Guerre du lait
Olivier Chaventré : l’affaire de tous et pas celle de “toujours les mêmes”
Jeunes agriculteurs à Bernières-le-Patry (14), Olivier Chaventré appelle à la mobilisation de tous les producteurs de lait. “Savoir se mobiliser quelques heures pour obtenir un lait mieux payé tout au long de l’année”, résume-t-il.

Olivier Chaventré s’est installé le 1er juillet 2005 à Bernières-le-Patry sur une exploitation de polyculture/élevage de 83 ha. Seul à la tête de son troupeau laitier doublé d’un atelier taurillon, ce n’est pas le travail qui lui manque. Il a cependant pris de son temps pour participer au mouvement syndical orchestré par la FDSEA et les JA du Calvados contre l’industrie laitière et la grande distribution. Les enjeux sont de taille.
Perdre du temps pour gagner de l’argent
“Il faut savoir perdre un peu (ndlr: du temps) pour gagner. Cette mobilisation d’une à deux journées pendant la semaine et en marge des négociations sur le prix du lait peut nous rapporter de l’argent”. Olivier Chaventré invite chacun de ses homologues à plonger son nez dans la paie de lait “d’autant plus qu’on ne sait même pas combien on sera payé en octobre”. Pour ce responsable cantonal JA (Jeunes Agriculteurs) et partant du principe qu’un mauvais accord vaut mieux que pas d’accord du tout : “il va falloir y aller”. Y aller “tant qu’on a la force de se battre”, insiste-t-il. Les enjeux sont de taille. Reconnaissant la bonne tendance conjoncturelle amorcée en 2007, Olivier Chaventré réclame non seulement son dû mais aussi une rémunération de son travail qui tienne compte de l’envolée du prix des intrants (énergie, engrais, aliments...). “Ce qu’on nous propose aujourd’hui, c’est quasiment 30 % de baisse. Qui peut l’accepter ? Notre métier n’est pas un loisir qui doit nous coûter de l’argent!”.
Regretté Modal’Prix
Comment et pourquoi en sommes-nous arrivés là ? “C’est la fin du Modal’Prix qui a foutu la mer(...)”, juge Olivier Chaventré. La note de la DGCCRF remettant en cause les préconisations concernant l’évolution du prix du lait a donc ouvert la porte d’une dérégulation non contrôlée. Entremont s’est engouffré dans la brèche, et sans réaction forte des producteurs de lait, les autres vont lui emboîter le pas. “Nous sommes confrontés à un grand problème de lisibilité. Comment mener une politique à long terme quand on ignore tout du court terme ? Faut-il investir et si oui à quelle hauteur ?”. Autant de questions que se pose Olivier pour lui et pour ses pairs.
Là par contre où il n’a pas de doute, c’est que les industriels du lait “se servent de notre pognon pour accorder des ristournes à la grande distribution.”
Animé par l’envie de se battre et de faire valoir ses droits, Olivier Chaventré pense “qu’il faut taper encore plus fort du poing sur la table”. Entre deux traites et même si ça complique forcément son quotiden, il reste mobilisé. “Et c’est l’affaire de tous”, lance-t-il en guise de conclusion.