L’environnement fait flamber le foncier
La pression des normes environnementales impacte le prix des terres agricoles, notamment dans le sud Manche en quête de surfaces d’épandage. C’est un des constats faits par la profession lors de l’assemblée générale informative de la Safer Basse-Normandie qui s’est tenue vendredi.
« 160 exploitations laitières herbagères sont situées en zone vulnérable. Elles vont être obligées de baisser leur production ». Pour Pascal Férey, président de la FRSEA Basse-Normandie, il n’y a parfois pas d’autre solution que de couper des têtes de vaches ou trouver des hectares. Des propos tenus lors de l’assemblée générale informative de la Safer Basse-Normandie qui s’est tenue vendredi dernier à Caen. Propos corroborés par un autre manchois. « Dans le sud Manche, les normes environnementales et les plans d’épandage pèsent sur le prix du foncier », analyse pour sa part Thierry Chasles.
Reste qu’en moyenne globale, l’augmentation du prix des terres et des prés est relative : + 5 % dans la Manche, + 4 % dans le Calvados et + 2 % dans l’Orne. Pour autant, il existe « un décalage entre la valeur économique des exploitations et leurs valeurs sur le marché », souligne Emmanuel Hyest, président de la FN Safer. Conséquence, « des exploitations, avec des capacités de production et des bâtiments aux normes peinent à trouver des preneurs locaux », regrette Stéphane Hamon, directeur de la Safer Basse-Normandie. Non pas qu’il n’y ait pas de candidats, mais simplement parce que, financièrement, ça ne passe pas. Attention danger : « des investisseurs sont prêts à racheter des exploitations d’élevage restructurées pour en faire autre chose ».
Contractualisation
Et ce qui vaut pour l’installation vaut également pour la restructuration. « Ceux qui veulent s’agrandir ne peuvent plus ou ne veulent plus investir dans du foncier », fait remarquer Jean-Pierre Fontaine, président de la Safer Basse-Normandie. Sans être l’arme absolue, les apporteurs de capitaux, avec « la SAFER garante d’une contractualisation », apportent leur lopin de réponses. Point de Chinois (lire ci-contre) ni d’enseignes de la grande distribution dans le panel des investisseurs. Ils sont Normands à 49 % ou du bassin parisien à 43 %. On ne compte que 4 % de « hors France » dont un Autrichien.
77 exploitations à transmettre
Le nombre d’exploitations à transmettre (suivi par le service Propriété Rurale de la Safer) est relativement important : 77 en 2015 contre 68 en 2014 et 60 en 2013. « Attention à ne pas vouloir être trop gourmand, prévient Jean-Michel Hamel (secrétaire général de la FDSEA 50). Il faut trouver des solutions sinon le travail à façon va se multiplier avec ses conséquences sur l’installation des jeunes ». Et Emmanuel Hyest de rebondir : « c’est la crise agricole mais l’agriculture n’a jamais eu autant d’avenir devant elle. L’économie agricole est très attractive. A nous d’être vigilants pour que ce soit les agriculteurs et non la finance qui en profite ». Allusion au foncier qui, à travers des transactions de parts de sociétés, échappe à tout contrôle de structure.
« Messieurs les Politiques, réagissez »
« Je tire le signal d’alarme. Notre foncier est en danger. Sa mise en société est une catastrophe. Les petites, moyennes et grandes entreprises peuvent changer de main sans que personne n’en sache rien. Messieurs les Politiques, réagissez ». Jean-Pierre Fontaine, dans sa prise de parole, a également sonné la charge. Mais le président, qui officiait sa dernière assemblée générale de Safer Basse-Normandie, est revenu également sur la régionalisation. « Nous sommes pour la dernière fois en famille bas-normande. Dans un an, ce sera la noce. Ce sera la fête ». Et si tout n’est pas encore totalement calé, certains voiles ont été levés. Le siège social sera caennais et la présidence de cette fusion-absorption devrait être proposée à Emmanuel Hyest. Le nouveau conseil d’administration comptabilisera au maximum 48 membres dans le respect d’une parité 5/3 (dans le premier collège de 8 membres). Les chasseurs vont entrer au comité technique et la FRSEA au capital à hauteur de 500 actions.
Jean-Pierre Fontaine a également réaffirmé son souhait « d’un équilibre territorial et représentatif des différentes productions » tout en insistant « sur le besoin de fonds propres pour prendre des risques raisonnables. Les candidats à l’acquisition sont de plus en plus demandeurs de capitaux ».