Chaulage et fertilisation phosphopotassique des prairies permanentes
Pack’Herbe : un premier bilan révélateur
Dans le contexte technico-économique spécifique de la Normandie et compte-tenu des tensions durables sur les coûts de l’alimentation animale et des engrais, les prairies permanentes ne doivent pas être négligées. Mais une meilleure valorisation de l’herbe et l’amélioration de son potentiel passe par une optimisation de ses conditions de production.




Intensifier la production d’herbe en augmentant la fertilisation azotée n’est pleinement efficace et rentable que si le pH du sol permet l’expression du potentiel et si l’offre alimentaire en K et P reste non limitante.
Inversement, il est souvent possible de limiter, voire supprimer l’apport en P ou K et de reporter cet investissement sur le chaulage, encore trop souvent délaissé sur les prairies permanentes.
Raisonner et ajuster chaulage et fertilisation PK avec le diagnostic PACK’HERBE
Présenté dans ces même colonnes en avril, le diagnostic PACK’HERBE, proposé par le LANO, associe une analyse NPK sur l’herbe et une analyse du pH du sol des prairies. Les analyse de l’herbe sont traduites en indices iP et iK, ce qui, associés à la connaissance du niveau d’intensification (fumure azotée) et du mode d’exploitation (pâture, fauche ou mixte), permet d’ajuster les niveaux d’apports en P et K. La mesure du pH du sol permet de définir les éventuels besoins en amendements basiques.
Une centaine de prairies suivies en 2008
Près d’une centaine de prairies, réparties dans toute la Normandie, ont fait l’objet cette année d’une analyse d’herbe ou d’un diagnostic complet PACK’HERBE.
Tous les types de sol ou de mode d’exploitation sont représentés. Les niveaux d’intensification sont très majoritairement faible à moyen, soit au maximum 200 unités d’azote apportées par hectare et par an.
Nous pouvons en tirer un premier bilan, assez révélateur des priorités en termes de facteur limitant ou d’économies sur les prairies.
Le pH est souvent trop faible
Si environ 45% des prairies montrent un pH rendant inutile tout chaulage sur le long terme (pH≥6.7, sols en général calciques ou calcaires), plus d’un quart présente un pH acide ou très acide, situations pour lesquelles le potentiel de production et la qualité botanique sont affectés et nécessitant un chaulage urgent. Les 28% restant correspondent à des situations où le chaulage sera nécessaire à moyen terme.
Sols riches en phosphore… des économies possibles !
Près de 90% des diagnostics réalisés en 2008 montrent des prairies très bien alimentées en P2O5. Dans ces situations, une impasse en P est possible, au moins sur une durée de 2 à 3 ans, avant un nouveau diagnostic.
Pour les cas restants, la fertilisation régulière annuelle reste nécessaire.
Une seule prairie s’est révélée insuffisamment alimentée.
Mais de nombreuses situations où la potasse manque !
Inversement, les prairies sont insuffisamment alimentées en K2O dans plus d’un cas sur 3 ! Pour un mode d’exploitation en fauche exclusive, le potentiel est très nettement affecté. Dans près des 2/3 des cas, une fertilisation d’entretien est nécessaire, à un niveau d’autant plus important que l’exploitation est dominée par la fauche (niveau des exportations plus élevé). Seules 2 prairies pourraient supporter une impasse.
Adapter ses choix d’engrais
Utiliser un engrais complet riche en phosphore sera le plus souvent inadapté aux besoins d’une prairie permanente. Dans certains cas, une fertilisation de fond à base de chlorure de potassium seul sera la solution la plus performante, au plan agronomique comme au plan économique. Les fumiers, surtout s’ils sont pailleux, sont riches en potasse et donc particulièrement bien valorisés sur les prairies.
Ne pas généraliser
Ce bilan reste un constat général, mais ne peut servir de base pour une parcelle donnée. Analyser son herbe, et dans le cas des sols non calcaires, le pH de sols de prairies permanentes est la méthode la plus fiable et la moins couteuse (moins de 35€ pour un diagnostic complet PACK’HERBE), pour en améliorer le potentiel et/ou la rentabilité.