SESSION CHAMBRE D'AGRICULTURE DU CALVADOS
Liniculture : le scénario catastrophe s’éloigne
Suite à la Covid-19, le marché du lin s’est écroulé dès le printemps dernier au point qu’on entendait, ici ou là, des préconisations de semis 2020/2021 à moins 70 %. Depuis, le fil est repassé par le chas de l’aiguille. Le pire semble évité.
Suite à la Covid-19, le marché du lin s’est écroulé dès le printemps dernier au point qu’on entendait, ici ou là, des préconisations de semis 2020/2021 à moins 70 %. Depuis, le fil est repassé par le chas de l’aiguille. Le pire semble évité.
Sous forme d’une table ronde, les élus de la Chambre d’agriculture du Calvados ont inscrit le lin au menu de leurs travaux de session qui s’est déroulée, vendredi dernier, à Saint-Sylvain. Même en mode confiné, Bertrand Gomart (président de l’association générale des producteurs de lin), Vincent Meyer (président du syndicat des producteurs de lin du Calvados), Marc Vandecandelaere (président de la coopérative linière du nord de Caen), Frédéric Lefèvre (vice-président de la coopérative linière de Cagny) et Patrick Bergman (teillage Depestel) ont redonné des raisons d’y croire.
Eviter les trous dans la raquette
Ces raisons d’y croire, c’est un marché qui repart après une période de léthargie et de nouveaux marchés qui s’ouvrent. Alors bien sûr, les outils de teillage ont été contraints de fermer leurs portes 3 semaines environ au printemps dernier pour cause de crise sanitaire, mais les cadences sont reparties sur de nouvelles bases. Le retard accumulé devrait être comblé d’ici février à avril 2021.
Parallèlement, avec une récolte 2020 qui ne restera pas dans les annales, mieux vaut éviter les trous dans la raquette. Le marché n’aime pas ça. On est donc passé d’un moins 70 % des emblavements entendus il y a quelques mois à « un moins 30 % pour accompagner le marché, invite Bertrand Gomard. Le lin va revenir, c’est une certitude, mais en attendant nous devons lever le pied, faire une pause ».
Des consignes nationales temporisées à l’échelon local. « S’il n’y avait pas eu la Covid, nous aurions manqué de matière », analyse Marc Vandecandelaere et Patrick Bergman d’ajouter : « nous sommes très confiants. On ne va presque plus parler de réduction, mais on ne peut pas être catégorique ».
Moins de lin d’hiver
Une approche donc très évolutive et qui s’explique aussi par les concessions réalisées par peur sur les emblavements en lin d’hiver. « Les liniculteurs de la coopérative de Cagny ont exprimé leur intention d’implanter du lin d’hiver à hauteur de 43 % des surfaces (les semis sont en cours) », annonce Frédéric Lefèvre du côté de la coopérative de Cagny. Que restera-t-il donc des 12 250 ha calvadosiens et 1 700 ha ornais 2020 en 2021 ? « Chacun reste maître chez soi », résument les différents teillages en invitant chacun à ne pas dépasser 10 % de sa sole totale.
Autre point de convergence : le stockage à la ferme qui devient stratégique pour alimenter, sans le saturer, le marché et ainsi éviter les coups de boutoir dans un sens comme dans l’autre. « Ce n’est pas grave d’avoir du stock, c’est une sécurité pour l’avenir », argumente Marc Vandecandelaere. Ici ou là, on évoque 1,5 à 2 campagnes sous les hangars. Encore faut-il disposer de la trésorerie pour financer de tels investissements. Ce ne sont pas les marges blé ou orge 2020 et encore moins la recette betterave sucrière qui vont y contribuer. Et si on tapait dans le plan de relance promis par le chef de l’Etat ?
« On ne fait pas beaucoup de bruit, mais on travaille dans l’ombre », a avancé prudemment Patrick Dechaufour. A défaut de tracer un bilan local de la campagne betteravière 2020 et pour cause, le président de la CGB Calvados-Orne-Sarthe a fait état « de rendements de 30 t/ha au sud de Paris avec même des parcelles qui ne seront pas arrachées et des campagnes de 40 jours pour certaines sucreries ». De là à affirmer qu’on va manquer de sucre dans les prochaines années, il y a un pas qui n’a pas été franchi, mais on peut décemment penser qu’il y a une place pour la betterave sucrière dans l’Orne et le Calvados pour alimenter le bassin du Grand Ouest. « Nous nous entourons de compétences pour aboutir à un avant-projet simplifié dans une configuration d’usine particulière », a juste dévoilé Patrick Dechaufour. On pourrait en savoir un peu plus début 2021.