À Varaville
Marées contre marais, la digue ne fait plus le poids
Les trous dans la berge qui contient la Dives se multiplient à Varaville. Les marais inondent d’eau salée et ça pose problème aux agriculteurs. À qui revient l’entretien ? Tout le monde se renvoie la balle.
Les trous dans la berge qui contient la Dives se multiplient à Varaville. Les marais inondent d’eau salée et ça pose problème aux agriculteurs. À qui revient l’entretien ? Tout le monde se renvoie la balle.
« C’est la catastrophe. Pour les foins, pour faire pâturer les animaux et pour la biodiversité. » Geoffroy de Lesquen, agriculteur et membre du collectif Vivre les marais de la Dives (1 200 ha et 70 propriétaires, gestionnaires et utilisateurs du marais), en a ras le bol. Mardi 15 décembre, il constate encore que la Dives grignote toujours un peu plus la digue qui est censée la contenir. Lors des gros coefficients, les marais blanchissent… à l’eau salée. « Ici, il y a un mois, il y avait un trou de cinquante centimètres. Maintenant, l’eau se déverse par un trou d’un mètre cinquante. »
Des moines et des Allemands
« L’histoire remonte au XIe siècle. Avant, la mer venait jusqu’ici », décrit d’un large mouvement de bras Gérard Labarrière, président de l’ASA (association syndicale autorisée) des marais de la Divette. Les moines de l’époque auraient entrepris les premiers travaux d’assèchement. « Au Débarquement, les Allemands ont fait sauter toutes les digues », poursuit-il. Tout s’est de nouveau retrouvé sous l’eau de mer. « Après les bombardements, la digue a été refaite, financée par les dommages de guerre. » Depuis, les marées font inlassablement monter et descendre l’eau, quatre fois par jour, creusant les mottes de terre qui la retiennent. Des travaux s’imposent. « Il y a quarante ans, quand mon père était responsable du syndicat de la Dives, ils ont tenté de créer une retenue d’eau. Mais il fallait l’accord de toutes les communes. Il ne l’a pas eu. »
Qui sont les interlocuteurs ?
Qui sont les interlocuteurs du marais ? « Tout le monde se renvoie la balle », regrette Geoffroy de Lesquen. L’État, « mais il se désengage. La Région n’en a pas voulu non plus ». Le Syndicat mixte du bassin aval de la Dives (Symbad), via la communauté de communes Normandie Cabourg Pays d’Auge, assure les fonctions de gestion de l’eau et la prévention du risque inondation. « NPCA pourrait créer une taxe* pour réparer les digues mais elle ne veut pas le faire. Le problème retombe sur les riverains, propriétaires et agriculteurs, qui paient les pots cassés des carences de l’État », liste, blasé, Gérard Labarrière. Si une rustine serait bienvenue dans l’année à venir, les deux hommes misent sur une solution plus pérenne. « Il faut gérer le problème à long terme, de façon collective. Pourquoi pas créer une retenue d’eau ? Mais les écolos n’en veulent pas. » Ils prédisent, si le dossier reste en l’état, que « Cabourg sera inondée dans dix ans. Il y a urgence ».
* possibilité de créer une taxe Gemapi, payée par le contribuable, pour la gestion des milieux aquatiques.