Les OGM en question
Pascal Férey, "une étude trop à charge"
Pascal Férey, président de la FDSEA, n’a pas pour habitude de contester les études scientifiques, celle du professeur Séralini le laisse pourtant perplexe. « Je la trouve trop à charge ; elle est financée par la grande distribution et surtout M. Séralini ne prend pas toutes les précautions vis-à-vis de ses pairs. Aujourd’hui, il refuse même de répondre à l’Agence Européenne".
"Si cette étude a un intérêt majeur, sa validation doit être effectuée par un collège de scientifiques. Franchement, je pense qu’il s’agit avant tout d’une action militante du professeur Séralini, déjà fort connu pour ses éclats contre les OGM".
Concernant la position de la FDSEA de la Manche sur les OGM, Pascal Férey lance, “je ne sais pas si les OGM de 1ère ou 2è génération ont un intérêt pour l’agriculture. Par contre, il faut continuer la recherche en direction du progrès scientifique. Nos anciens ont fait pendant des siècles de la sélection. Nous sommes au bout de cette sélection. Il faut aller sur les biotechnologies. Le passage obligé semble les OGM. Ce que je regrette, en France comme en Europe ? Un débat OGM pollué par de une mauvaise politique qui nous fait prendre du retard. Les Pouvoirs Publics n’ont jamais pris leur rôle à cœur, déléguant aux firmes semencières le soin de travailler sur le sujet. Qu’attendent l’INRA et le CEMAGREF pour reprendre le sujet en main dans le cadre d’une recherche publique capable de trancher sur l’intérêt ou pas d’un OGM ? Aujourd’hui, nous sommes sur un débat partisan, un débat qui renvoie aux plus mauvaises heures du progrès scientifique. Cela ne grandit pas ce débat, à tel point que des firmes, à l’instar de Limagrain, ont quitté le sol français pour s’installer aux USA”.Faire consommer aux animaux des produits susceptibles de contenir des OGM et dans le même temps s’interdire de les produire laisse, là aussi, perplexe nombre d’agriculteurs. « Si demain, on trouve des plantes résistantes aux herbicides, à la sécheresse, quels progrès pour la science ». Et de conclure sur un exemple, celui d’un riz adapté aux eaux saumâtres, pour des pays comme le Sahel. « Voici une vingtaine d’années, les scientifiques étaient dans la dernière ligne droite, prêt à réussir. 0r, à l’époque, José Bové, moins sage qu’il ne l’est aujourd’hui, à la tête d’un groupe d’agriculteurs a saccagé les essais. Plus tard, j’ai rencontré l’Ambassadeur de Jordanie qui m’a indiqué : en Afrique ou au Moyen-Orient, les gens ne se posent pas la question si les OGM sont bons ou pas. Ils meurent de faim et ne demandent qu’une chose :donnez-nous une chance de manger ».