L’interview de Patrice Gauquelin, président d’EDT Normandie
“ L’enfumage du plan de relance ”
Patrice Gauquelin, président d’EDT Normandie qui fédère 170 ETA (Entreprise de Travaux Agricoles) au plan régional, est très remonté contre le plan de relance. En cause : une enveloppe de 20 Me consommée en quelques heures et une iniquité de traitement avec les Cuma.
Patrice Gauquelin, président d’EDT Normandie qui fédère 170 ETA (Entreprise de Travaux Agricoles) au plan régional, est très remonté contre le plan de relance. En cause : une enveloppe de 20 Me consommée en quelques heures et une iniquité de traitement avec les Cuma.
>> Que s’est-il passé en début de semaine dernière ?
Avant cela, il faut recontextualiser le plan de relance pour lequel les entreprises de travaux agricoles avaient été dans un premier temps écartées. Grâce au travail syndical mené par EDT et avec le soutien de certains députés, nous sommes devenus éligibles seulement 3 semaines avant l’ouverture du dispositif. Nous avons alors immédiatement informé nos 170 adhérents de leurs droits.
>> Tout est entré dans l’ordre alors malgré ce retard à l’allumage ?
Loin s’en faut. La procédure ouverte lundi 11 janvier et qui devait se poursuivre jusqu’au 31 décembre 2022 s’est trouvée saturée en moins de 24 heures. Nous ne disposons pas d’une armée d’administratifs pour se connecter dès 4 heures du matin et remplir les formulaires. A ma connaissance, seulement 2 ETA ont réussi à déposer une demande. L’enveloppe de 20 Me a été factuellement consommée en moins d’une journée. Un plan de relance de 24 heures, ce n’est pas sérieux. C’est de l’enfumage.
>> Quels types d’aides avaient ciblé les ETA ?
Celles liées à l’investissement dans du matériel visant à limiter les intrants et favorisant le développement des cultures protéines végétales. En faisant court, tout ce qui va dans le sens du respect de l’environnement comme une herse étrille par exemple. Pour ma part, j’envisageais d’investir dans une autochargeuse pour la récolte de l’herbe.
>> Vous dénoncez également une iniquité de traitement avec les Cuma ?
Je ne veux pas déterrer la hache de guerre, mais la réalité des chiffres est incontestable. Les plafonds d’investissement sont respectivement de 150 000 e pour les CUMA et 40 000 e pour les ETA avec des taux de financement de 50% et 40% soit un maximum d’aide perçue de 75 000 e pour les CUMA et 16 000 e pour les ETA. Soit 375% d’écart en notre défaveur !
>> Avec quelles conséquences potentielles ?
C’est clairement la pérennité de nos entreprises qui est en jeu et des 2725 ETP (Equivalent Temps Plein) qui vont avec sans parler de l’IS (Impôt sur les sociétés) que nous payons tous les ans et qui abonde le budget de l’Etat. C’est donc de l’emploi en milieu rural qui est menacé. Ce n’est pas sans conséquence non plus pour l’agriculteur qui pourrait voir disparaitre demain une offre de services différente. Un peu de liberté en moins dans ses choix de gestion...
>> Que demandez-vous concrètement aujourd’hui ?
Nous avons la semaine dernière, par courrier, alerté tous les députés et sénateurs de Normandie. Nous leur demandons de rectifier le tir sous deux angles : renflouer l’enveloppe pour inscrire le plan de relance dans le durée et rééquilibrer les règles de fonctionnement entre ETA et Cuma.