Orne
L’intercuma : aller plus loin dans la mise en commun
Des partenariats entre CUMA permettent de renouveler et de mieux rentabiliser les matériels les plus coûteux, en jouant aussi sur les différences de maturité des différentes zones.
Travailler avec du matériel moderne, fiable et efficace en gardant des coûts d’utilisation compétitifs. C’est une ligne directrice qui était largement partagée par les CUMA de l’Orne, lors de l’assemblée de la fédération départementale, mardi 22 mai, à Ste Scolasse-sur-Sarthe. Mais cette ambition peut se heurter à certaines limites liées à la taille, aux changements des systèmes de production, et à la saisonnalité de la zone d’activité des coopératives de matériel, notamment pour des machines très coûteuses comme les ensileuses, ou les moissonneuses. Face à ces contraintes, les CUMA de l’Orne ont redoublé d’astuce en créant différents types de partenariats avec leurs consoeurs, tout en essayant de garder chacune leur identité. Parmi elles, les CUMA du Monts d’Amain et de l’Aiguillon ont trouvé un compromis en investissant dans du matériel d’ensilage en copropriété. “Nos deux coopératives avaient plus de trente ans. Chacune voulait conserver son identité propre et il n’était pas question de les fusionner, explique Gilles Thuault, président de la CUMA de Monts d’Amain. Nous avons fait le choix de la copropriété, chacun étant propriétaire de l’outil, au prorata du nombre d’hectares”. Chaque structure a gardé sa liberté pour réaliser son emprunt, et la facturation du matériel est différente. La même ensileuse est louée 110 et 100 € de l’hectare.
“C’est une démarche qui nous a pris du temps, admet Gilles Thuault. Il nous aura fallu deux ans de discussions avec les adhérents et plusieurs prises de contact avec les CUMA des alentours, avant de nous rapprocher de celle de l’Aiguillon”.
Dans l’Orne, il y a un réel besoin de mise en commun de matériel d’ensilage. Les surfaces en maïs ont tendance à stagner ou à baisser. Avec la hausse des cours des céréales, certains préfèrent produire juste ce qu’il faut d’ensilage. Aussi, même si les droits à produire du lait augmentent, certains éleveurs arrêtent la production. A l’opposé, les adhérents qui souhaitent renouveler les ensileuses de 4 ou 6 rangs veulent souvent investir dans du matériel plus grand de type 8 rangs. Il faut alors plus de surfaces pour écraser les charges des outils et maintenir des coûts d’utilisation assez faibles.
Gagnant gagnant
Pierre Madeline, président de la CUMA l’Auvraisienne, détaille le partenariat noué avec une CUMA de la Sarthe pour les moissons. “Nous voulions mettre en commun des batteuses depuis 2007, une démarche qui n’a pas abouti dans un premier temps. Mais la moisson de 2008 a été tellement compliquée, que nous avons terminé de battre avec 11 machines le dernier jour. Cela nous a fait réfléchir. Nous nous sommes alors rapprochés d’une CUMA de la Sarthe qui a deux à trois semaines de différence de maturité avec nous. Chacune des deux structures s’engage à venir battre 150 ha chez l’autre chaque anné. Comme l’entraide est égale de part et d’autre, nous n’avons pas besoin d’établir de facturation”.