Ludovic Blin Président de la section laitière régionale de la FRSEA Normandie “ Et maintenant ? ”
A l’heure où le déconfinement s’organise progressivement sur le territoire français, le secteur laitier dresse un premier bilan des effets de la crise engendrée par le Coronavirus. Ludovic Blin, président de la section laitière régionale de la FRSEA Normandie, évoque les difficultés à venir.
A l’heure où le déconfinement s’organise progressivement sur le territoire français, le secteur laitier dresse un premier bilan des effets de la crise engendrée par le Coronavirus. Ludovic Blin, président de la section laitière régionale de la FRSEA Normandie, évoque les difficultés à venir.
>> Comment a réagi la filière laitière française à l’annonce du confinement, le 16 mars dernier ?
Cela a été un bouleversement profond pour toute la filière ! Le confinement a considérablement modifié les débouchés pour nos produits laitiers : plus de restauration hors foyer, un export en difficulté, plus de marchés de plein air pour écouler nos produits fermiers. A contrario, une GMS qui devient une des seules sources d’approvisionnement en produits alimentaires pour nos concitoyens … ça a été une période compliquée à gérer, comme pour toutes les autres filières agricoles d’ailleurs.
>> Avec tant de changements en si peu de temps, avez-vous pu vous organiser pour limiter la casse ?
La désorganisation des marchés aurait pu entrainer une impossibilité, pour les laiteries, de transformer tout le lait collecté, d’autant que nous arrivions au pic saisonnier de production. Certains producteurs auraient pu vivre des problèmes de collecte. La FNPL a été très attentive au maintien de la collecte sur tout le territoire national, afin qu’aucun producteur de lait ne soit laissé de côté, c’était la priorité n°1. Dans ce but, elle a impulsé, dans le cadre de l’interprofession laitière une atténuation de ce pic : le Cniel a mis en place une aide à la réduction des volumes pour tous les producteurs de lait qui afficheraient un volume produit de -2 à -5% en avril 2020 par rapport à avril 2019. Nous savons d’ores et déjà que grâce à cette incitation, le pic de collecte serait de +1% au lieu des +3% habituels. Cette mesure a été approuvée par la Commission européenne, les producteurs entrant dans le dispositif devraient donc percevoir l’aide d’ici le mois de juillet.
>> Et maintenant, où se porte votre attention ?
Maintenant que nous sommes sortis du premier épisode de crise et que nous allons, peu à peu, retrouver le chemin d’une vie déconfinée, notre attention se porte sur le prix du lait. Les éleveurs laitiers ont joué le jeu en réduisant la voilure sur le mois d’avril, et continuent parfois de le faire sur le mois de mai, il est donc impensable qu’ils subissent une baisse du prix ! Ce serait une double peine intolérable. Dans ce contexte perturbé, nous rappelons fermement, à tous nos partenaires du secteur laitier, que chacun à sa responsabilité et que les Etats généraux de l’Alimentation font foi plus que jamais !
>> Le maintien des EGA dans cette période troublée, comment cela doit-il se traduire selon vous ?
C’est aux Organisations de Producteurs de s’assurer du respect des termes des contrats signés avec leurs acheteurs. Beaucoup d’industriels souhaiteraient s’affranchir de leurs obligations contractuelles en ce moment, mais c’est pourtant bien ce qui fait la base de leurs relations avec leurs fournisseurs ! Si les laiteries dérogent au contrat, et au mode de calcul du prix convenu avec les OP, celles-ci doivent saisir le médiateur des relations commerciales agricoles, afin de se faire entendre et de faire appliquer le contrat, et la loi ! Pour les coopérateurs, nous les appelons plus que jamais à réclamer la prise en compte des coûts de production dans la détermination du prix du lait ! A date, trop peu de coopératives appliquent cet élément essentiel des EGA, il faudra pourtant bien qu’elles y viennent, et vite ! L’augmentation des ventes en GMS a compensé la perte des marchés en RHF, et parfois une part de la perte des marchés exports, dont on nous explique clairement qu’ils sont peu rémunérateurs. Il n’y a donc pas de raison que le prix du lait s’oriente à la baisse. La FNPL et la FRSEA Normandie apportent tout leur soutien aux OP et Coopérateurs dans ces démarches !