" Nous attendons la fin de la campagne de prophylaxie pour définir la prochaine carte"
À mi-chemin entre deux campagnes de prophylaxie tuberculose bovine, l’heure est aux premières conclusions, non définitives. Certains élevages, qui pensaient sortir de la zone, risquent d’être prolongés. Quetions à Raphaël Fayaz-Pour, directeur départemental de la protection des populations.
À mi-chemin entre deux campagnes de prophylaxie tuberculose bovine, l’heure est aux premières conclusions, non définitives. Certains élevages, qui pensaient sortir de la zone, risquent d’être prolongés. Quetions à Raphaël Fayaz-Pour, directeur départemental de la protection des populations.
>> Quelles sont les premières conclusions issues de la campagne de prophylaxie 2020-2021 ?
Dans le département, trois zones de prophylaxies renforcées sont définies depuis 2018 et arrivent à leur terme : autour de Saint-Lô, autour de Coutances et dans le nord-est du département. Cela concerne 320 cheptels. Lors des deux campagnes précédentes (2018-2019 et 2019-2020), aucun foyer n’a été détecté. À date (mercredi 4 août 2021), la surveillance 2020-2021 n’a révélé aucun cas. Mais la campagne, même si elle est administrativement close depuis le 30 avril, n’est pas achevée. Un peu plus d’un tiers de la cinquantaine de cheptels qui n’avaient pas réalisé la tuberculination fin avril est à jour. Les éleveurs ont été relancés avec mise en demeure de réaliser leur IDC. Nous devons donc attendre l’intégralité des résultats pour définir la prochaine carte départementale de prophylaxie. Il est convenu avec la DGAL que si aucun nouveau foyer n’est révélé au bout de trois ans, la campagne actuelle peut s’arrêter. La décision ne pourra être prise par le préfet que quand nous aurons tous les résultats.
>> Un nouveau foyer a été découvert dans le secteur de Lessay. Qu’en est-il ?
L’animal a été suspecté en abattoir et confirmé positif en février. Le cheptel était en dehors des ZPR. L’élevage a été placé sous arrêté préfectoral de déclaration d’infection (APDI) et les 215 bovins laitiers ont été abattus. L’éleveur a suivi toutes les opérations de désinfection. Le cheptel est en cours de reconstitution. Une nouvelle zone de prophylaxie renforcée sera précisément déterminée dans un rayon de deux kilomètres autour du cheptel, pour les animaux de plus de vingt-quatre mois. Cela concerne une cinquantaine d’élevages. En parallèle, les services de l’État organisent des recherches sur les animaux sensibles de la faune sauvage (sangliers, cerfs, chevreuils, blaireaux, NDRL) : soit de façon programmée, en échantillonnant par exemple les blaireaux, dans une zone à risque ; soit de manière non programmée en ramassant les animaux morts au bord des routes. La surveillance de la tuberculose avec le réseau Sylvatub est basée sur la coordination de l’Office français de la biodiversité (OFB) en en lien avec la fédération des chasseurs.
>> Comment le foyer découvert dans le Calvados impacte-t-il la Manche ?
La Manche adopte la même approche épidémiologique que le Calvados pour ce cas précis, où le contexte sanitaire n’est pas favorable. On a découvert un fort taux de positivité à l’abattoir : 55 bovins à lésions lors de l’abattage total des 173 bovins, dont 3 en saisie totale pour tuberculose et 18 avec PCR positives à Mycobacterium bovis. Une ZPR de prospection d’un rayon de 10 km autour des parcelles pâturées du foyer a été décidée. La souche présente est une souche que l’on trouve en Angleterre. Il faut aussi prendre en compte la proximité avec la forêt de Balleroy, qui abrite une faune sauvage sensible à la maladie. Dans la Manche, une partie des communes qui entre dans la ZPR liée à ce cas sort tout juste de trois ans de prophylaxie.
>> Les éleveurs de la ZPR de Saint-Lô repartent donc à zéro ?
On ne peut pas donner de liste pour le moment, tant que la campagne 2020-2021 n’est pas terminée. Les noms des communes concernées seront publiés à l’ouverture de la campagne, fin octobre, par arrêté préfectoral. Nous organiserons des réunions d’information régulières avec les éleveurs, les vétérinaires et le GDS.
Réaction d'Hervé Marie président du GDS
« Pour le cas de Millières, le rayon de deux kilomètres est validé. Pour le cas du Calvados, on nous impose une ZPR de 10 km. Cela va concerner plus d’une centaine d’exploitations. Des élevages, qui étaient depuis trois ans dans la ZPR de Saint-Lô et où nous n’avons jamais rien détecté, vont se trouver dans la nouvelle zone. Comment va-t-on leur expliquer qu’il faut tout recommencer ? La moindre des choses, ce serait une dérogation. Je comprends qu’il faille lutter contre la maladie, mais la Manche n’est pas le département le plus contaminé et ce n’est pas la souche historique du Calvados qui a été détectée. Il ne faut pas oublier que les éleveurs y passent du temps, il faut rattraper toutes les bêtes, avoir la contention. Il y a aussi une question économique. J’aimerais que nous les prenions davantage en considération. »