Ensilage
Maïs fourrage : ce qu’il faut savoir avant de fixer la date de récolte
La fin de l’été arrive, c’est le moment de fixer les dates de récolte des ensilages de maïs. Or, souvent dès la deuxième quinzaine d’août, alors que la maturité n’est pas atteinte, les éleveurs prévoient la date du chantier d’ensilage, sans connaître ce qui va se passer dans les 4 à 6 semaines à venir. Arvalis délivre ses conseils pour les aider à déterminer la meilleure date pour ensiler.


Après la floraison, l’augmen-tation du rendement plante entière et de la maturité passe par le remplissage des grains. La valeur alimentaire du fourrage aussi. Les grains commencent leur remplissage trois semaines après la fécondation. Au niveau des feuilles, la photosynthèse produit des sucres qui sont transférés et stockés dans les grains sous forme d’amidon. La production de sucres se poursuit tant que la lumière est efficace pour la photosynthèse, globalement jusqu'au 10-15 octobre, et tant qu’il y a des feuilles vertes. Il faut donc laisser du temps à la plante pour le remplissage de ses grains.
De la physiologie pour comprendre
A maturité fourrage, les grains représentent près de la moitié du rendement. Le taux de matière sèche plante entière est de l’ordre de 32% et ce sont les grains qui tirent la maturité. La valeur énergétique est au plus haut.
Au-delà de 32-35% MS, le rendement plante entière ne progresse plus. Par contre, les transferts des sucres solubles vers le grain se poursuivent au détriment de la qualité de la tige et des feuilles. C’est ce que recherche le producteur de maïs grain, alors que l’éleveur a besoin du grain et de la partie tige + feuilles pour un fourrage de qualité.
De plus, pour une bonne qualité de conservation, l’optimum de récolte se situe entre 30 % et 35 % MS plante entière. Récolter trop tôt, c’est donc se priver de rendement mais aussi prendre le risque de voir le silo couler et perdre ainsi des sucres. Récolter trop tard, avec des tiges et feuilles trop sèches, c’est prendre le risque d’une mauvaise conservation à cause de la trop grande quantité d’air enfermé dans le silo et de la faible teneur en sucres solubles du fourrage.
Le stade optimum de récolte est voisin de 32-33 % MS plante entière. En situation froide ou en année tardive, on visera plutôt 30 % MS pour éviter de récolter au-delà du 15 octobre. Ce sera le cas des semis tardifs de cette année si les conditions climatiques de septembre ne sont pas favorables. En année favorable ou en situation précoce, on ciblera 32-35 % MS, mais pas au-delà, pour profiter des bonnes conditions de végétation, en surveillant la maturité des grains et le dessèchement des tiges et feuilles.
Observer le grain pour anticiper
La difficulté pour l’éleveur est d’anticiper la date optimale de récolte pour s’assurer de la présence de l’ensileuse et des remorques de transport le jour du chantier.
Pour aider l’éleveur à décider sa date de récolte, ARVALIS a mis au point un outil simple et pratique - l’observation du grain - qui donne une information suffisante pour l’objectif recherché. Une relation entre le remplissage du grain et le taux de matière sèche de la plante entière a été mise en évidence. Cf. tableau 2.
En conditions normales de végétation, avec une plante normalement développée et un épi bien formé, le stade 32 % MS est atteint pour des plantes dont les grains contiennent par tiers chacun des trois amidons : laiteux, pâteux, vitreux. L’observation doit être réalisée sur plusieurs grains coupés au couteau. L’aspect de la partie tige + feuilles permet de moduler cette valeur. Avec un appareil végétatif très développé et très vert, la plante aura 1 à 2 points de matière sèche de moins. Avec un appareil végétatif court ou sec, il faut compter 1 à 2 points de matière sèche de plus.
Il existe un stade plus précoce, facile à repérer au champ, qui permet d’anticiper la période optimale de récolte. L’apparition de l’amidon vitreux, jaune franc, à l’extrémité des grains des couronnes centrales des épis, correspond à un taux de MS plante entière de 25-26%MS. Pour le repérer, il faut aller dans le champ un mois après floraison et dans une zone représentative, ouvrir les spathes d’épis successifs sur un rang et se faire une idée de l’avancement du remplissage des grains.
A partir de cette date, on peut commencer à prévoir la semaine optimale de récolte en se basant sur les besoins de la plante pour atteindre 32%MS, présentés dans le tableau 2. Exemple de calcul : une journée dont la température minimale est 14°C, la température maximale est 22°C correspond à (14+22/2)-6 = 12 degrés/jour. Un maïs à moins de 30% MS gagne donc ½ point au cours de cette journée.
Les erreurs à éviter
• Se fier à l’aspect de l’appareil végétatif : c’est le grain qui fait le rendement
et la maturité de la plante entière. C’est le grain qui fait l’UF.
• Se fier aux spathes : elles sont un très mauvais indicateur de maturité.
• Ensiler trop tôt : à moins de 28 % MS, le rendement est plus faible (moins deux tonnes de MS / ha). Le fourrage se conserve moins bien (perte par jus). L’ensilage est moins riche en amidon et est ingéré en moindre quantité (encombrement plus élevé). Sa complémentation coûte plus cher.
• Ensiler à même date qu’en 2007 : parce que les années se suivent et ne se ressemblent pas.
Ce qu’il faut faire
• Entrer au cœur de la parcelle pour juger de la maturité par l’observation
des grains.
• Y retourner régulièrement et ne pas hésiter à modifier la date de chantier
de récolte si la plante le commande.
• Viser au moins 32 % MS plante entière pour avoir un rendement maximum,
32 % d’amidon dans la plante entière, un ensilage qui se conserve bien,
appétant et riche en énergie, apte à la production laitière.