MEDIAS : la FRSEA de Normandie invite à saisir le CSA
Après la diffusion le 17 janvier d'un Envoyé Spécial exclusivement consacré au glyphosate, de nombreuses voix ont dénoncé ce nouvel épisode d'agri-bashing. L'avis d'Arnold Puech d'Alissac, président de la FRSEA de Normandie.
>> Qu'avez-vous pensé de cette émission ?
Il ne faut pas être agriculteur pour en penser du bien. J'ai vu une succession de reportages à charge contre l'agriculture et ses techniques de production. Au-delà des firmes chimiques, c'est bien l'agriculture telle que nous la pratiquons qui est visée. C'est-à-dire l'agriculture qui nourrit 200 personnes pour un paysan. La démarche de la rédaction de l'émission blesse les agriculteurs au plus profond d'eux-mêmes. C'est inacceptable.
>> On ne peut pas nier que le glyphosate soit controversé tout de même...
Qu'il y ait une controverse, il suffit de regarder les médias pour s'en rendre compte. Mais si on veut informer les téléspectateurs, on leur soumet les éléments de la controverse. Mais il n'en n'a pas été question. Aucun argument à contre-courant du commentaire n'a été avancé. Les agences scientifiques officielles n'ont pas eu voix au chapitre. C'est une émission militante qui a été diffusée.
>> Oui, mais on a bien vu avec le glyphotest que la molécule est partout.
On a surtout vu un test sans aucune rigueur scientifique, des données communiquées sans que l'on sache de quelles unités on parle...Alors que l'on sait que la dégradation des lessives et du glyphosate produisent les mêmes résidus, j'attends qu'Envoyé Spécial précise ses résultats. Les traces trouvées dans les urines des personnalités qui se sont fourvoyées dans cette démarche pseudo-scientifique proviennent du glyphosate ou des lessives ? J'attends un nouvel Envoyé Spécial sur le sujet. Si on mesurait l'honnêteté dans les urines, on en trouverait dans celles d'Elise Lucet, mais à l'état de traces. Ce serait insuffisant pour la qualifier d'honnête.
>> L'équipe semble avoir rencontré beaucoup d'obstacles pour mener son enquête. Cela ne signifie-t-il pas que du glyphosate découlent beaucoup d'intérêts financiers ?
La victimisation est devenue un procédé journalistique et je le déplore. Si Envoyé Spécial voulait des témoignages, ils pouvaient prendre celui d'Eric Thirouin, de la FNSEA. D'ailleurs, ils l'ont interrogé pendant une heure pour n'en rien diffuser. Pourquoi ? Parce que ce n'était pas dans la tonalité de l'émission ? On censure en voulant faire la lumière ? Drôle de travail journalistique !
>> Pour vous cette émission n'a donc aucune crédibilité ?
Ah si : c'est une émission militante contre l'agriculture et les agriculteurs. Mais non, ce n'est pas un magazine d'information puisque toutes les informations sont orientées dans un seul sens. Même le double portrait de deux agriculteurs : l'un est agriculteur bio, l'autre, utilisateur, est présenté comme « accroc » au glyphosate qui doit se justifier sur un fond musical anxiogène. Tout cela est mis en scène et très malsain.
>> Vous avez reçu le soutien des agences de l'Etat sur le sujet ?
Un grand silence. Telle est l'attitude des pouvoirs publics.
L'ANSES est inaudible et le ministre, qui venait pourtant de déclarer à l'occasion de ses voeux vouloir lutter contre l'agri-bashing, d'une discrétion parfaite. Tout ce que fait l'Etat, c'est prélever une redevance audio-visuelle pour financer ce type de reportages. Et on s'étonne qu'il y ait des gilets jaunes ?
>> Que comptez-vous faire ?
Il faut saisir le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel. Qu'une chaîne privée milite, peut-être. Mais France Télévision est financée par la redevance que nous payons tous et il n'est pas normal qu'elle serve à financer des émissions qui manquent à tous les codes les plus élémentaires de la déontologie journalistique. J'invite donc tous les agriculteurs à saisir le CSA. Nous ne pouvons pas laisser cela passer. Des scores d'audience sur le dos des paysans, cela suffit.
Pour saisir le CSA _ sur internet :
www.csa.fr/Mes-services/Alertez-nous-sur-un-programme2