Jeunes agriculteurs/FDSEA
[EN IMAGES] Panneaux retournés : « on a besoin de soutien moral »
Plus de 500 panneaux ont été retournés par les Jeunes agriculteurs et la FDSEA du Calvados dans le département. Un mouvement contestataire pour signifier au gouvernement et à la société que l’« on marche sur la tête ».
Plus de 500 panneaux ont été retournés par les Jeunes agriculteurs et la FDSEA du Calvados dans le département. Un mouvement contestataire pour signifier au gouvernement et à la société que l’« on marche sur la tête ».
Quelle ne fut pas la surprise des citoyens calvadosiens lorsqu’au petit matin, mardi 28 novembre 2023, nombre d’entre eux ont découvert le panneau à l’entrée de leur commune, retourné. Caen, Lisieux, Bourguébus, Evrecy, Douvres-la-Délivrande ou bien Vire, Thury-Harcourt, Saint-Pierre-en-Auge…
Au total, plus de 500 panneaux se sont retrouvés la tête en bas, confirment les Jeunes agriculteurs du Calvados et la FDSEA. Suivant le mouvement national, les deux syndicats entendent dénoncer les incohérences de la politique agricole.
Lire aussi : Exclusion des bovins des IED : « la mobilisation a payé »
A la nuit tombée
Née dans le Tarn, l’opération, surnommée « on marche sur la tête », s’est très vite propagée dans tout l’Hexagone, dont les départements de la Manche, avec plus de 600 panneaux concernés, et de l’Orne avec 400 pancartes communales.
« On a trouvé l’idée géniale », confirme Antoine Bossuyt, président des Jeunes agriculteurs du Calvados. A la nuit tombée, lundi 27 novembre 2023, des groupes d’une vingtaine d’agriculteurs se sont réunis dans pour retourner les panneaux. « C’est une mobilisation forte et qui plaît, dans le sens où c’est quand même nouveau pour nous d'agir dans l'ombre », constate-t-il.
Idem côté FDSEA : « ça n’a pas été fait en groupe, mais, par-ci, par-là, des adhérents sont allés retourner les panneaux de leur commune », relate Hélène Pien, directrice de la FDSEA 14.
Lire aussi : [EN IMAGES] Directive IED : les éleveurs manifestent à Vire pour exclure les bovins
« Un ras-le-bol global »
Aucune revendication précise, ni « combat phare, mais un ras-le-bol global au niveau de notre administration. C'est toute une masse de petites choses qui se cumulent et qui nous laissent à penser qu'on marche sur la tête », résume Antoine Bossuyt.
La menace du classement des bovins en tant qu’éléments polluants au sein de la directive européenne sur les émissions industrielles, dite IED – finalement non votée par le Conseil de l’Europe mardi 28 novembre 2023 – s’est ajoutée à d’autres problématiques telles que l’obligation de présence de 4 % de jachères pour les exploitations dépassant les 15 ha (réglementation PAC) si la dérogation Ukraine n’est pas reconduite en 2024.
« Les élevages qui disparaissent, sans compter qu’on n’a pas de visibilité, par le biais de nos politiques, sur le pacte et la loi d'orientation et d’avenir agricoles » abondent dans ce sens, explique-t-il.
« On supprime des intrants, des moyens de production, notamment des molécules phytosanitaires. Alors qu’en même temps, on autorise des importations de pays où ces mêmes molécules ne sont pas interdites. On veut développer le bio, mais pas les marchés tels que les restaurations hors foyers (cantines scolaires). Bref, on fait des grands discours, mais il n’y a pas de cohérence dans les décisions », surenchérit Xavier Hay, président de la FDSEA.
Lire aussi : Panneaux retournés : « nous ne sommes pas seuls »
« On a besoin de soutien moral ! »
Beaucoup de voisins s’interrogent alors pour savoir comment aider. « Je leur réponds qu’il faut qu’ils jouent leurs rôles de consommateurs en achetant français. C'est un des meilleurs moyens de nous appuyer. […] On a besoin de soutien moral ! Il faut nous faire confiance et ne pas nous dénigrer », déclare Antoine Bossuyt.
Depuis le retournement des panneaux, plusieurs élus locaux ont manifesté leur désir d’échanger avec les JA et la FDSEA. « On attend que les actes du gouvernement suivent les discours, qu’on n’en reste pas aux intentions », conclut Xavier Hay.