Témoignage
L’enrubannage, un bon compromis
Pourquoi faire si compliqué ? Étudier le rationnement du cheval de sport c’est plonger dans la complexité et on a parfois du mal à retrouver la logique du rationnement au milieu d’une telle diversité de formulations, de composants alimentaires.
Cela tiendrait-il à l’animal ou est-il possible de faire plus simple tout en garantissant les performances et une maîtrise des charges ?Le cheval valorise très bien les fourrages et à condition de disposer d’un fourrage de qualité, il est possible de faire une ration économique à base de fourrages comme le montre le témoignage suivant.M. De Pas a repris la ferme équestre de Bois Guilbert depuis maintenant 17 ans. Les activités équestres sont : l’élevage de chevaux Islandais, la randonnée, l’accueil de groupes, les cours et les balades. Il exploite avec l’aide de salariés, 143 hectares, dont 38,5 hectares de prairies.Le restant des terres est en polyculture. L’alimentation a toujours été raisonnée à l’économie avec les produits de la ferme.
150 chevaux à nourrir chaque jour
“Chez nous, un jeune en croissance mange autant qu’un adulte qui fait du travail de fond. Nos chevaux ne fournissent pas un effort de compétition. C’est plutôt, un travail d’endurance qui demande des besoins de base. Depuis qu’il y a l’enrubannage, il n’y a plus besoin de complément. Il faut même rationner les chevaux car ils deviennent gras.Actuellement, nous fonctionnons avec des lots de 50 chevaux. Avant, nous faisions deux distributions de fourrage par jour à raison d'une boule ronde à chaque fois. Maintenant, nous ne donnons plus que 1,5 botte par jour en 1 fois, ça évite le gaspillage.Ça représente environ 500 kg brut d’enrubannage par jour pour 150 bêtes et ça prend 1 heure 30 pour tout le site. La ration est constituée de 6 kg de paille, 2 kg de foin et 2 kg MS d’enrubannage. Pour les étalons et les animaux d’élevage, nous distribuons la nourriture deux fois par semaine”.
S’organiser est indispensable
“Nous faisons faire certains travaux par entreprise. Ça nous libère du temps, pour la clientèle ou pour la gestion de l’entreprise. Au niveau de la récolte, il faut deux fois plus de main-d’œuvre et de fioul que pour faire du foin. Mais ce que l’on paie en plus, on le gagne en tranquillité d’esprit et en disponibilité. Le lundi on fauche, le mardi on fane, le mercredi on andaine, on presse et le jeudi tout est ramassé et stocké. Tout est fait en moins d’une semaine”.Un autre point positif pour M. De Pas c’est qu’il n’y a pas besoin de bâtiment pour le sto-ckage. Lors de la manipulation des boules d’enrubannage, il faut faire attention au poids qui est plus important que pour des boules de foin.
L’enrubannage est le fourrage de base
“Avant d’avoir de l’enrubannage, je donnais des betteraves. Nous avons changé car c’est un aliment terreux, il est plus cher à produire et c’est une culture moins aidée que l’herbe. Nous les avons aussi arrêtées car la ration betteraves, foin, paille était déséquilibrée et nous avions des chevaux qui s'engraissaient”. Les betteraves étaient distribuées à la dessileuse et maintenant le foin et l’enrubannage sont donnés avec un dérouleur. A l’époque M. De Pas avait installé des cornadis en bois pour faciliter la distribution des betteraves.“Nous avons 150 chevaux, il est donc hors de question de faire une distribution à la main. Avant le système de cornadis, nous mettions le foin en râtelier. Mais les poneys allaient chercher au cœur de la botte et nous avions des problèmes pulmonaires dus aux poussières. Le système actuel est beaucoup mieux pour nous et pour le troupeau. Les chevaux ne toussent plus”.
Des céréales seulement pour les poulain
s“Nous n’avons jamais donné de céréales aux chevaux alors que nous en produisons sur l’exploitation. C’est essentiellement pour une raison de gestion en troupeau, même si c’est aussi plus économique. La ration à base de céréale est très concentrée et donc peu importante en quantité. Elle convient donc bien pour des chevaux individualisés en box. Chez nous, il y aurait une compétition pour la nourriture et ils se bagarreraient.Alors qu’avec le fourrage chaque animal a le temps d’aller manger même s’il est dominé par les autres. Les animaux sont d’ailleurs plus calmes, car ils ont à manger toute la journée. C’est un choix. Nous ne voulons pas de chevaux en box. C’est d’ailleurs un très bon moyen pour optimiser le temps de travail”. Seuls les poulains de l’année ont 2 litres d’orge par jour de leur sevrage au mois d’avril, soit 1,24 kg brut. L’orge est produite sur l’exploitation, ce qui représente, 4 tonnes d’orge autoconsommée par an pour les poulains de l’année.
Le conseil de l’éleveur
“Pour ne pas qu’une boule d’enrubannage s’abîme, Il est conseillé de la consommer en 4-5 jours maximum sinon elle chauffe. Il faut donc un nombre d’animaux suffisant pour la manger. Le système de distribution de l’alimentation doit être réfléchi à l’avance et adapté à son mode d’alimentation. Je déconseille de donner l’enrubannage en libre service, car les animaux ont tendance à graisser. Mais nous le faisons pour nos étalons car ils sont dehors toute l’année et doivent lutter contre les intempéries”.
Quelques mots sur l’élevage de Bois Guillebert
M. De Pas propose un système de vente de ses chevaux innovant. La vente du poulain d’un an est échelonnée sur 3 ans et est laissé à la ferme pour son éducation. Le contrat comprend le prix et la pension du cheval sur cette période et le propriétaire participe à la vie de son cheval, tout en confiant son éducation et son apprentissage à un professionnel.Cette expérience permet à l’acheteur d’acquérir de façon progressive un cheval de 4 ans avec la garantie d’un coût compétitif.Pour en savoir plus retrouver l'élevage de M. De Pas sur : www.poney-boisguilbert.com