Pascal Férey, président de la FRSEA de Basse-Normandie
Lettre ouverte au président du Conseil régional de Basse-Normandie
Pascal Férey, président de la FRSEA de Basse-Normandie
Je me permets de réagir à l'article publié sur votre blog à la date du 30 novembre dernier...
Je me permets de réagir à l'article publié sur votre blog à la date du 30 novembre dernier. L'esprit de cette lettre n'est pas d'alimenter une polémique mais, votre blog étant public, je vous indique que cette lettre sera donc rendue publique par voie de presse.
Sur le fonds des sujets abordés, je souhaite vous apporter les éclaircissements suivants :
Vous mentionnez l'aide destinée aux éleveurs de bovins et la décision du ministre de l'agriculture de ne pas la verser. La France va donc faire "économiser " 8 millions d'Euros au budget européen. Effectivement nous sommes en désaccord profond avec le ministre sur ce point. Tout d'abord, il ne nous paraît pas républicain qu'un ministre ne tienne pas les engagements de l'Etat, quand bien-même ils ont été impulsés par son prédécesseur. Je rappelle que le versement de cette aide était soumis à des conditions que les éleveurs remplissent, et que c'est donc la continuité de l'action de l'Etat qui est remise en cause. Ceci n'est pas acceptable. J'ai le sentiment que vous avez mal interprété le sens de cette "aide à l'engraissement des jeunes bovins", elle n'avait pas pour but une aide au bovin engraissé mais une aide à la création de places d'engraissement. Ce n'était donc pas une mesure conjoncturelle de soutien au revenu mais une aide à l'investissement. Il aurait été plus opportun pour Stéphane Le Foll qu'il étudie mieux le dossier plutôt que d'obéir aux injonctions de ses soutiens professionnels de la Confédération Paysanne.
Sur la PAC, sauf à interpréter nos propos, vous n'avez pas lu de critique sur la position française : la FNSEA soutien le gouvernement dans sa demande de reconduction du budget de la PAC pour la prochaine période budgétaire. Certes, les positionnements divergents des pays européens nous font craindre pour le budget, mais le gouvernement français a notre soutien pour le maintien du budget de la PAC. En revanche, nous sommes défavorables au "verdissement" des aides tel qu'il est proposé. Nous estimons qu'il sert de prétexte à une uniformisation accélérée des soutiens au niveau européen. Or, cette uniformisation aurait des conséquences négatives pour les agriculteurs de notre région, certains d'entre nous voyant de cette manière leur revenu disparaître. Plus globalement, sans nuire au renouvellement de nos ressources naturelles, nous pensons que la mission de l'agriculture est de produire pour nourrir. La PAC ne saurait donc être réduite à une vague politique d'entretien de l'espace comme certains voudraient la voir évoluer.
Vous avez noté "une hostilité totale à la perspective d'une responsabilité accrue des régions dans la gestion des aides dites du second pilier". Je crains que vous ayez mal lu. Il est mentionné une hostilité à la gestion totale du second pilier par les régions. J'espère que vous avez lu aussi les explications aux réserves que nous exprimons sur le sujet. En effet, toutes les régions ne sont pas "riches", la nôtre pas plus que les autres, pour autant que je sache. Or, vous n'ignorez pas que le second pilier fonctionne sur la base d'un co-financement : le pays membre investit et il obtient un investissement européen équivalent au titre du second pilier. Une gestion totale par les régions conduirait donc à autant de politiques qu'il y a de régions et ne ferait qu'accroître les différences de développement agricole entre les régions à fort potentiel fiscal et les régions aux ressources fiscales inférieures.
Enfin, vous constatez la continuité de notre opposition sur l'application de la directive nitrate. Visiblement, cela ne vous convient pas car vous l'assimilez à un soutien à l'ancien Président de la République. Pour ma part, je prends votre critique comme un compliment : vous démontrez que par-delà l'appartenance politique des gouvernements qui se succèdent, notre analyse du dossier est constante. C'est bien le moins que l'on peut attendre d'un syndicat dont la vocation est de défendre les professionnels qu'il représente, non de soutenir un parti politique plus qu'un autre. Non, nous ne pensons pas qu'imposer des normes de rejet d'azote en fonction du régime alimentaire des animaux soit bon pour les agriculteurs de notre région. Je pense en particulier aux éleveurs dont le système fourrager est basé sur le pâturage, et ils sont nombreux. Non, nous ne pensons pas qu'imposer des durées de stockage supplémentaires soit bon pour ces mêmes éleveurs qui se retrouvent, du fait de cette décision administrative, obligés d'investir lourdement, une fois de plus. Nous l'avons dit à l'ancien gouvernement, nous le disons à l'actuel gouvernement, que nous reproche-t-on ?
Défendre l'élevage, c'est aller au-delà des incantations, c'est réunir les conditions qui permettent aux éleveurs de tirer un revenu de leur activité. Vous ne manquez pas de vous exprimer sur le sujet mais les décisions que vous prenez, ou que vous soutenez, se traduisent toujours par plus de charges pour les éleveurs, plus de contraintes, plus de contrôles et de sanctions. Ce n'est pas notre façon de défendre l'élevage.
Monsieur le Président, le recensement général agricole vient de montrer qu'avec 7% de sa population active dans le secteur agricole et agro-alimentaire, la Basse-Normandie que vous présidez est la première région agricole française. Son seul nom prononcé à l'étranger fait vendre parce qu'il est synonyme de qualité, de gastronomie, d'excellence. Cette réputation a été acquise par la qualité des produits agricoles et de leur transformation, fussent-ils issus de l'agriculture dite conventionnelle. Les élus de notre région semblent les seuls à ignorer cette réalité. Notre région mérite mieux qu'une querelle de mauvais goût.
La FRSEA s'attache à construire des relations de travail avec les élus quelle que soit leur appartenance politique parce que notre rôle n'est pas de soutenir une majorité ou d'accompagner une opposition mais de représenter les agriculteurs. Vous regrettez une « politisation » du débat. Je vois plutôt dans votre article une démarche politicienne qui prend parti dans des débats professionnels. La Confédération Paysanne vous soutient en applaudissant des deux mains chaque décision prise contre les demandes de la FNSEA. Vous le lui rendez bien. Vous avez soutenu en 2009 des mouvements associatifs "spontanés" dont le but n'était autre que de combattre la FNSEA. Soit. Ce débat n'est pas le mien. Les agriculteurs attendent autre chose des responsables syndicaux FNSEA/JA que je représente.
Vous me pardonnerez d'avoir écrit plus longuement qu'un blog ne le permet. C'est aussi le danger de ces technologies qui demandent de l'immédiateté et des messages brefs : ils manquent souvent de la précision nécessaire à la bonne compréhension des enjeux.
Enfin, vous aurez noté que pour tout "officiel de la FRSEA" que soit L'Agriculteur Normand, il ne manque pas de relater la position de la Région, y compris sur un sujet qui nous oppose comme la gestion du deuxième pilier de la PAC. Il n'y avait peut-être pas la place sur le blog pour le mentionner...
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations les meilleures.
Sur le fonds des sujets abordés, je souhaite vous apporter les éclaircissements suivants :
Vous mentionnez l'aide destinée aux éleveurs de bovins et la décision du ministre de l'agriculture de ne pas la verser. La France va donc faire "économiser " 8 millions d'Euros au budget européen. Effectivement nous sommes en désaccord profond avec le ministre sur ce point. Tout d'abord, il ne nous paraît pas républicain qu'un ministre ne tienne pas les engagements de l'Etat, quand bien-même ils ont été impulsés par son prédécesseur. Je rappelle que le versement de cette aide était soumis à des conditions que les éleveurs remplissent, et que c'est donc la continuité de l'action de l'Etat qui est remise en cause. Ceci n'est pas acceptable. J'ai le sentiment que vous avez mal interprété le sens de cette "aide à l'engraissement des jeunes bovins", elle n'avait pas pour but une aide au bovin engraissé mais une aide à la création de places d'engraissement. Ce n'était donc pas une mesure conjoncturelle de soutien au revenu mais une aide à l'investissement. Il aurait été plus opportun pour Stéphane Le Foll qu'il étudie mieux le dossier plutôt que d'obéir aux injonctions de ses soutiens professionnels de la Confédération Paysanne.
Sur la PAC, sauf à interpréter nos propos, vous n'avez pas lu de critique sur la position française : la FNSEA soutien le gouvernement dans sa demande de reconduction du budget de la PAC pour la prochaine période budgétaire. Certes, les positionnements divergents des pays européens nous font craindre pour le budget, mais le gouvernement français a notre soutien pour le maintien du budget de la PAC. En revanche, nous sommes défavorables au "verdissement" des aides tel qu'il est proposé. Nous estimons qu'il sert de prétexte à une uniformisation accélérée des soutiens au niveau européen. Or, cette uniformisation aurait des conséquences négatives pour les agriculteurs de notre région, certains d'entre nous voyant de cette manière leur revenu disparaître. Plus globalement, sans nuire au renouvellement de nos ressources naturelles, nous pensons que la mission de l'agriculture est de produire pour nourrir. La PAC ne saurait donc être réduite à une vague politique d'entretien de l'espace comme certains voudraient la voir évoluer.
Vous avez noté "une hostilité totale à la perspective d'une responsabilité accrue des régions dans la gestion des aides dites du second pilier". Je crains que vous ayez mal lu. Il est mentionné une hostilité à la gestion totale du second pilier par les régions. J'espère que vous avez lu aussi les explications aux réserves que nous exprimons sur le sujet. En effet, toutes les régions ne sont pas "riches", la nôtre pas plus que les autres, pour autant que je sache. Or, vous n'ignorez pas que le second pilier fonctionne sur la base d'un co-financement : le pays membre investit et il obtient un investissement européen équivalent au titre du second pilier. Une gestion totale par les régions conduirait donc à autant de politiques qu'il y a de régions et ne ferait qu'accroître les différences de développement agricole entre les régions à fort potentiel fiscal et les régions aux ressources fiscales inférieures.
Enfin, vous constatez la continuité de notre opposition sur l'application de la directive nitrate. Visiblement, cela ne vous convient pas car vous l'assimilez à un soutien à l'ancien Président de la République. Pour ma part, je prends votre critique comme un compliment : vous démontrez que par-delà l'appartenance politique des gouvernements qui se succèdent, notre analyse du dossier est constante. C'est bien le moins que l'on peut attendre d'un syndicat dont la vocation est de défendre les professionnels qu'il représente, non de soutenir un parti politique plus qu'un autre. Non, nous ne pensons pas qu'imposer des normes de rejet d'azote en fonction du régime alimentaire des animaux soit bon pour les agriculteurs de notre région. Je pense en particulier aux éleveurs dont le système fourrager est basé sur le pâturage, et ils sont nombreux. Non, nous ne pensons pas qu'imposer des durées de stockage supplémentaires soit bon pour ces mêmes éleveurs qui se retrouvent, du fait de cette décision administrative, obligés d'investir lourdement, une fois de plus. Nous l'avons dit à l'ancien gouvernement, nous le disons à l'actuel gouvernement, que nous reproche-t-on ?
Défendre l'élevage, c'est aller au-delà des incantations, c'est réunir les conditions qui permettent aux éleveurs de tirer un revenu de leur activité. Vous ne manquez pas de vous exprimer sur le sujet mais les décisions que vous prenez, ou que vous soutenez, se traduisent toujours par plus de charges pour les éleveurs, plus de contraintes, plus de contrôles et de sanctions. Ce n'est pas notre façon de défendre l'élevage.
Monsieur le Président, le recensement général agricole vient de montrer qu'avec 7% de sa population active dans le secteur agricole et agro-alimentaire, la Basse-Normandie que vous présidez est la première région agricole française. Son seul nom prononcé à l'étranger fait vendre parce qu'il est synonyme de qualité, de gastronomie, d'excellence. Cette réputation a été acquise par la qualité des produits agricoles et de leur transformation, fussent-ils issus de l'agriculture dite conventionnelle. Les élus de notre région semblent les seuls à ignorer cette réalité. Notre région mérite mieux qu'une querelle de mauvais goût.
La FRSEA s'attache à construire des relations de travail avec les élus quelle que soit leur appartenance politique parce que notre rôle n'est pas de soutenir une majorité ou d'accompagner une opposition mais de représenter les agriculteurs. Vous regrettez une « politisation » du débat. Je vois plutôt dans votre article une démarche politicienne qui prend parti dans des débats professionnels. La Confédération Paysanne vous soutient en applaudissant des deux mains chaque décision prise contre les demandes de la FNSEA. Vous le lui rendez bien. Vous avez soutenu en 2009 des mouvements associatifs "spontanés" dont le but n'était autre que de combattre la FNSEA. Soit. Ce débat n'est pas le mien. Les agriculteurs attendent autre chose des responsables syndicaux FNSEA/JA que je représente.
Vous me pardonnerez d'avoir écrit plus longuement qu'un blog ne le permet. C'est aussi le danger de ces technologies qui demandent de l'immédiateté et des messages brefs : ils manquent souvent de la précision nécessaire à la bonne compréhension des enjeux.
Enfin, vous aurez noté que pour tout "officiel de la FRSEA" que soit L'Agriculteur Normand, il ne manque pas de relater la position de la Région, y compris sur un sujet qui nous oppose comme la gestion du deuxième pilier de la PAC. Il n'y avait peut-être pas la place sur le blog pour le mentionner...
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de mes salutations les meilleures.