Interview
Antoine Saussais, responsable environnement de JA 61" Nous sommes tous concernés par l’environnement dans nos exploitations "
Antoine Saussais, 23 ans, est salarié d’une entreprise de travaux agricoles et aide familial dans l’exploitation de son père et de son frère, dans le canton de Vimoutiers. Il succède à Emmanuel Bloyer et devient responsable de la commission environnement.
Antoine Saussais, 23 ans, est salarié d’une entreprise de travaux agricoles et aide familial dans l’exploitation de son père et de son frère, dans le canton de Vimoutiers. Il succède à Emmanuel Bloyer et devient responsable de la commission environnement.
>> Antoine Saussais, qui êtes-vous ?
Je suis le fils d’un agriculteur et d’une infirmière. Mon père est installé à Guerquesalles avec mon grand frère, en polyculture élevage. En ce moment, je suis aide familial sur l’exploitation et je travaille dans une ETA. J’ai suivi un bac STAV à Sées et un BTS productions végétales au Robillard. Après mes études, j’ai été salarié agricole dans plusieurs exploitations, toujours dans le canton de Vimoutiers. Mes expériences m’ont permis de voir différents systèmes d’exploitation, petits et grands, avec ou sans robot de traite, production de gaz, de viande, avec des conduites plus ou moins économes. Maintenant, j’aimerais m’installer. Je cherche un agrandissement pour m’installer mais les occasions sont peu nombreuses.
>> Comment avez-vous commencé les JA ?
J’ai fait mes premiers concours de labour à 15 ans. Mon frère et ma sœur étaient JA du dans le canton, j’y suis allé aussi. J’ai participé à la préparation de la Fête de la terre en 2015 quand le canton de Vimoutiers l’organisait. J’en suis administrateur depuis trois ans. Nous sommes sept dans le canton, nous avons du mal à impliquer les jeunes. Je suis entré au bureau départemental il y a trois ans, ainsi suppléant dans la commission environnement. J’en suis maintenant responsable. Je trouve important que les jeunes soient représentés, pour que les dossiers avancent ou au moins ne s’aggravent pas.
>> Par exemple ?
Les zones de non-traitement. Nous devons être présents pour défendre l’abaissement à 3 m, ne pas les perdre à l’avenir, car des associations voudront encore plus. Je pense aussi aux cours d’eau, dont la cartographie est en cours de validation. L’Orne a un grand réseau hydrographique, les agriculteurs de chaque secteur doivent envoyer leurs demandes et déclarer toute anomalie de cartographie à la DDT. Plus généralement, je défends tous les systèmes, du bio à l’intensif, les céréaliers, les polyculteurs, les éleveurs. Nous avons besoin de tout le monde.
>> Que mettez-vous d’autre dans la commission environnement ?
L’environnement évolue tout le temps, nous sommes tous concernés dans nos exploitations. Je pense aux problématiques d’utilisation des produits phytosanitaires, en lien avec la commission végétale. L’environnement au sens large ne concerne pas que le siège de la ferme. Mais touche tout ce qui se trouve autour : les accès aux parcelles, la voirie, la circulation des engins. Je pense que les fermes devront aussi faire leur bilan carbone à l’avenir, quand les méthodes de calcul seront adéquates. Le dossier drainage et sa simplification font aussi partie de la commission.
>> Que pensez-vous de la production d’énergies vertes ?
La méthanisation a une mauvaise image. Les riverains de gros projets n’acceptent plus les allers-retours des tracteurs.
L’Orne compte beaucoup d’unités. C’est une production intéressante, car elle permet de faire plus d’essais de cultures qu’en conventionnel, mais n’oublions pas nos cultures principales. En ce qui concerne le bois déchiqueté, je pense que c’est une bonne valorisation des haies, le travail est peu chronophage et moins pénible grâce à la mécanisation, mais la filière n’est pas structurée.
>> Que souhaitez-vous mettre en place dans votre mandat ?
J’aimerais organiser une ou deux réunions par an, en invitant un intervenant afin d’attirer du monde et d’ouvrir le débat. Cette année, il n’y en a pas eu à cause de la Covid-19. J’aimerais aussi avoir des remontées du réseau pour connaître les problèmes récurrents : par exemple ceux de voisinage, qui sont de plus en plus fréquents. Nos voisins sont des consommateurs. Si on veut qu’ils nous défendent, nous devons leur ouvrir les portes de nos exploitations quand nous en avons la capacité.