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Nouveau SCoT de Caen métropole : questions à Joël Bruneau

Pour le maire de Caen, plus qu’une réduction des terres consommées, le SCoT représente un changement culturel.

Joël Bruneau maire de Caen et président du syndicat Caen métropole
Joël Bruneau maire de Caen et président du syndicat Caen métropole.
© CAEN

>> L’objectif du SCoT, c’est un maximum de 94 ha de terres agricoles ou naturelles prélevées chaque année (sur un territoire de 110 000 ha). Est-ce un objectif ambitieux ?
Il y a une forme d’exigence puisque c’est un document prescriptif qui a une incidence sur les PLU, PLUI et les permis de construire. Par rapport au SCoT précédent qui avait déjà réduit les possibilités, cela représente une réduction de 37%. C’est un changement culturel. On considère désormais que l’étalement urbain n’est pas l’alpha et l’oméga du territoire. Cette ambition se confronte à des édiles qui veulent des lotissements, mais aussi aux citoyens. Ils sont d’accord pour qu’on diminue la consommation d’espaces, mais ils veulent une maison avec un jardin, à la campagne. Avec les services de la ville et sans les inconvénients de la campagne. On est au cœur de nos paradoxes et de nos ambiguïtés.


>> Le document évoque les friches industrielles, les dents creuses. Ils ne suffisent pas ?
Nous les utiliserons en priorité. La densification sera privilégiée pour éviter de percuter davantage les zones agricoles et naturelles. Si on a besoin de logements supplémentaires, il faudra trouver en priorité une réponse là où il y a déjà des services et arrêter la spirale qui consiste à créer d’abord les logements puis les services nécessaires. Le sujet, c’est de réduire le coût d’une réhabilitation de friche industrielle. Par exemple, la démolition d’un immeuble de 120 logements situé à Caen s’élève à 3 millions d’euros, en raison du coût du désamiantage. C’est bien moins cher de construire sur un terrain nu. Même si on souhaite limiter le plus possible la consommation de terres nues, nous ne possédons pas énormément de friches industrielles, par rapport au bassin de la Seine, par exemple. Aussi, nous avons besoin d’un minimum d’espace pour nous développer.

>>  N’y a-t-il pas un trop fort déséquilibre entre un développement urbain renforcé et un monde rural sans perspective d’extension ?
On table sur une création moyenne de 1 500 à 2 000 emplois dans l’agglomération caennaise. Il est prévu de les loger près du bassin d’emploi. 55% des logements de Caen la Mer seront réalisés sur des terres occupées. Par ailleurs, on sait que la démographie est en baisse. A Caen, depuis deux ans, on perd cent enfants en maternelle chaque année. La natalité française est en baisse. Il va falloir s’habituer à avoir moins d’enfants dans les écoles.
Le dynamisme rural, de mon point de vue, ne consiste plus à faire grossir les communes, mais à préserver au mieux son habitat et son environnement. En Normandie, nous avons un habitat riche et une qualité paysagère, c’est ça l’attractivité de notre territoire. Il faut sortir du formatage qui consiste à dire qu’un bon maire est celui qui augmente sa population.

>> Comment voyez-vous le territoire en 2040, dans 20 ans, qui est la période d’application du SCoT ?
Ce projet de territoire va prendre en compte cette dimension de préservation des terres agricoles dans un mouvement de préservation de l’environnement. Selon moi, notre territoire a la chance de concilier une vraie dynamique sur le plan économique, grâce à son pôle d’enseignement et de recherche, et sa qualité de vie exceptionnelle, avec l’accès au littoral. Nous devons conserver ces deux aspects, l’un ne va pas sans l’autre. Nous devons arrêter cette course à l’habitant et viser un développement harmonieux du territoire.


>> Si la démographie est en baisse, comment comptez-vous continuer à rendre le territoire attractif ?
Notre ambition est d’attirer des franciliens qui veulent échapper à l’Ile-de-France. Il faut de l’emploi et une qualité de vie préservée. Nous devons réfléchir différemment. Pour les petites communes, il faudra sans doute davantage de coopération avec les communes voisines pour partager les écoles.

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