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Cultures
Méteil : être plus autonome vis-à-vis des intrants

Michel Dumont, éleveur laitier et de porcs en pleine Suisse-Normande, expérimente cette année le méteil grain sur 9 ha en partenariat avec la Chambre d'Agriculture. A la clé, des économies en intrants et correcteurs azotés.

A gauche, Michel Dumont, vendredi 29 juin, dans sa parcelle de méteil. Il présente les essais réalisés en partenariat avec la Chambre d'Agriculture.
A gauche, Michel Dumont, vendredi 29 juin, dans sa parcelle de méteil. Il présente les essais réalisés en partenariat avec la Chambre d'Agriculture.
© AD

Une demie dose de triticale, un quart de féverole et le restant de pois. Enfouissez la graine de fèverole par un labour peu profond (15 cm environ) en automne. Sans tarder, semez la triticale et le pois. Vous obtiendrez un méteil façon Michel Dumont. C’est la première fois que l'éleveur mijote une culture de méteil grain. Pour l’accueillir, il a choisi 9 ha de ses meilleures terres dans ce qu'il appelle “le chaudron”, cette vallée encaissée de failles de St-Rémy-sur-Orne, en plein coeur de la Suisse normande. La terre y est profonde, mais le climat est échaudant en été. En partenariat avec la chambre d'agriculture, il a testé la recette, en faisant varier les variétés de fèves et de pois. Malgré des températures hivernales descendant jusqu'à – 12 °C cet hiver, les légumineuses ont tenu le coup.


Viser zéro traitement.“Je me dirige vers la culture de méteil, en vue de continuer à augmenter l'autonomie de mon exploitation vis-à-vis des intrants (soja, azote et produits phytosanitaires NDLR), détaille Michel Dumont. Au départ, je ne devais faire aucun traitement sur la parcelle, hormis le désherbage. Mais j'ai quand même réalisé un fongicide pour sauver les féveroles atteintes d'anthracnose et de botrytis, vu la pression en maladies. Pour combler mon déficit en protéines, j'ai déjà travaillé avec pas mal de légumineuses différentes. Aujourd'hui, avec le méteil grain, j'aimerais obtenir un aliment équilibré à donner aux porcs comme aux vaches. Mon lait ne sera pas payé plus cher, mais à 500 € la tonne de tourteau de soja, il est de plus en plus coûteux de corriger les rations, et je ne pense pas que cela s'améliore. En revanche, je valorise l'adoption d'une alimentation locale pour la vente des porcs que je distribue moi-même à 70 % dans les boucheries des environs. Je crois beaucoup à l'économie locale”.


Tout miser sur les nodosités. Malgré de faibles reliquats azotés laissés par le précédent maïs, Michel n'a pas apporté d'azote, ni de fumure sur la culture. “En sortie d'hiver, nous avons hésité, se souvient Gérard Bavière, conseiller de la Chambre d’Agriculture du Calvados - le triticale n'était pas très beau - mais on a bien fait de ne pas le faire. En culture de méteil, il faut savoir attendre, notamment que la fixation de l'azote de l'air par les légumineuses, via les nodosités, puisse profiter aux graminées”. La patience sera également de rigueur à la moisson. Il faudra attendre que les espèces les plus tardives soient à maturité, avant de moissonner. Il faudra régler la machine pour les plus petites graines, c'est-àdire le triticale. Il se peut qu'il y ait de la casse pour les grains de féverole. “Cela ne me dérange pas, au contraire, ce sera cela de moins à écraser pour préparer l'aliment, anticipe l’éleveur. Si les conditions météo ne permettent pas de récolter les grains suffisamment secs, je n'hésiterai pas à récolter les grains humides pour les conserver par inertage en boudin”. Ensilage de blé, cultures dérobées, inertage, ... Sur ses terres particulières de Suisse-normande, Michel est habitué aux plans B pour ses cultures. Il n'exclut pas d'ensiler également le méteil, comme fourrage de secours

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