Parole de jeune agriculteur : bottes au pied ou casque sur la tête
Fils et petit-fils d’agriculteur, François-Gabriel Barbedette vient de chausser les bottes de son premier emploi comme vacher de remplacement chez Francis Malle. L’éleveur, en effet, s’est blessé en juin dernier. François-Gabriel allie, lui, pour l’été son emploi saisonnier et sa passion du vélo.

llll François-Gabriel Barbedette, 18 ans et demi, n’a pas voulu rester l’été à ne rien faire. Lui qui connaît le monde agricole pour y avoir grandi, a voulu y travailler. Alors, il a envoyé sa candidature à l’Association remplacement des agriculteurs de la Sée en se rendant disponible du 1er juillet au 31 août. Une candidature qu’il avait travaillée dans le cadre de sa formation de DUT Génie biologique qu’il suit depuis l’année dernière à Saint-Brieuc.
Blessé à la main
Il a débuté à quelques pas de chez lui, chez Francis Malle, agriculteur installé à Juvigny-le-Tertre. Ce dernier s’est blessé à la main à la mi-juin, rendant la traite impossible. Il est resté hospitalisé une journée pour une opération en ambulatoire. Depuis, la traite reste une difficulté majeure. Son frère l’a aidé. Un premier vacher de remplacement est venu en dépannage d’un autre secteur. Mais cette situation ne pouvait être que temporaire. Quand Vincent Barbedette, papa de François-Gabriel a pris des nouvelles de son voisin, avec qui il avait l’habitude de s’entraider aux corvées agricoles, il a proposé les services de son fils. « Et j’ai commencé le 25 juin au soir » sourit François-Gabriel.
Remplacé un mois par an
Cette solution rend service à l’agriculteur et au jeune salarié. « Ce n’est pas facile de trouver quelqu’un » reconnaît l’éleveur. Avoir François-Gabriel est « vraiment une chance. C’est quelqu’un de sérieux. Ça remonte le moral » ajoute-t-il. Si c’est la première fois qu’il fait appel au service de remplacement pour accident, il l’utilise au cours de l’année lors des périodes chargées comme les ensilages, ou le nettoyage de la porcherie, à hauteur d’un mois par an.
Jamais trait seul
Pour François-Grabriel, c’est un premier poste. Il avait déjà trait avec son père. Mais jamais « tout seul » indique-t-il. Pour autant, il n’avait pas vraiment d’inquiétudes en rejoignant François Malle. Le premier soir, l’agriculteur est resté avec lui pour lui montrer le travail, et les spécificités de l’exploitation. Chez Francis Malle, François-Gabriel consacre près de 5 h par jour. Le matin, après la traite, il donne les aliments aux vaches et aux taurillons. Le soir est dédié à la traite. Et ce jusqu’au 14 août, date de la fin de l’arrêt pour Francis Malle.
La mise en route
Tous les matins,le jeune se lève de bonne heure. A 6 h 45, il est dans la salle de traite. « Le plus dur, c’est la mise en route » admet-il. Cependant il va travailler avec le sourire aux lèvres. Ce qui est le plus plaisant ? « Se lever le matin en entendant les oiseaux chan-ter » répond-il, « et le salaire » ajoute-il. En recevant son premier bulletin de salaire qu’il attendait avec impatience, pour ces cinq jours de juin, François-Gabriel a exulté. « J’avais calculé. Mais j’ai eu plus que je ne pensais. Ça vaut le coup de se lever de bonne heure » assure-t-il.
En selle tous les jours
Sa journée n’est pas uniquement rythmée par la traite. Ce jeune homme est passionné de cyclisme. Il est inscrit au Vélo club de Saint-Hilaire-du-Harcouët depuis quatre ans. En rentrant de son travail vers 10 h, il enfile son maillot et part sur les routes s’entraîner. Objectif : disputer pas moins d’une trentaine de courses annuellement. Aujourd’hui, il a plus de 4 500 km au compteur. Son meilleur souvenir reste sa première victoire à Céaux, il y a quelques semaines. « L’année dernière, j’arrivais en 2e, 3e, 4e place. Cette année, j’ai réussi à atteindre la première marche du podium » confie-t-il avec fierté. Si les victoires sont importantes, François-Gabriel le fait avant tout « pour m’amuser », notamment avec son frère, Pierre-Emmanuel.
Assidu au Tour de France
Le VCH est aussi le club de Mickaël Chérel, coureur de l’équipe AG2R du Tour de France, qui s’est illustré notamment dans la 19e étape, rejoignant Albertville à Saint-Gervais Mont Blanc. Il a participé activement à la victoire de son coéquipier, Romain Bardet. François-Gabriel Barbedette était devant son poste pour savourer cette première victoire française. Et lors du passage de la 3e étape, sur ces terres, Mickael Chérel est sorti du peloton pour être encouragé par les licenciés du club. Un moment que le jeune cycliste n’oublie pas. Le vélo fait partie du quotidien du jeune salarié. Bien entendu, sa passion va le poursuivre pendant sa 2e année de DUT en septembre. Il laissera les bottes. Mais de là à retrouver la salle de traite, rien n’est impossible. Après son DUT, il ne s’est pas encore projeté. Peut-être qu’un jour il rejoindra l’exploitation familiale, tenue par ses grands-parents, Gabriel et Agnès, puis aujourd’hui par Vincent et Brigitte. « Pour le moment, je suis encore jeune » conclut-il.