Emploi
Les saisonniers étrangers, petits boulots et grands voyages
La difficulté de recrutement est telle que certaines exploitations finissent par faire appel à des étrangers pour compléter leur équipe. De jeunes saisonniers, Européens notamment, viennent en Normandie profiter d’un salaire meilleur et visiter la région. Une main d’œuvre aguerrie aux travaux agricoles et sûre parce que logée sur place.
La difficulté de recrutement est telle que certaines exploitations finissent par faire appel à des étrangers pour compléter leur équipe. De jeunes saisonniers, Européens notamment, viennent en Normandie profiter d’un salaire meilleur et visiter la région. Une main d’œuvre aguerrie aux travaux agricoles et sûre parce que logée sur place.
A la Ferme de la Bouillette, à Pennedepie (14), le mois de juin est chargé. La cueillette des cerises bat son plein ainsi que l’éclaircissage des pommiers et des poiriers. Lorenzo et Oscar, deux Italiens âgés respectivement de 26 et 29 ans, sont juchés dans les arbres, encapuchonnés pour se protéger de la fine pluie qui sévit, ce mardi 22 juin. Cette année, ils ne sont que deux car le gel a compromis une partie de la récolte des juteuses cerises de Jean-Marc Lebey. C’est la seconde fois que l’arboriculteur recourt à des saisonniers étrangers, sur la proposition du Groupement d’employeurs (GE) du Calvados. « C’est occasionnel, souligne Jennifer Lavaire, directrice adjointe du GE 14, c’est eux qui viennent à nous ».
Contacts via Facebook
L’an dernier, l’association a placé à la ferme un groupe de six Espagnols, « ils étaient sur la région de Bordeaux pour les vignes, se souvient Jennifer Lavaire, on a reçu deux CV via Facebook et en les contactant, ils étaient six ». C’est grâce au groupe Facebook Les saisonniers agricoles que Lorenzo a trouvé le GE 14 qu’il a ensuite contacté.
Laura, originaire d’Alicante en Espagne, employée dans l’exploitation Haghebaert, n’a pas hésité à faire les 1 600 km qui la séparaient de Vendeuvre (14) pour la récolte des salades. Elle aussi recherche des saisons en France, principalement pour la paie : en Italie, comme en Espagne, le taux horaire est de 5€, contre environ 8€ en France.
Sûr d’avoir du monde
Samuel Haghebaert, qui cultive 65 ha de salades Iceberg, a besoin de 50 personnes de mai à octobre. « On embauche généralement en direct » : un tiers de Français, via le Pôle emploi de Falaise, un tiers d’étrangers européens, principalement de Pologne et un tiers de personnes qui ont le statut de réfugié en France, via des associations caennaises. « Je veux une équipe internationale pour qu’il y ait de la diversité. » Si la main-d’œuvre étrangère coûte un peu plus cher, car il faut l’héberger et la véhiculer, « au moins, on est sûr d’avoir du monde le matin », assure le maraîcher. De son côté, Jean-Marc Lebey recherche un salarié en CDI à plein temps depuis trois ans, sans succès. En attendant, il a régulièrement besoin de main-d’œuvre saisonnière. Il est satisfait du travail des Italiens, « on n’a aucun souci de retard », reconnaît-il, « et avec les aléas climatiques, on peut adapter les horaires ». Les saisonniers itinérants ont l’habitude du travail agricole physique et ne rechignent pas aux tâches, contrairement à certains profils locaux non issus du milieu.
Une gestion plus poussée
Pour Samuel Haghebaert, le recrutement des salariés étrangers est un « gros travail » : la gestion de l’hébergement, du transport, la fourniture d’équipement. Il travaille chaque jour avec eux au champ et assure l’encadrement : « l’équipe est nombreuse, il faut instaurer des règles ». Malgré la barrière de la langue, franchie grâce à Lorenzo qui parle bien le français, Jean-Marc et Florine Lebey apprécient l’expérience. Alors que la plupart des saisonniers ont des difficultés à trouver un logement proche des chantiers, ils envisagent d’aménager encore mieux leur cour de ferme pour accueillir les véhicules des saisonniers, « avoir une douche chaude et des WC, ils apprécient ».