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Les avortements : pourquoi les déclarer ?

La législation impose à tout détenteur de ruminants domestiques de déclarer tous les avortements survenant dans son cheptel...

Concrètement, l’éleveur doit appeler son vétérinaire sanitaire afin que celui-ci réalise les prélèvements nécessaires à la recherche de la Brucellose.

Historique

Cette surveillance des avortements fait partie des mesures de lutte mises en place en 1965 dans le but d’éradiquer cette maladie, les autres mesures étant le dépistage annuel par sérologie sur le sang (troupeau allaitant) ou le lait (troupeau laitier).La France a obtenu le statut Officiellement Indemne de Brucellose Bovine en 2005, 2 ans après l’élimination des derniers foyers. En 2012 cependant, 2 foyers bovins sont apparus : dans le Nord-Pas de Calais (bovin en provenance de Belgique, où 5 foyers ont été découverts à la même époque) et en Haute-Savoie (souche de Brucellose ovine).Rappelons que la Brucellose est une zoonose, c’est-à-dire une maladie transmissible à l’homme ; elle nécessite un traitement lourd et si elle n’est pas traitée assez rapidement, il peut persister des séquelles invalidantes (arthrites notamment).

Actuellement…

Les avortements sont notoirement sous-déclarés par les éleveurs, du fait peut-être de la disparition de la Brucellose bovine, alors que les 2 exemples récents nous rappellent que la vigilance doit être toujours de mise. Les échanges internationaux peuvent également favoriser la diffusion des maladies à la faveur d’une faille dans les contrôles.A titre d’exemple, dans le Calvados, en 2014, 1 160 avortements ont été déclarés par 511 éleveurs, alors qu’on estime le nombre réel d’avortements à environ 4 000.  Cela veut aussi dire que plus de 80 % des éleveurs ne déclarent aucun avortement dans l’année !
Quelles peuvent être les raisons d’une telle sous-déclaration ?- Le coût ? La visite vétérinaire, les prélèvements et les analyses Brucellose sont prises en charge par l’Etat. Les recherches complémentaires le sont souvent également (en totalité ou en partie, suivant les départements, par le GDS).- La non-observation ? C’est une partie de l’explication ; ce qui est vrai, c’est que les élevages allaitants déclarent beaucoup moins les avortements que les élevages laitiers (problème de surveillance ?).- L’absence d’intérêt ? Les avortements peuvent être causés par un grand nombre d’agents pathogènes ; la liste est malheureusement très longue (BVD, Fièvre Q, Neospora, Salmonelles,…). Ils peuvent causer d’autres pathologies que l’avortement dans l’élevage, d’où des pertes économiques parfois importantes et certains sont transmissibles à l’homme, tout comme la Brucellose (Fièvre Q, Salmonelles pour citer les plus courants). Les éleveurs et leurs familles sont les plus exposés à ces contaminations ; le risque est particulièrement important  pour les personnes fragiles, immunodéprimés, les enfants et les femmes enceintes.- On ne trouve jamais rien, dixit certains éleveurs. Il est vrai que les avortements, pris individuellement, ne sont élucidés que dans 30 % des cas en moyenne. Pourquoi ? Parce que la cause est non infectieuse ou bien parce que l’agent pathogène a disparu des prélèvements (intervention trop tardive, mauvaise conservation, agent infectieux “fragile”…). Mais, quand un éleveur déclare tous ses avortements, il multiplie ses chances de voir identifier l’agent pathogène qui sévit dans son exploitation.Actuellement, on ne recherche pas tous les agents pathogènes, souvent pour des raisons de coût et parce qu’on sait qu’ils sont plus rares. Les techniques de laboratoire progressent sans cesse et on voit arriver des kits de diagnostic qui vont permettre de rechercher un grand nombre d’agents pathogènes simultanément à un coût abordable.

Quels prélèvements ? Quelles analyses ?

Tout d’abord, il est essentiel que le vétérinaire puisse intervenir le plus rapidement possible (pas 4 jours après !) et avant que l’éleveur mette des oblets antibiotiques dans l’utérus.Le vétérinaire prélèvera le sang de la mère ainsi que du placenta, ou à défaut du mucus cervical sur un écouvillon. Dans certains cas, dans le but de faire des recherches plus poussées, le vétérinaire peut faire des prélèvements sur l’avorton ou faire envoyer l’avorton entier au Laboratoire départemental.Au laboratoire, sont faits 2 grands types d’analyses :- des sérologies (dosage des anticorps) pour le BVD, la Néosporose, la Fièvre Q ; ce sont des méthodes indirectes qui démontrent que la vache a été en contact avec l’agent pathogène mais pas que celui-ci est obligatoirement responsable de l’avortement. Les sérologies sont intéressantes surtout quand on veut faire un sondage sur 5 ou 10 bovins ;- des méthodes mettant en évidence l’agent pathogène directement (bactériologie, virologie,…) ; on a une plus grande certitude qu’avec les sérologies, surtout quand l’agent pathogène est retrouvé en grande quantité.

Et après ?

Interpréter des résultats d’analyse n’est pas toujours évident et l’éleveur a tout intérêt à en discuter avec son vétérinaire. Il peut parfois s’avérer nécessaire de faire des recherches complémentaires pour préciser le diagnostic (un sondage sérologique en cas de suspicion de néosporose par exemple) ou avant de prendre la décision de vacciner (sondage sérologique Fièvre Q).Dans d’autres cas, seules peuvent être prises des mesures hygiéniques ou zootechniques, parce qu’il n’existe pas de vaccination (Ehrlichiose, Salmonellose à Salmonella montevideo ou Salmonella Mbandaka devenues très courantes). Malheureusement, l’Etat n’autorise toujours pas le recours aux auto-vaccins, suite à l’épisode d’ESB, malgré un avis de l’ANSES d’octobre 2013 qui suggérait de revoir cette règlementation datant de 2003.

En conclusion…

Les 3 principales causes d’avortement (Fièvre Q, BVD et Néosporose) expliquent à elles seules jusqu’à 25 % des avortements, avec des variations d’un département à l’autre et d’une année à l’autre également. On est loin de l’idée, trop répandue parmi les éleveurs, qu’on ne trouve jamais rien. L’avortement doit rester un critère d’alerte FORT et déclencher l’appel du vétérinaire sanitaire. En cas d’avortements répétés, demandez des examens complémentaires.

Définition légale de l’avortement (Code rural)

Est considéré réglementairement comme avortement, l’expulsion du fœtus ou du veau, soit né mort, soit succombant dans les 48 heures après la naissance.

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