Lin : gérer la sole en bon père de famille
Tous les feux sont au vert dans la liniculture, mais il faut gérer les surfaces en « bon père de famille », invite-t-on du côté de la Coopérative Linière du Nord de Caen.
L’assemblée générale de la Coopérative Linière du Nord de Caen se tiendra vendredi 24 janvier à Villons-les-Buissons. Henri Pomikal y présidera sa 16e et dernière séance. L’occasion de faire passer un message de sagesse. « J’appelle les liniculteurs à être responsables et à gérer la sole en bon père de famille », martèlera-t-il.
La 16e et dernière d’Henri
Car paradoxe, la liniculture pourrait être victime de son succès si l’on ne prend pas quelques précautions. « L’année a été extra : qualité, quantité et des prix », s’excuse-t-on presque du côté du conseil d’administration de la coopérative. La tentation de semer plus en 2020 pour gagner plus est donc toute naturelle qui plus est dans un contexte ou Südzucker a décidé unilatéralement de rayer la betterave sucrière de la plaine de Caen. Mais attention à ne pas tuer la poule aux œufs d’or même si la parabole est un peu excessive.
Bien sûr, la demande chinoise tire le marché vers le haut, mais les retours de bâtons, parfois géopolitiques, sont imprévisibles. D’autre part, l’outil de teillage de Villons est déjà au quasi-taquet. Un hectare de lin c’est, selon l’année, de 5 à 8 tonnes de rendement. Il faut donc se garder une marge de manœuvre pour assurer ses arrières.
L’outil ne subit pas une crise de croissance mais atteint un palier. Faut-il le rappeler : 1 300 ha en 2012, 4 100 ha en 2019... Une haute marche a été franchie avec succès et les investissements, comme la robotisation de l’alimentation de la chaine de teillage, se poursuivent.
Mais tout cela ne peut pas se faire à marche forcée. Une prudence que confirment les distributeurs de matériels spécialisés en lin. « On prend les commandes aujourd’hui pour livraison en 2022 », assure un gros faiseur.
Pour éviter la dérive
Pour éviter toute dérive, le conseil d’administration de la Coopérative Linière du Nord de Caen a mis en place un système de référence basé sur la moyenne (rendement x surface) des 5 dernières années.
En cas de dépassement, possibilité de stocker à la ferme et d’anticiper sur l’année N+1. Le sujet a fait et fera sans doute encore débat à l’occasion de l’assemblée générale avec, en filigrane, celui de la betterave. La différence du côté de Villons, c’est que l’on veut inscrire la liniculture au titre des têtes d’assolement durables. n