les pesticides est de moins en moins tolérée. « Il faudra prévoir des réductions à venir », avise le préfet, précisant que « la politique d’accompagnement de baisse des intrants est moins chère que le traitement de l’eau pour les Syndicats des eaux ».  

Antibassines et dégradations

C’est aussi un sujet autour de l’eau qui a généré une passe d’armes entre Jean-Yves Heurtin et Emmanuel Marie. Ce dernier refusait de soutenir la délibération mise au vote condamnant les dégradations de matériel survenues le 6 novembre en Charente Maritime autour de bassines d’eau. Emmanuel Marie, dont le syndicat Confédération paysanne a participé aux actions du 6 novembre, revendique le fait que les bassines aient été simplement démontées et non détruites. Il se dit favorable aux retenues collinaires mais pas aux « mega bassines », qui ont des emprises foncières importantes « et qui ne profitent qu’à 5% des agriculteurs, sans aucune remise en cause culturale ».
Jean-Yves Heurtin a rétorqué que le texte réprouve le brûlage de bâches et le non respect de la propriété privée, « sans gestion de l’eau, il n’y aura plus d’agriculteurs, ajoute le président, sans ce type d’installations, pas de souveraineté alimentaire ».

Volailles plein air

Pas rancunier, le président a fait voter une motion, sur la proposition des élus de la minorité, mais qui a été réécrite, sur l’obligation de claustration ou de mise sous filet de volailles plein air. Le territoire est en effet placé en risque élevé à titre préventif d’influenza aviaire depuis le 5 novembre 2021. Les élus ont voté à l’unanimité la demande d’exempter des mesures de claustration ou de mise sous filet les volailles du département destinées aux ventes de fin d’année.

 

Signature de la charte du bien vivre ensemble
« Nous y travaillons depuis un an et demi », rappelle Geoffroy de Lesquen qui présente cette charte comme un document destiné « à mieux se comprendre ». Elle comporte trois parties, s’adressant respectivement au maire, à l’agriculteur et au nouvel habitant. La charte donne des informations sur l’activité agricole et rappelle « quelques principes de cordialité pour éviter incompréhensions ou litiges ». « J’ai été très sensible à cette charte », témoigne Emmanuel Porcq, président de la Chambre des notaires de la Cour d’appel de Caen, « elle est très bien écrite, salue le représentant des 180 notaires calvadosiens, nous sommes les premiers témoins (des difficultés entre habitants et agriculteurs) ». La charte doit désormais être diffusée dans les mairies du département. « Le vrai travaille commence, prévient Geoffroy de Lesquen, il va falloir aller expliquer ça dans les campagnes ».
Les signataires : la Chambre d’agriculture 14 ; l’union amicale des maires ; le conseil départemental ; la Chambre des notaires ; la FDSEA ; JA ; la Coordination rurale ; UFC Que choisir ? ; Agrial ; la Coopérative de Creully.

 

Une nouvelle directrice issue du secteur équin
Pour remplacer Elisabeth Pirat, qui part à la retraite le 15 décembre 2021, Anne de Sainte Marie est arrivée lundi 22 novembre à la Chambre d’agriculture du Calvados, dont elle assumera la direction associée à celle d’un pôle regional normand. Née au Haras du Pin alors dirigé par sa mère, c’est munie d’un diplôme de commerce qu’elle a démarré sa carrière… dans les chevaux. « J’étais plutôt intéressée par des sujets d’encadrement, de filière », révèle celle qui a une appétence particulière pour les sujets d’intérêt général : « à chacun de mes postes, il y avait une résonance collective ». Tour à tour responsable et directrice de l’événementiel du salon du cheval de Paris, puis cheffe de mission pour les JO de Londres au sein de la Fédération française d’équitation (FFE), où elle a aussi assuré une fonction de représentation institutionnelle, Anne de Saint Denis a été directrice d’un établissement équestre durant six ans. Elle a aussi assumé des responsabilités électives au sein de la FFE avant d’en briguer la présidence, qu’elle n’a pas obtenue, à quelques voix près, en avril 2021. Durant sa campagne, Anne de Sainte Marie a rencontré de nombreux acteurs liés à l’agriculture, « j’ai été très intéressée par les enjeux agricoles », elle s’est reconnue dans ces défis « nourriciers, de transition : en matière de sens donné à son action, on ne peut guère faire mieux ».
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