Moisson 2020 : l’Orne bat les mauvais chiffres
La récolte 2020 sera certainement l’une des deux plus mauvaises de ces 20 dernières années. Cela cache cependant de grandes disparités, notamment du côté du blé, où certains agriculteurs limitent la casse. Mais, pour de nombreux autres, elle est pire qu’en 2016.
La récolte 2020 sera certainement l’une des deux plus mauvaises de ces 20 dernières années. Cela cache cependant de grandes disparités, notamment du côté du blé, où certains agriculteurs limitent la casse. Mais, pour de nombreux autres, elle est pire qu’en 2016.
Les élus de la Chambre d’agriculture de l’Orne se sont réunis en assemblée plénière le 17 septembre dernier en présence de Françoise Tahéri (préfète). Entre un point budgétaire sur les comptes de la Chambre consulaire et une étude d’impact de la Covid sur la filière laitière, un large focus a été porté sur la moisson 2020. Pas de quoi se remonter le moral avec un très mauvais cru, plus particulièrement dans le Perche.
Le Perche à la peine
Et c’est Xavier Goutte qui a fait parler les chiffres (voir tableaux). « L’année climatique a presque été défavorable du début à la fin », a avancé comme première explication le responsable agronomie-productions végétales de la Cran (Chambre régionale d’agriculture de Normandie). Pluviométrie excessive lors des semis avec 150 à 200 mm d’eau (le double d’une année normale) du 1er octobre au 4 novembre sur tout le département sauf dans le nord du pays d’Ouche, le double de pluie hivernale sans gel matinal pour détruire les ravageurs du 1er décembre au 20 février... Entre autres conséquences : les premiers signes de virose vers la mi-mars alors qu’auparavant, les colzas (levée tardive) avaient été dévastés par les larves d’altises. Puis une forte sécheresse de 6 semaines entre le 15 mars et le 26 avril « Trop d’eau pendant 6 mois, pas assez ensuite... La durée de montaison a été trop courte (moins 20 jours par rapport à une année normale) mais le truc le plus fou c’est l’évapotranspiration » a synthétisé Xavier Goutte. Les effets du réchauffement climatiques sont bien là avec cependant une autre conséquence que l’on n’attendait peut-être pas : l’effet de l’évapotranspiration sur les rendements en paille. La stabulation ornaise en manque terriblement ce qui n’est pas sans conséquence sur les cours. Et Xavier Goutte d’avancer : « la paille est une ruine. Je suis inquiet quant à l’avenir du modèle d’élevage avec paille dans l’Orne ». Reste que la météo n’est pas responsable de tous les maux. Et Jean-Pierre Prévost de dénoncer le problème des impasses techniques qui sont du ressort des pouvoirs publics. En d’autres termes, disposer d’une alternative avant d’interdire une molécule. Les betteraves, sucrières ou fourragères, font cas école.